Actualités :: Immigration des footballeurs africains : Marché à ciel ouvert de passeports (...)

Dans la sous-région ouest africaine, il est facile de passer la frontière d’un pays, le matin et d’en revenir, le soir, avec une nouvelle identité, soutenue par un acte d’Etat-civil en bonne et due forme. Les footballeurs recalés pour identité douteuse s’engouffrent, dans cette brèche. Le trafic organisé autour des actes d’état civil semble encore méconnu des services de sécurité. Les faits que nous avions reconstruits interpellent.

Des joueurs de football n’hésitent pas à faire équipe avec des réseaux mafieux, à passer une alliance avec le diable pour espérer paradis ! En effet, le football professionnel, de par sa propension à fabriquer une génération spontanée de milliardaires, à quoi s’ajoutent les paillettes et la vie princière dans les clubs huppés, le vedettariat, en somme, cet eldorado européen, fait un irrésistible appel du pied aux footballeurs burkinabé confirmés ou en herbe, au talent réel ou douteux. Toutefois, la route du professionnalisme est sinueuse, pleine d’embûches.

Le talent, la chance, le gabarit, le profil… et, par-dessus tout, la jeunesse, permettent de tamiser le lot important de candidats à l’expatriation. Conséquence majeure, rester éternellement jeune est désormais intégré dans le réflexe des footballeurs. Le bain de jouvence étant un rêve illusoire et inaccessible à la descendance d’Adam et d’Eve, la solution est de s’attaquer aux témoins du vieillissement.

Les actes d’Etat-civil sont alors touchés, retouchés et re-touchés à volonté au grand dam de la loi. Des Etats, notamment le Burkina Faso, ont décidé d’appliquer la rigueur militaire du caporal instructeur dans l’analyse spécifique des dossiers de demandes de passeports des footballeurs qui sont rangés, irrévocablement, au fond du tiroir, à la moindre trace de soupçons. Mais, la course à « l’infantilisation » du joueur au Burkina est comme une hydre à 7 têtes ! Le phénomène a pris une autre forme, celle-là plus dangereuse, plus sinueuse, voire insaisissable. Avril 2010. La fédération Oman de football, susceptible comme un pou, décide de tester l’authenticité du Certificat international de transfert (CIT) qu’elle est censée recevoir de la fédération-sœur du Burkina qui valide la mutation du joueur que nous allons prénom Assi pour les besoins de la cause.

Un gros lièvre sera ainsi levé. « Le CIT est un faux avec une imitation de ma signature », déclare Emmanuel Zombré, secrétaire général de la Fédération burkinabé de football. Mais le plus estomaquant, tient au fait que le passeport est malien ! La subtilité est fine pour être parfaitement trompeuse ! Le prénom est une déclinaison du prénom authentique ! Pourtant, la photographie du joueur ne fait l’ombre d’aucun doute. C’est bien le joueur Assi connu du championnat burkinabé. Or, Assi n’a, en aucun moment, rempli les conditions (voir l’encadré n°1) pour une naturalisation.

Ce n’est donc ni plus, ni moins qu’un faux document avéré qui donne froid au dos. Même les panafricanistes révoltés par les frontières artificielles imposées par le colon à l’Afrique, ne cautionneront pas une telle naturalisation hors-la-loi et à la sauvette. C’est illégal. Mieux « la loi burkinabé, c’est un acte criminel la peine encourue étant d’au moins 5 ans d’emprisonnement » a souligné maître Adama Sagnon, substitue général près la cour d’appel. Qu’à cela ne tienne. Le crime organisé va même fleurir autour, nourri par le succès garanti, le silence en face, la demande de plus en plus réelle et croissante et un espace de plus en plus ouvert.

Les complices…

Le ministère de la Jeunesse et des Sports du Mali, est placé sous la houlette d’un homme au verbe facile et loquace. Mais, en nous recevant et comme embarrassé par le sujet, le ministre Hamane Niang va se mettre à marcher sur les œufs. Il s’est même refugié derrière un « je n’ai pas eu vent de fraude de documents de voyage dans les milieux du sport malien », réponse hermétique qui ne laisse plus d’option de relance.

