Actualités :: Dérive contestataire des étudiants dans le processus pédagogique : la mise au (...)

Le SYNADEC fait de la défense des intérêts matériels et moraux des enseignants du supérieur son cheval de bataille, mais il se bat également pour un enseignement supérieur de qualité, un enseignement compétitif sur les plans continental et international. Peut-on atteindre cet objectif sans privilégier une relation pédagogique saine entre l’enseignant et l’étudiant, son partenaire le plus immédiat ? Or, que constate-t-on de nos jours ?

Avec tristesse et indignation, nous assistons à une dégradation progressive et accélérée des rapports entre enseignants et étudiants dans l’animation des activités pédagogiques. Pour que l’université remplisse sa mission de formation et de production scientifique et qu’elle passe pour être ce qu’on a communément appelé le Temple du savoir, il faut un minimum de quiétude dans les consciences, un climat de paix entre les différents acteurs. Il y a en toute logique entre enseignants et étudiants une sorte de relation filiale qui commanderait, sinon imposerait une cordialité fondée sur le principe de la confiance réciproque. Les enseignants passaient dans un passé encore récent comme les détenteurs et les dispensateurs du savoir aux étudiants qui étaient chargés de les assimiler en vue d’acquérir la connaissance et la compétence. Aujourd’hui, avec la nouvelle donne du LMD (License Master Doctorat, ndlr), on parle davantage de partage de connaissances, donc d’échanges entre enseignants et étudiants. Mais fondamentalement, même dans le nouveau système, l’enseignement reste indispensable à l’étudiant car, de par sa formation, il a la qualification requise pour exercer son métier. Par conséquent, le partage des connaissances ne saurait signifier égalité mathématique de connaissances entre enseignant et étudiant. Il est vrai – et ce n’est pas une raison de lui dénier les prérogatives de l’autorité intellectuelle – que très souvent, dans le cas du Burkina Faso, c’est dans des conditions extrêmement difficiles, avec les moyens de bord, que l’enseignant exerce son métier. De mémoire d’enseignants, nous nous rappelons, qu’un étudiant avait osé, il y a une dizaine d’années, qualifier l’enseignant du supérieur de « petit enseignant à la P50 »… Cette injure qui indigna une saine opinion burkinabè est passée et on croyait avoir oublié l’époque où l’on se gaussait du « pauvre enseignant ». Mais le pire est à venir…

« Le diplôme ne confère pas la compétence quand il est négocié… »

Depuis quelques années, le constat que nous faisons, c’est que les étudiants sont plus à la recherche du diplôme que de la formation en vue de l’acquisition de la compétence. Leur objectif est d’acquérir le diplôme à tout prix, au mépris de cet objectif combien noble de l’acquisition des connaissances, seul élément qui détermine la validité même du diplôme. Nous attirons l’attention des étudiants sur le fait que le diplôme ne confère pas la compétence quand il est négocié ou en tout cas obtenu aux prix de manœuvres qui défient les règles établies. De nos jours, hormis les fraudes, de plus en plus nombreuses et dont les méthodes se raffinent, les étudiants passent par le truchement des réclamations qui sont devenues le moyen de négociations de points en vue de l’obtention du diplôme ; par les boycotts de contrôles jugés trop coriaces ou les reports injustifiés des contrôles programmés ; et maintenant par la récusation des enseignants trop exigeants, perçus comme des bourreaux. Sur ce point précis, les étudiants n’hésitent pas à demander à l’administration universitaire de remplacer tel enseignant déclaré indésirable, ou procèdent par le boycott de ses enseignements ou encore l’affrontent avec des propos injurieux qui lui brisent le moral.

Un des faits inquiétants dans cette situation concerne les pressions fréquemment exercées par des promotions entières d’étudiants sur des enseignants afin d’obtenir des épreuves « abordables », en fait des épreuves en deçà du niveau requis. La violence est utilisée quand l’enseignant ne cède pas à la pression. L’administration universitaire de l’UPB, pour juguler cette difficulté, a mis en place une commission qui travailla à l’élaboration d’une charte dont la signature par tous les acteurs a eu lieu, le 14 janvier 2015 au cours d’une séance fort médiatisée.

Malgré cette précaution, la contestation des enseignants par les étudiants a pris de l’envergure avec en plus une tournure nouvelle. Au quotidien, les enseignants doivent subir le supplice des comportements irrespectueux, désinvoltes, révoltants, voire violents et scandaleux de certains étudiants. L’une des conséquences de la montée de la violence et de la remise en cause de l’autorité de l’enseignant est la méfiance et la prise de distance de celui-ci vis-à-vis de l’étudiant. De toute évidente, cela est dommageable à un bon accomplissement de sa mission de formation.

Le SYNADEC, à travers son secteur de l’UPB, fidèle à ses engagements pour la promotion d’un enseignement supérieur de qualité et la protection de l’intégrité morale du corps enseignant, s’est senti interpelé face à la dérive contestataire des étudiants dans le processus pédagogique. Dans le même temps, le SYNADEC n’est pas indifférent aux manquements provenant de certains enseignants indélicats. En effet, il attache d’autant plus de prix au respect par les enseignants de l’éthique et de la déontologie, qu’il s’est penché sur ce thème lors de son 2ème congrès ordinaire qui eut lieu du 20 au 22 mars 2015.

Au regard des conséquences graves provoquées par ce phénomène aussi bien sur l’enseignant que sur notre enseignement supérieur, le secteur SYNADEC de l’UPB prend l’opinion à témoin et :
-  Condamne fermement les atteintes graves à l’intégrité morale émanant d’étudiants et les obstructions faites à l’accomplissement normal du travail de l’enseignant,
-  Dénonce la contestation de la relation pédagogique par les étudiants,
-  Rappelle aux étudiants que la transmission du savoir ne peut se faire de manière efficiente que dans un cadre serein empreint de confiance et de sérénité.
-  Invite les étudiants à se ressaisir et à se départir de cette propension à la contestation de l’autorité de l’enseignant.
-  Rappelle aux étudiants leur devoir de respect de l’autorité de l’enseignant.
-  Appelle les étudiants au respect strict du rôle et de la place de chaque acteur sur le campus sachant qu’in fine ils sont les principaux bénéficiaires du bon déroulement des activités pédagogiques.

En tout état de cause le SYNADEC, secteur de l’UPB, soucieux du règne d’un climat de coexistence pacifique sur le campus universitaire, ne saurait tolérer de la part des étudiants des comportements irrévérencieux, désinvoltes et provocateurs qui sont de nature à saper le moral de l’enseignant et à compromettre son rendement dans l’exercice de son métier.

Pour le SYNADEC
Le Bureau du Secteur de l’UPB

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