Actualités :: 10es Journées scientifiques du site de l’ANRS : Les défis de l’élimination du (...)

La 10es édition des Journées scientifiques de l’Agence nationale française de recherche sur le Sida et les hépatites (ANRS) s’est déroulée du 5 au 7 novembre 2018, à Ouagadougou. Dans le cadre de cette activité, le directeur de l’ANRS, Pr François Dabis, a animé une conférence publique sur le thème central « La recherche face aux défis de l’élimination du VIH et des hépatites ». C’était dans la soirée du mardi 6 novembre 2018.

Créée en 1988, l’Agence nationale française de recherche sur le Sida et les hépatites (ANRS) mobilise les chercheurs du Nord et du Sud, de toutes les disciplines, autour de questions scientifiques. Le but ultime de cette agence publique française est de fédérer, coordonner, animer et financer toute la recherche publique sur le VIH/Sida et les hépatites virales en France, dans les pays partenaires comme le Burkina Faso qui fait partie des huit pays du Sud où il existe un site ANRS, et ce depuis 2001.

Le site, qui est structuré autour du Centre MURAZ, a célébré la 10e édition de ses Journées scientifiques, du 5 au 7 novembre 2018, à Ouagadougou. Au cours de la deuxième journée, le directeur de l’ANRS, Pr François Dabis, s’est entretenu avec les participants sur le thème « La recherche face aux défis de l’élimination du VIH et des hépatites ».

A l’entendre, la recherche contre la pandémie du siècle a enregistré des avancées significatives. « Des progrès ont été faits dans la prévention, le traitement et la prise en charge des patients. On a avancé beaucoup plus vite pour le VIH/Sida que pour d’autres domaines. On a aussi beaucoup avancé en mettant à disposition ces progrès pour de grands nombres de personnes. Ce sont des progrès et il faut s’en féliciter », a déclaré le Pr Dabis devant un parterre de participants. Cependant, beaucoup reste à faire car « l’épidémie n’est pas totalement contrôlée (…) ».

Le défi de l’heure est relatif au passage à l’échelle des progrès de la science décrits plus haut. « On sait dépister, prévenir, traiter. Que ça soit utilisé pour tout le monde et qu’il n’y ait aucun problème à ce que les gens l’utilisent. Qu’il n’y ait pas non plus de discrimination », a ainsi plaidé le conférencier. « Tout ça, ce sont des enjeux qui nécessitent de l’argent. Et nous n’avons pas assez de garantie sur de longs termes que les ressources seront mobilisées. Et ça, bien sûr, c’est extrêmement inquiétant », a-t-il ajouté.

Des vaccins en expérimentation…

A en croire le directeur de l’ANRS, la recherche sur le vaccin contre le VIH avance mais de manière assez inégale et un peu prévisible. « Aujourd’hui, nous avons trois ou quatre candidats vaccins qui sont déjà en expérimentation en Afrique du Sud et dont nous aurons des résultats en 2021. Tant que nous n’avons pas ces résultats, nous ne pouvons pas savoir si nous avons fait des progrès conséquents dans la recherche d’un vaccin. En parallèle, d’autres vaccins sont moins avancés. Il y a une quantité de vaccins qui sont en préparation », a confié Pr Dabis qui n’a pas donné beaucoup d’espoir sur le vaccin.

« Aujourd’hui, la frustration c’est qu’on ne peut pas savoir quand est-ce que ces vaccins vont devenir bons et éventuellement si on peut les utiliser. C’est encore impossible. Avant deux ans, ce n’est même pas la peine de se poser la question. Peut-être que dans deux ans encore, il faudra repartir pour un nouveau cycle », a-t-il confié.

Faute de piste très sérieuse sur le sujet, l’élimination du virus (VIH) est aujourd’hui de la science-fiction, de l’avis du conférencier. Par contre, il estime qu’« on peut peut-être se débarrasser de la plupart des infections acquises par les enfants parce qu’on sait prévenir la transmission du virus de la femme enceinte, de la femme qui allaite à son enfant. Si on le faisait systématiquement, on pourrait ne plus avoir de nouveaux cas d’infection chez des enfants ».

La situation est assez complexe au niveau des adultes. « Il n’y a pas une seule approche qui est suffisante. Il faut traiter les personnes vivant avec le virus pour qu’elles ne le transmettent plus à autrui par rapport sexuel. Il faut aussi parfois utiliser les médicaments antirétroviraux chez les personnes à haut risque qui peuvent contaminer et continuer à utiliser le préservatif. Bref, il faut que l’ensemble des projets de prévention soient mélangés. Dans ces conditions, on peut contrôler l’épidémie », a expliqué le directeur, tout en espérant que la génération actuelle verra le contrôle durable de l’épidémie et qu’elle ne sera plus considérée comme un problème sérieux.

Le Sud-Ouest, la région la plus touchée par l’hépatite C

La prévalence du VIH/Sida est en baisse nette ces dernières décennies au Burkina Faso. Dr Dramane Kania a indiqué que dans les années 1998, le taux de prévalence était à 7%. De nos jours, poursuit-il, il est à moins de 1%. S’agissant des hépatites virales, il a déploré l’insuffisance des actions menées sur le terrain.
De la situation épidémiologie de cette infection établie grâce à un financement de l’ANRS, il est ressorti que le taux de prévalence de l’hépatite B est élevé et tourne autour de 9% pour tout le pays avec des variations qui vont de 7 à 11% selon les régions.

Concernant l’hépatite C, la prévalence est beaucoup plus diversifiée avec une prévalence nationale de 3%. « On a des régions où on a plus de quatre fois cette prévalence nationale. C’est le cas aujourd’hui de la région du Sud-Ouest (Gaoua et ses environnants) où la prévalence s’établie autour de 13%. La région des Cascades aussi vient avec une prévalence de 6% », a précisé le coordonnateur Sud du Site ANRS/Burkina.

Au regard de ce qui précède, un projet de recherche financé par l’ANRS est en cours avec pour objectif de comprendre, de façon scientifique, pourquoi la prévalence est élevée dans ces deux régions et plus précisément dans la région du Sud-Ouest. Les résultats de l’étude permettront aux décideurs de mener des actions pour enrayer cette épidémie au niveau de ces régions en particulier. Mais pour l’instant, on peut guérir complétement de l’hépatite C.

Le hic, c’est le coût relativement élevé du traitement qui est de l’ordre de 900 000 F CFA pour le traitement complet qui se fait sur douze semaines. Et le coordonnateur Sud de rassurer que des politiques et décisions sont en train d’être prises au niveau du ministère de la Santé pour arriver à réduire le coût du traitement autour de 250 000 à 350 000 F CFA.

Aïssata Laure G. Sidibé
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