La traversée du fleuve de l’oubli, soutenue par la contestable théorie de la réincarnation dans la doctrine de l’Orphisme (VI av JC) excuse d’avance la mémoire sélective la race humaine. Sinon le ministre Niang serait encore mémoratif de « L’affaire du basketteur nigérian » qui a défrayé la chronique au Mali. En effet, la famille du basketball malien a été épinglée par les services de la police, pour avoir voulu naturaliser illégalement, le joueur en question.

C’est une piste à explorer. Elle nous avait été révélée par un joueur burkinabé, un repenti. Elle requiert la complicité d’une association sportive nationale, un club de football, par exemple. Pour ce faire, nous nous mettons en relation avec un club de football de D2, sous le couvert d’un agent de joueurs burkinabé installé à Paris. Pour instaurer et renforcer la confiance, nous obtenons du président du club, que nous appellerons Prési Sanogo, une séance spéciale d’entraînement pour nous permettre de « chasser l’oiseau rare » pour le compte de clubs européens.

A vue d’œil, le président, environ 50 ans, affichait un intérêt pointu, mais légèrement voilé par une fine couche de méfiance. Il ne voulait qu’être convaincu par une preuve sur notre identité même si, par pudeur, il s’est gardé de nous la réclamer. Coïncidence heureuse, nous avions par devers nous, un ancien acte de délégation de pouvoir signé par un vrai bureau d’agents de joueurs français. Il date de la CAN 2008.

Il nous avait été procuré par un ami, agent de joueurs français dans l’optique d’aider à établir les contacts avec les dirigeants des différentes équipes, pour négociations et transferts éventuels. A la vue de ce document, Prési Sanogo sera totalement acquis. Pour la séance d’entraînement, le club entier s’est mis « dans son 31 ». Chasubles neufs, à en croire les contours des plis prononcés, terrain bien tracé, deux chaises bien isolées pour le président et « son » recruteur. Prési-Sanogo lui, est « sapé » comme pour honorer un rendez-vous galant avec Aphrodite, la déesse de la beauté.

Un passage chez le coiffeur lui a permis de se rajeunir, sans doute pour se mettre à l’air du temps de « son recruteur », son cadet d’une quinzaine d’années. Au terme d’une séance très appliquée où les joueurs ont été généreux dans l’effort, « Prési » nous demande de nous adresser aux joueurs. Un autre piège est tendu. Un agent, le bon, ne livre pas de noms. Et le refrain, pour avoir interviewé nombre d’entre eux, nous le connaissons. « Il y a d’excellents joueurs parmi vous. Je félicite le président, le coach, pour avoir monté une si brillante équipe. J’ai des noms sur le calepin. Mais, permettez-moi de garder le secret. Par contre, je puis vous promettre qu’au moins deux d’entre eux poseront leurs valises dans un club de D2 ou D3 en Europe », avions-nous récité.

Touché ! La barbichette du président semblait briller, à la lueur des derniers éclats de soleil d’un bonheur futur. Nous avions compris que sur nous se fondaient d’énormes espoirs. Evidemment, nous étions intérieurement gêné de susciter de faux espoirs. Mais, sans cette théâtralisation où nous fûmes le metteur en scène, il eut été difficile, voire impossible d’aller victorieusement, droit au but final. Sentant le moment propice, nous accostons le Prési Sanogo en ces termes : L’absence du passeport bloque des joueurs burkinabé promus à une carrière de « pros » en Europe.

« Pouvez-vous nous en trouver ? Votre prix est le nôtre, président », avons-nous ajouté sans ambages ! La brutalité de la requête, le ton martial et direct mirent mal à l’aise Prési Sanogo. Ses yeux globuleux firent une rotation de 360°, la seconde, sans doute, pour s’assurer que nos mots ne sont pas tombés dans des oreilles indiscrètes. « Cette question peut être résolue. Nous en reparlerons », a-t-il répondu, furtivement. Le jour suivant, très tôt, il nous réveille à l’hôtel Tamana et tint ce discours : « nous pouvons vous fournir le passeport. Mais, il faudra que le joueur devienne notre sociétaire.

