Actualités :: Fête de la bière : Le "show", les larcins et ... la débauche au (...)

Mlle Rachelle, serveuse reconnaît que la fête a ses côtés négatifs et positifs. La Maison du peuple de Ouagadougou vibre au rythme de la Ve édition de la fête de la bière. Si cette fête est l’occasion pour les "godeurs" de lever le coude à moindre frais, elle est aussi une vente à perte pour les maquis ayant loué des stands. Sans oublier, les affres de la fête qui sont légion.

La Ve édition de la fête de la bière bat son plein dans l’antre de la Maison du peuple de Ouagadougou depuis le vendredi 29 avril 2005. La bière coulant à flot, "le travaillement" orchestré par les "DJ" des différents maquis, les pas de danse aux sonorités burkinabè et étrangères, les larcins, "la prodada" sont au menu de cette fête accompagnés des poulets rôtis, des brochettes, de la viande (porc, mouton).

Abdoul Razak et sa bande sont là depuis 16 h. Et à 18 h 15 mn, ils sont à leur 6e caisse de bière. Tout en "panachant" sa Guiness de sucrerie, l’homme affirme que le "show" est assuré. En effet, un "tsunami" de bouteilles de la grosse Guiness aux Castels et des sucreries chevauchent sur trois tables juxtaposées. Des filles en tenue scolaire sont assises à la table "sifflant" de temps à autre la sucrerie tandis qu’un jeune homme inspiré par la mélodie, danse au bout de la table. Non loin de là, des jeunes aussi démontrent des pas de danse du "fouka fouka", une sonorité expatriée de la Côte d’Ivoire.

De gauche à droite, des animateurs (DJ), micro en main font le palmarès des clients qui en retour mettent la main dans la poche pour prouver qu’ils en ont. C’est ainsi qu’un "DJ" du maquis "Ligaz" après s’être fait le griot d’un client s’est vu offrir une Guiness.

Dans cette ambiance où la puissance des haut-parleurs n’a d’égale que les interférences entre les sons, Manadja, le gérant du stand du maquis "Ligaz" explique que la fête de la bière ne lui rapporte pas. Mieux, il navigue à perte malgré le fait qu’il peut vendre 30 casiers de Castel, 10 de Guiness, 15 de Flag et 25 de la bière. Aussi, le prix du stand, 100 000 FCFA au lieu de 30 000 F l’édition précédente est élevé pour lui. "Nous sommes ici pour notre promotion sinon tout coûte cher", lance-t-il.

Des vols

Dans ce tohu-bohu où les "godets" passent et repassent dans les palais, des individus profitent de l’état d’ébriété des consommateurs pour opérer des larcins. Rachelle, une serveuse témoigne que les vols sont fréquents. Des portables aux sacs à main en passant par le refus de certains clients d’honorer leurs factures de bière tout y est. Les bagarres, le harcèlement des filles de débit de boisson sont légion. Dans ces genres de situation, il faut souvent l’intervention des forces de l’ordre pour ramener les uns et les autres à la raison. C’est ainsi qu’un jeune ayant pris un portable s’est vu tabasser sans autre forme de procès. Il ne dût son salut qu’à l’intervention des vigiles tandis que sa bouche était en sang.

La Ve édition de la fête de la bière connaît une forte participation des maquis, bars et débits de boisson. Une cinquantaine de stands se disputent la clientèle qui ne se fait pas prier pour être au rendez-vous chaque jour de 7 h à 2 h du matin.

Les imperfections de la fête de la mousse sont répertoriées par Manadja du "Ligaz". "La bagarre, les mineurs sont pleins, les élèves qui, au lieu de bosser passent leur temps à la fête, ce n’est pas bien", clame-t-il. Interrogé sur la filtration des entrées, le chef de poste adjoint des forces de l’ordre a affirmé que l’entrée ne relève pas de leur compétence mais plutôt des vigiles. Aussi, il ne sait pas comment les enfants font pour pénétrer car il reconnaît qu’ils sont chaque jour assez nombreux à déambuler à la Maison du peuple. Quant à Rachelle, serveuse depuis décembre 2004, des problèmes de glace se posent souvent à la cave. Cette serveuse sera rémunérée à la fin de la fête de la bière. Elle n’ose pas avancer de chiffre mais reconnaît que son salaire est "assez suffisant" pour ses besoins. Un fidèle client d’un maquis confie que la fête de la bière est la bienvenue.

Pour ce dernier, le nombre de casiers consommés dépend de son inspiration. "On consomme 3 à 5 caisses par jour", affirme l’homme comptable gestionnaire de formation. "Tout seul ?" "Non, (rires) avec les amis", réplique l’homme.

Attention ! Les mineurs sont de la partie.

Et le salon VIP ?

L’innovation de cette Ve édition de la fête de la bière est sans conteste l’érection du salon VIP. Une salle climatisée, confortable, construite en produits locaux notamment la paille et la brique en terre cuite. Selon Jean L. Stavaux, le directeur technique de la Brakina, "le salon VIP répond au souci de donner un espace confortable à des clients, un espace de luxe pour une bière de luxe". Ce salon VIP permet aussi, selon M. Stavaux de faire la promotion de la bière à pression. Cette dernière coûte 600 F le verre.

Dans le "show" de la fête, les vendeurs de poulet sont de la partie.

Idrissa Tapsoba a loué son stand à 25 000 F pour le commerce des poulets et des brochettes. L’homme estime vendre par jour au moins 15 poulets en raison de 1 500 F l’unité.

Pour corriger les imperfections de la fête, Manadja propose la réduction du coût des stands et de l’électricité, l’interdiction d’accès de la Maison du peuple aux mineurs et aux élèves en tenue scolaire, le renforcement de la sécurité. Aussi, propose-t-il de mettre un frein à la débauche. "Il y a même des élèves qui, lorsqu’ils sont saouls, se lavent la tête avec la bière. C’est pas sérieux".

Le "tango-tango" de la Maison du Peuple fait des heureux tout comme des malheureux. Mais cette fête gagnerait à recadrer ses objectifs afin qu’elle soit un lieu de convivialité et de rencontre, plutôt qu’un espace de débauche et de gâchis.

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)
Sidwaya

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