C’était les vacances. Avant de s’en aller de chez son logeur qui était un ami intime de son grand-père, Jean dit à ce dernier : "Mon grand-père m’avait dit la dernière fois quand j’étais allé au village de vous dire, que si telle était votre amitié, cela ne valait pas la peine". Le vieux Tiga resta coi en recevant le message de la part de cet orphelin à lui confié.
Il avait reçu le message cinq sur cinq surtout qu’il l’avait dit en langue vernaculaire. L’affaire devenait sérieuse et il lui fallait rejoindre son vieil ami pour dissiper tout malentendu.
Nous étions sur le champ de combat pendant la deuxième Guerre mondiale. Le régiment des tirailleurs dont faisaient partie nos deux amis avait subi des revers. Le vieux Noaga avait porté secours à son copain Tiga qui était gravement blessé. Il l’avait sauvé in extremis car à l’endroit où il était couché venait d’exploser un obus. Les autres replient et il faisait nuit. Noaga réussit à rejoindre une ferme où des soins furent administrés à Tiga. Après sa guérison, Tiga et Noaga deviennent des intimes et ne se quittaient plus. Leurs villages étaient distants d’une trentaine de kilomètres.
A leur retour, cette amitié se consolida plus car Tiga avait conté l’histoire à sa famille qui donna à Noaga une fille pour épouse. Noaga eut un fils qui mourut par suite de morsure de serpent en lui laissant un orphelin. Comme il n’y avait pas d’école dans leur village, Noaga expédia son petit-fils chez son ami Tiga où il y avait une école. Le petit-fils du nom de Jean y fréquenta jusqu’à son CM2 et était devenu robuste. Blessé de guerre, Tiga avait une pension constante et s’offrait de temps à autre une jeune épouse. L’une d’entre elles lui donna un enfant fainéant qui refusait d’aller entretenir le jardin, laissant la tâche à Jean. Une veuve, épouse d’un des frères de Tiga s’occupait de Jean que les autres femmes négligeaient.
Un jour, la mobylette du directeur d’école tomba en panne. L’ami infirmier qui possédaient les clés pour qu’il puisse se dépanner se trouvait dans le village d’où Jean était originaire. Jean fut désigné pour aller ramener les clés. Dans la cour du vieux Tiga, il y avait cinq vélos. Jean sollicita un vélo et cela lui fut refusé. Il décida de s’y rendre à pieds alliant la course et la marche pour récupérer. A 11 h il était chez l’infirmier du village qui lui remit lesdites clés en lisant la missive à lui remise. Muni du trousseau, Jean se rendit chez son grand-père qui s’étonna de le voir puisqu’on était pas en vacances. Jean explique le but de sa venue.
Noaga lui demanda si Tiga avait été informé de sa venue. Jean répondit que oui puisqu’il lui avait refusé un vélo qu’il avait sollicité. Noaga hocha la tête et tira une bouffée de sa pipe qu’il tenait entre ses mains. Jean demanda à rentrer car disait-il, il fallait qu’il arrive à temps pour réviser les leçons et arroser le jardin puisqu’on était jeudi. C’est ainsi que Noaga su que son petit-fils s’occupait du jardin de Tiga tout seul. Noaga fit appeler un jeune du village et lui demanda de prendre un vélo et d’aller déposer Jean. Ce que ce dernier fit.
Jean alla arroser le jardin et à la tombée de la nuit regoignit le domicile de Tiga. La vieille veuve le fit asseoir et lui donna à manger tout en s’enquérant des nouvelles de son grand-père. Jean lui expliqua que tout le monde se portait bien et lui livra le message que son grand-père lui avait donné pour Tiga. Il restait deux mois pour les vacances et la vieille lui demanda d’attendre le jour de son départ pour dire le message à Tiga, ce que fit Jean. Tiga resta coi en entendant Tiga.
Il restait perplexe et préoccupé toute la journée. Le lendemain, il décida d’aller rendre visite à Noaga. Il fut reçu en pompe et royalement. Le vin qu’il aimait tant lui fut servi à satiété. Des poulets furent égorgés et Tiga mangea en grand. A l’heure du départ, il expliqua le but de sa venue. En effet, lui répondit Noaga, c’est moi qui ait dit à mon petit-fils de te dire que si telle est notre amitié, cela ne valait pas la peine que nous continuons.
Pendant que je suis encore en vie, tu es incapable d’entretenir un orphelin. Il entretient ton jardin et tu oses lui refuser un vélo pour qu’il vienne au village, vois toi-même si c’est bien. Je te remercie. Tiga se leva confus et s’en retourna. Comment recoller un canari brisé. Cette histoire interpelle tous ceux et toutes celles qui utilisent comme bêtes des enfants à eux confiés. Ce que vous ne faites pas à vos enfants, ne le faites pas à ceux d’autrui. Fausse amitié...
Rakissé
Sidwaya