Nous ferons un transfert fictif. Après, le passeport lui sera établi bien entendu, nous le ferons passer pour un national. Pour les différentes démarches administratives, nous avons besoin de 100 000 F CFA. Et quand le transfert en Europe sera effectif, nous ferons du 50/50 avec son club d’origine. » Au terme d’une âpre discussion, nous bouclons l’affaire sur 30%. Il est presque certain que le président Sanogo attend toujours pour conclure cette affaire et convertir les promesses de transfert en espèces sonnantes et trébuchantes.

Infiltration d’un réseau !

Les réseaux du trafic sont transfrontaliers. Ils ont des tentacules au Burkina, au Mali et en Côte d’Ivoire… A Ouagadougou, nous parvenons aisément, à établir un contact avec un d’entre eux. Mais, une fois de plus l’objectif final de la démarche est voilé. Le passeport malien recherché sert à sortir d’affaire un jeune frère qui a une opportunité d’aller en Europe. « Ton protégé parle t-il le bambara ou toute autre langue du Mali », interrogera avec empressement le contact.

« L’intéressé doit faire le déplacement de Bamako. Il sera rebaptisé. Enfin, pour couvrir les différents frais, il nous faut la somme de 150 000 F CFA », a-t-il ajouté. En une autre option, il était possible de faire l’économie du déplacement de Bamako, en envoyant simplement, via le net, huit photographies, les nom et prénom, la taille du bénéficiaire du passeport et la rondelette somme de 300 000 F CFA. Le coût exorbitant et le risque trop élevé ont refroidi nos ardeurs. Option est alors faite pour la première formule. Le marché fut rapidement conclu.

Nous trouvons un commissionnaire, bon-joueur qui saute dans le premier car pour la capitale malienne. Une fois à Bamako, il se met en relation téléphonique avec un intermédiaire, chargé de réceptionner le pli (argent et informations) à faire suivre à « son Boss ». Notre émissaire, n’a pas pu voir l’intermédiaire. Toutefois, un acte de naissance et une carte d’identité du Mali lui ont été établis en 48 heures chrono.

Et voilà un Burkinabé né de parents eux-mêmes de naissance burkinabé devenir malien en un tour de main ! La première étape franchie, « le nouveau Malien » est prié de passer à la Direction de la police des frontières, pour un examen oral ?! Là, il doit apporter la preuve qu’il mérite le passeport, en s’exprimant en langue nationale du pays. Tu parles une de nos langues, donc tu es malien ! Le syllogisme aristotélicien (384-322 av JC), fait encore recette dans le monde contemporain, où des techniques à la pointe comme l’ADN, les NTIC donnent à la police le pouvoir même de faire parler les morts. En tous les cas, la condition de la langue posée plus haut, trouve ici son explication.

Mais, à la Police des frontières, on n’en rougit pas. Bien au contraire, son directeur persiste et signe : « les interviews permettent de tamiser efficacement, les demandes. Vous savez, on repère généralement, le Malien, au terme de l’interrogatoire. Sans cette technique, nous ne savions pas où nous en serons ». Et pourtant ! Trois mois au préalable, un passeport illégal devait sortir de « sa maison », au profit d’un Burkinabé. Mais, un imprévu était survenu. Une pénurie d’imprimés impose le chômage technique, entre-temps aux services de passeport. Et l’attente finit par mettre en péril le processus. La tête du réseau a confondu l’enveloppe allouée au deal à son budget familial.

Grave, promu à l’école professionnelle, il quitte son poste et est éjecté du système, par voie de fait. Le premier montant (150 000 F CFA) est ainsi, à ranger au chapitre pertes et profits. Nous devons mettre encore la main à la poche pour voir un autre « finisseur », reprendre le flambeau. Nouveau tarif, 130 000 F CFA. Cette fois-ci sera la bonne. Notre comparse, une semaine après, est prié de passer chercher son passeport à la Direction de la police des frontières, « seul sanctuaire habilité à délivrer ce document de voyage au Mali », pour reprendre le mot de son patron, le contrôleur général de police, Nianias Youssouf Diallo. Ce n’est pas une vulgaire imitation ou une ingénieuse retouche.

