ActualitésDOSSIERS :: Procès Vincent Dabilgou : "Tout le malheur de mon client est d’avoir choisi (…)

"Détournement de deniers publics, financement occulte de parti politique, blanchiment de capitaux et enrichissement illicite", voilà les infractions pour lesquelles l’ex ministre des transports, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière a écopé d’une peine d’emprisonnement de onze ans dont sept ferme, ainsi que le paiement d’une amende de 3.175.858.462 fcfa. Ses conseils, comme depuis le début du procès (en première instance) clament haut et fort son innocence dans cette affaire. Et si le procureur a requis que soit infirmé le jugement pour enrichissement illicite car n’étant pas poursuivi pour ce fait, ses avocats eux, réclament l’annulation de ce jugement et la relaxe de leur client.

"Même sans lire le jugement que vous avez en face de vous, vous devez l’infirmer parce que le juge s’est comporté en autorité de poursuite et en autorité de jugement. On y voit clairement des infractions qui ont été ajoutées alors que les prévenus n’ont pas été poursuivis pour cela. En matière pénale, les déclarations d’un prévenu ne peuvent pas servir de preuve contre un co-prevenu. Mais beaucoup de choses me laissent croire que Séré a trouvé les moyens de se défendre, en rejetant la faute sur le ministre et en disant tout le temps que c’est son patron qui lui a dit de faire telle ou telle chose." Tels sont les mots de Me Seydou Yamba, au début de sa plaidoirie pour défendre Vincent Dabilgou. Pour lui, son client est aujourd’hui victime du trop plein de confiance, placée en la personne de son Directeur administratif et financier (DAF), Jean Gabriel Séré. "Tout le malheur de M.Dabilgou est d’avoir choisi un DAF qu’on lui a proposé" a-t-il révélé.

En terme d’acte matériel, les avocats de l’ex ministre disent n’avoir rien noté depuis le début de ce procès. "Aucune preuve matérielle n’a été trouvée, depuis le jugement en première instance. Le parquet général le sait très bien. C’est pourquoi il a préféré nous servir un cours magistral sur l’administration de la preuve au lieu de dire quelle est concrètement la preuve qui peut être retenue pour la culpabilité de M. Dabilgou... Que ce soit pour les contrats passés avec Ildo Oil et Green Energy, les chèques signés pour les retraits à ECOBANK, ou encore les bordereaux de virement, le signataire à toujours été le DAF Séré. M. Dabilgou n’a jamais été signataire. A la date d’aujourd’hui, il doit toujours douze motos qu’il n’a pas encore payés. Mais comment se fait il que lui qui est accusé de tous ces faits, n’ait pas encore remboursé douze motos, alors que son DAF possède à lui seul, cinq sociétés, et cela n’offusque personne ?", s’est interrogé Me Kaboré.

Concernant l’infraction de détournement de deniers publics, les avocats du prévenu estiment que ces fonds n’ont jamais servi à sa personne. "Aucun témoin ! Ni en enquête préliminaire, ni en première instance, ni devant votre Cour, n’a affirmé que les fonds ont été utilisés pour le ministre ! Même Té Mamou dans ses explications, qui dit avoir constaté des irrégularités au moment des faits, a clairement dit qu’elle n’a pas vu ces fonds détournés, être utilisés pour le compte du ministre. Et jusqu’à l’heure actuelle, aucun faisceau d’indice ne pointe pour dire que ces fonds ont été utilisés pour le compte du ministre", a plaidé son avocate, avant de poursuivre en ces termes : "je ne comprends pas cette manière de raisonner où on dit que le DAF doit toujours rendre compte au ministre et que c’est de lui que Séré recevait les ordres. Pour moi, je pense que le DAF a même un pouvoir supérieur à celui du ministre, au regard de l’argent qu’il dispose par devers lui. S’il dit que l’argent ne sort pas, l’argent ne sortira pas ! Même si un décaissement est ordonné par le ministre, si cela ne cadre pas avec l’orthodoxie du métier, il refuse de le faire. C’est ce que je sais du travail du comptable, et cela, jusqu’à preuve du contraire."

Le verdict est attendu pour ce 26 août 2024.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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