A l’occasion de la semaine contre le bégaiement organisée à Ouagadougou du 26 au 30 octobre 2004, deux orthophonistes françaises, spécialistes du bégaiement étaient au Burkina Faso. Elles ont apporté leur contribution à la formation du personnel médical et à la sensibilisation des populations.
Elles ont aussi donné des consultations gratuites aux victimes du bégaiement. Une conférence publique a mis fin aux activités et a permis d’en savoir plus sur ce mal.
"Qu’est-ce que le bégaiement ? Que peut-on faire ?’’ Tel a été le thème de la conférence publique qu’ont animé les deux orthophonistes Anne Marie Simon et Sylvie Brignane. Il s’est agi de mieux faire connaître le bégaiement et d’avoir beaucoup plus d’attention sur les bègues. Au cours de la conférence la spécialiste Anne Marie Simon a expliqué que l’appareil vocal de toute personne bègue fonctionne normalement quand l’intéressée est seule, mais le langage se trouble lorsqu’elle est en face d’une autre personne. "Le bégaiement ne se manifeste qu’en relation avec autrui’’ a-t-elle insisté. Pour ce qui est des causes du bégaiement, elle a souligné que personne ne le sait. Toutefois, elle a relevé certains facteurs favorables. Par exemple les chocs émotionnels sont des facteurs déclenchants. Un enfant peut se mettre à bégayer parce qu’il a eu un petit frère ou suite au décès d’une personne qui lui est chère ; de plus, un enfant qui apprend précocement des choses pour lesquelles il n’est pas prêt (apprentissage de plusieurs langues à la fois, ou lorsque ce qu’on propose à l’enfant est très éloigné des capacités qu’il a à comprendre).
De même, un enfant qui vit dans une famille où il y a trop de querelles peut bégayer toute sa vie, s’il n’est pas traité. En revanche, Mme Anne Marie Simon a précisé que le trouble n’est jamais irréversible. L’idéal est de s’occuper du bégaiement quand l’enfant est encore jeune.
Traitement du bégaiement
Pouvoir reconnaître son bégaiement est un atout favorable à en sortir. "Oser parler et faire état de son bégaiement, oser dire que l’on bégaie peut aider à sortir du bégaiement’’, a soutenu Sylvie Brignane, l’autre orthophoniste qui a conjointement animé la conférence avec Mme Anne Marie Simon. Elle a dit que la relaxation est très importante dans le traitement du bégaiement.
Le traitement est spécifique et doit se faire par tranches d’âge. Pour les petits enfants, il faut leur parler lentement et ne jamais les brusquer quand ils essaient vainement de parler. Il faut respecter leur rythme ; "Il ne sert à rien de punir un enfant qui bégaie. Au contraire, l’enfant qui bégaie a besoin de recevoir une attention particulière’’, a-t-elle affrmé.
Pour les adolescents et les adultes, l’important c’est la relaxation. Mais il faut y joindre un travail moteur. Il s’agit de mettre en place, une technique qui permet de ne plus bloquer le début de la parole : il faut adoucir le premier son et ne pas l’anticiper. En outre, pendant la prononciation du premier son, il faut plutôt penser au deuxième son. Pour cela, il faut utiliser la lecture comme support. Par ailleurs, il faut essayer d’avoir confiance en soi car "plus on a peur de bégayer, plus on bégaie. Enfin, il faut mettre en place un travail de groupe entre gens de même âge, une dynamique pour aider les bègues à échanger entre eux sur leur mal et à progresser vers un mieux-être car l’union fait la force’’ a-t-elle dit.
Aimée Florentine KABORE (kaborette@yahoo.fr)
Sidwaya