Car, le premier responsable des lieux l’a dit et l’a démontré, « son » passeport, fruit d’une évolution de 3, voire 4 générations de spécimen est infalsifiable. « Nous en sommes au temps du passeport dit le laminé qui n’est lisible qu’à la machine avec des perforations au laser. Un modèle intelligent et incompatible à toute tentative de retouche, sinon c’est l’autodestruction ». Le document de voyage à notre possession ne pose d’ailleurs pas ce type de problème. Ce faux est un vrai faux ! Il est donc valable. La preuve, notre complice l’a utilisé pour les formalités frontalières d’affranchissement au passeport.

La Police malienne avertie…

Cette jolie formule, « le passeport malien est réservé aux nationaux. Toute fraude ou tentative est passible de lourdes peines », frappée sur le fronton de la Direction de la police des frontières sise au quartier huppé de Bamako, ACI 2000, ne l’est pas à titre décoratif. Reçu par le directeur lui-même, nous avons eu droit à une visite guidée préalable de « la maison ». A la section imagerie, un joli tableau où sont affichés de milliers de photos de demandeurs du passeport malien, coupables de fraudes, trône tel un trophée de guerre. Le directeur ne cache pas sa fierté devant une telle prise. Et « ce qui est grave, c’est qu’il y a des élèves qui vendent leur identité aux faussaires », glisse un agent. En fait, le passeport malien n’est pas qu’un simple document conventionnel de voyage.

C’est aussi un passe pour l’immigration clandestine. « Le Mali a des accords de libre circulation avec les pays comme l’Algérie, la Tunisie, la Lybie, la Mauritanie et le Maroc. Ces pays du littoral méditerranéen ont l’Europe à vol d’oiseau. Notre passeport permet d’aller librement dans ces pays, antichambre de l’immigration clandestine », a révélé le responsable de la Police des frontières. L’aveu ! La filière n’est donc pas le filon d’or des seuls footballeurs en mal de papiers. La galerie de photographies des dossiers saisis pour tentative de fraude laisse voir toute sorte de nationalité. Camerounais, Nigérians, Congolais, Burkinabé, Ivoiriens, Togolais … les demandeurs viennent de partout.

Le directeur de la police des frontières, a une toute autre certitude. La mauvaise graine ne vient pas de chez lui ! « Les documents de base, servant à délivrer les passeports, ah, c’est notre talon d’Achille. Tous nos problèmes viennent des actes de naissance et surtout, la carte d’identité. Le Mali compte 703 communes. Les actes de naissance sont établis là-bas. Il y a toujours une possibilité de se faire établir un papier dans une de ces communes. Après, la carte d’identité est établie facilement. Une fois cette étape franchie, tout devient possible. En effet, le décret présidentiel portant critères de délivrance du passeport dispose que tout demandeur possédant sa carte d’identité nationale, doit recevoir son passeport, s’il en fait la demande », a-t-il démontré.

Autre pays, même trafic

Côte d’Ivoire. C’est aussi la destination de certains footballeurs burkinabé recalés des services de passeport de leur pays. Un ami moldave, agent de joueurs parvint à nous connecter avec un de ces réseaux mafieux. Notre contact, s’appellera, Kouassi pour la circonstance. A première vue, nous étions prêt à lui donner en mariage la benjamine, la préférée de « maman », tant il dégage une élégance qui vous emberlificote. Il est venu à nous dans un costume griffé d’une blancheur immaculée qui passe pour un signe extérieur d’honnêteté. Lieu du rendez-vous, café de Rome, en bordure lagunaire au quartier II Plateau. L’homme est arrivé pile poil à l’heure, il était devant nous, ajoutant ainsi la politesse à la longue liste des signes apparents de sa classe. Mais Kouassi affiche un détail gênant.

Il est surchargé de téléphones portables. Surprenant nos regards interrogatifs sur son arsenal téléphonique, notre contact expliquera que chaque « deal » l’oblige à contracter une ligne. « Je couvre mes arrières. Une fois l’affaire bouclée, je désactive la ligne, je ne suis plus joignable », lance-t-il en signe d’avertissement.

