Actualités :: Fête de la bière : arrêtons la dérive avant qu’il ne soit trop tard (...)

Si dans la mythologie grecque, le dieu du "godet", Bacchus est bel et bien mort et enterré et son mythe avec. Au Burkina, sous les torrents mousseux de la bière, l’on tente de le ressusciter et d’en faire un dieu vivant. Oui ! le dieu de la "saoul" a vaincu la mort, triomphé des ténèbres au pays des Hommes intègres et dix jours durant, il a fait des "miracles".

" qui permettent de passer de la lucidité à la transe, de la raison à la bêtise, du rationnel à l’irrationnel, du raisonnable à l’irraisonnable. En ces lieux "saints" de la Maison du peuple, qui pour la circonstance mérite d’être rebaptisé "Maison de Bacchus", ont accouru des milliers d’adorateurs et d’adoratrices de ce dieu, qui distillent dans notre société, des actes immoraux.

A ces tables à perte de vue, sous des bâches multicolores, entre les mouches agaceuses, des visages lumineux traduisent le plaisir de se saouler et trahissent un malaise existentiel. Beaucoup entrent à la Maison de Bacclus "OK" et ressortent "KO".

Cette fête de la bière devait être célébrée dans l’esprit de la dégustation et non dans cette ambiance "populo-marcantaliste", où les uns et les autres rivalisent dans la bêtise de la consommation immodérée. Battre des records de la beuverie pour s’inscrire au Guiness book de la mort est un enjeu que franchissent allègrement ces assoiffés de bière vendue à vil prix pour leur malheur.

Cette fête de la mousse blonde ou brune, c’est selon, est en train de dévier. Ce n’est pas un meeting qui prolonge le dialogue social, mais véritablement la voie dans une atmosphère d’insouciance qui pousse à la résignation et à la fatalité. "Que me reste-t-il à faire dans la vie devant tant de difficultés, si ce n’est de noyer mes soucis dans le godet !" Tel est la teneur de propos entendus au chaud, des conversations animées sur la vie sociale et de la Nation.

Pire, les efforts collatéraux de cette fête nous plongent dans un environnement pourri où rivalisent proxénétisme, perversion, prostitution, banditisme..., Mineurs, jeunes à la fleur de l’âge sont les principales victimes de cette folie collective. Cet hymne à l’alcoolisme choque toutes les consciences équilibrées. Le spectacle qui nous a été donné de voir durant dix jours, interpelle les organisateurs, les mécènes, les hautes autorités gouvernementales, la société civile, les dépositaires de notre culture, les autorités religieuses et les médias. Nous devons répondre à cette question : quelle jeunesse pour le Burkina ? Celle de la "bamboula" ou celle de la responsabilité ? On ne prépare pas une jeunesse à se prendre en charge en faisant l’apologie de l’alcool. Les organisateurs sont les premiers interpellés.

La dimension prise par la fête semble les submerger. Débordés, ils le sont. Il faut donc revoir la copie de la fête de la bière dans son esprit et son contenu. Les mécènes qui soutiennent cette initiative doivent comprendre leur devoir de protection de la jeunesse et du citoyen. Sinon, à cette allure, viendra le temps où l’on imposera sur les étiquettes des bouteilles et des capsules de bière, cet avertissement : "Attention ! l’alcool tue", comme cela est imposé aux marques de cigarettes.

Les hautes autorités gouvernementales doivent de plus en plus prendre du recul face aux organisateurs de manifestations qui ne profitent pas au citoyen et à la Nation. Leur responsabilité est encore plus forte lorsqu’elles sont appelées à parrainer ces types d’événements. Les responsables religieux, coutumiers et les leaders de la société civile sont logés à la même enseigne que les politiques. Ils doivent éviter de cautionner tout ce qui peut choquer la conscience nationale.

Enfin, les médias. La fête de la bière a bénéficié d’une excellente couverture médiatique. Une couverture qui a donné de la visibilité, mais a permis tout aussi de mettre le doigt sur les dérives. La grande mobilisation juvénile autour de la Maison du peuple a été possible grâce aux médias. La responsabilité sociale de la presse en général, exige une autre lecture de cette manifestation.

Sidwaya va s’aliéner les organisateurs, les sponsors de la fête du "godet" en se réservant désormais le droit de ne pas assurer la couverture médiatique des prochaines éditions, tant que des mesures idoines n’auront pas été prises pour protéger notre jeunesse. Pour notre part, nous avons fait notre mea culpa. A chacun de s’assumer avec dignité, car ces fêtes de la bière ne sauront se pérenniser au prix d’une jeunesse intoxiquée et alcoolique.

Michel OUEDRAOGO
Sidwaya

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