Au sujet de notre requête, Kouassi ne tergiverse pas : « mettez 350 000 F CFA sur la table et je vous sors le passeport. » Et de préciser : « j’espère que vous ne tenez pas au nom mossi de votre élément ? Ça fait trop étranger. Or, la situation politique nationale n’est plus très favorable aux affaires. Les étrangers sont surveillés comme du lait sur du feu. Il n’est possible de leur sortir des passeports ». Le principe est accepté. Nous demandons un temps pour faire venir l’argent d’Espagne, de nos fictifs partenaires. Au troisième jour, le contact téléphonique est établi sur « notre » numéro de téléphone. A ce deuxième rendez-vous, sa langue, se délie complètement, certainement motivé par les 100 000 F CFA d’avance que nous avons consentie à verser à sa demande.

Son mode opératoire consiste à « emprunter » l’identité d’un Ivoirien bon teint, « mort de préférence ou qui vit en campement », pour établir le passeport. « Vous comprenez pourquoi, c’est cher. Si je dois emprunter l’acte de naissance d’un villageois, il faudra lui en donner un peu », a-t-il expliqué. Les troubles et autres monstrueux cafouillages postélectoraux qui secouent le pays ne laissent aucune chance d’aboutissement à la démarche. Mais cette forme de délinquance est encore totalement méconnue en Côte d’Ivoire.

A Abidjan, un haut cadre de la police, conseiller du directeur général de la Sûreté de l’Etat, qui devait nous arranger un entretien avec le premier responsable, a avoué n’avoir pas encore eu vent de la pratique. Le patron du football ivoirien, Jacques Anouma, n’en dit pas plus : « honnêtement, je savais que les jeunes joueurs falsifiaient leur âge pour se donner des chances d’aller en Europe. Mais, j’étais loin de m’imaginer qu’un marché clandestin de passeports existe ».

L’avance des malfrats

Les faits sont graves. Il sied donc, de s’interroger sur leur ampleur. Ne disposant que de la preuve sur une dizaine de cas avérés, nous sommes loin d’avoir cerné le phénomène dans toutes ses dimensions. Toutefois, le fait est établi que des passeports peuvent s’acheter aussi facilement que le pagne Bazin au marché central de Bamoko ou la banane plantain, « aloco » au marché de Treichville d’Abidjan. Partant, les filières illégales ont un bel avenir devant elles. Leur multiplication, si ce n’est déjà fait, n’est qu’une question de temps, tant le terreau est fertile. En outre, on ne lève pas les armées contre un ennemi dont on n’a pas connaissance de son existence ou de sa nature.

Le Mali qui dispose d’une avance sur ce sujet, n’a pas pour autant une stratégie pour une riposte à la taille du forfait. Un programme, Récemment administratif d’à vocation d’Etat-civil (RAVEC) qui est censé sécuriser les pièces d’identité, est attendu comme le remède définitif. Pas sûr que le fléau soit anéanti. En attendant, la crédibilité de certains actes officiels des Etats sera entamée. De même, cette criminalité d’un autre genre organise une autre forme de fuite de talents, au détriment du football burkinabé. Les joueurs transférés sur la base de documents d’identité maliens ou ivoiriens par exemple, se volatiliseront ainsi, dans la nature.

D’autres en viennent même à renier leur pays d’origine, définitivement. Ce jeune joueur burkinabé que nous nommerons Moussa, de la diaspora ivoirienne, a répondu à l’appel de la Nation pour la sélection nationale des cadets. Mais, grande sera son amertume quand sa demande de passeport civil introduite a essuyé une fin de non recevoir. Très remonté, il reprendra « le chemin de l’exil » sportif, au bord de la Lagune Ebrié. Appelé aujourd’hui en sélection nationale des juniors, il a énergiquement repoussé l’offre.

Les sélections nationales africaines étant quasiment alimentées sur la base du réservoir de professionnels, tout pays souhaite en avoir en grand nombre. Nous n’appelons pas à la délivrance du passeport à tout vent. Mais à l’intersection de ces postulats, prend naissance un serpent de mer. Comment peut-on élargir le réservoir des professionnels burkinabé, tout en préservant la crédibilité des documents officiels ? La tricherie étant la chose la mieux partagée dans les milieux du football en Afrique-subsaharienne, c’est assurément par là, qu’il faut commencer.

Jérémie NION


La naturalisation légale au Mali et en Côte d’Ivoire

Le passeport est un des témoins du pays d’origine de son détenteur. Partant, il ne peut et ne doit être délivré que si et seulement si la preuve est établie que le demandeur jouit de la nationalité du pays en question. La nationalité se revendique ou s’acquiert sur la base de règles juridiques bien définies et déclinées par le code de la nationalité.

Le code de nationalité du Mali définit clairement, les voies et recours pour une naturalisation. Il s’agit de l’adoption, art 20, des liens du mariage, art 23, le droit de sol (art 27) ou par décision de l’autorité publique. En tout état de cause, l’article 29 indique que nul ne peut être naturalisé, s’il n’a depuis cinq ans au moins sa résidence habituelle au Mali, au moment de la présentation de la demande…

En Côte d’Ivoire, c’est la loi no 61-415 du 14 décembre 1961 portant code de la nationalité telle que modifiée par la loi n° 64-381 du 7 Octobre 1964 relative aux dispositions diverses et portant modification des articles 11 et 21 décembre 1972 portant modification du code de la nationalité, qui précise les contours de la question. On peut devenir ivoirien en raison de la naissance sur le territoire ivoirien si on remplit les conditions posées par le code. L’enfant légitime né en Côte d’Ivoire ou pas de père et de mère ivoiriens ou l’un des deux, est ivoirien. L’enfant naturel né en Côte d’Ivoire ou pas, peut être ivoirien, si sa filiation est établie à l’égard d’un des parents lui-même ivoirien.

La nationalité ivoirienne peut s’acquérir sous d’autres formes. Une personne non née en Côte d’Ivoire peut devenir Ivoirien par voie de naturalisation par le lien de mariage, par l’adoption. La loi précise ici, aussi que l’étranger qui fait la demande de naturalisation, doit non seulement résider en Côte d’Ivoire au moment de la signature de son décret de naturalisation, mais également doit avoir sa résidence habituelle en Côte d’Ivoire pendant les cinq (5) ans qui précèdent sa demande. Le passeport ne s’acquérant qu’une fois la nationalité prouvée, toute formule permettant de se l’octroyer est en marge de la loi et passible d’une lourde peine.

J. N.


Les peines encourues selon la loi au Burkina

Le code pénal burkinabè qualifie l’acte de fraude sur les papiers d’identité de « faux en écriture ». L’art 276 du code pénal stipule que « le faux en écriture est l’altération frauduleuse de la vérité accomplie dans un écrit par un des moyens déterminés par la loi et de nature à causer un préjudice à autrui ».

La loi peut appréhender l’acte de deux manières : « l’écriture publique » et « l’écriture privée ». Le faux dont il est question dans notre enquête relève de la première notion, « l’écriture publique (qui) est l’œuvre, ou est réputée être l’œuvre d’un fonctionnaire (art 277) ». Elle se manifeste par : fausse signature, altération des actes, supposition ou substitution de personnes…

La loi qualifie de criminel, l’acte en ce sens que les art. 278 et 279 punissent d’un emprisonnement allant de 5 à 10 ans tout fonctionnaire coupable de faux en écriture. Mais la loi prévoit aussi une peine privative de liberté allant de 5 à 10 ans (art 280) « toute personne que celle déjà désignée à l’article précédent qui commet un acte en écriture authentique ou publique ».

Enfin, la loi dispose qu’en cas d’usage de faux, c’est-à-dire l’utilisation du faux par un usager, l’auteur en soit également puni. Mais là, l’acte est passé comme un délit, la peine devant être comprise entre 2 et 5 ans, conformément à l’article 283 du code pénal. En tout état de cause, une fois que la preuve du faux est établie, les documents en question sont confisqués et déposés au greffier pour destruction prochaine.

J. N.

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