Actualités :: Démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso : Le sens d’une retraite (...)

La démission annoncée de l’Archevêque de Bobo-Dioulasso, Mgr Titianma Anselme Sanou a suscité des interrogations auprès de nos nombreux lecteurs qui se demandent ce que peut bien vouloir dire une telle « démission »... Dans le vocabulaire civil, ce mot est souvent entaché d’un non-dit qui laisse penser à un désaveu. Qu’en est-il dans l’Eglise Catholique ? L’Archevêque aurait-il été victime de quelque chose dans les hautes sphères de la catholicité, à Rome ?

Que tant de burkinabé, toutes tendances religieuses confondues continuent à s’interroger sur le départ à la retraite de Titianma ( : … celui qui a la vérité ou encore celui qui est du côté de la vérité…) Anselme Sanou est la preuve que cet homme vif, d’allure à la fois athlétique et ascétique, ne manquent pas d’intriguer. Plus d’une fois, même sous l’orage, il a donné avec abnégation sa pierre pour la construction de la Maison commune, le Burkina Faso. Il est normal, pensons-nous, que ses compatriotes se demandent ce qui lui arrive. Pour rassurer les uns et les autres, la démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso n’est pas l’expression d’un désaveu de son Eglise.

En effet, au terme des deux paragraphes de l’article 401 du Droit Canon, tout évêque de l’Eglise Catholique doit rendre sa démission lorsqu’il a 75 ans accomplis. Il peut présenter sa démission au Pape avant ses 75 ans pour raison de convenances, pour lui-même, pour son diocèse et pour Rome, car il s’agit de favoriser le passage de témoin à un successeur au moment favorable.

Le terme canonique pour traduire cette démission, c’est l’expression « renonciation à la charge pastorale », afin qu’elle puisse être confiée à une autre personne... Toute renonciation de la fonction d’évêque ou d’archevêque exprimée auprès du Pape fait l’objet d’un double examen : le Pape et ses conseillers examinent d’abord le bien fondé de la requête, et ils examinent ensuite les questions liées au remplacement et surtout au remplaçant. Celui-ci est désigné sur une liste de trois noms que le Nonce Apostolique présente au Pape. Et ce, après consultation du collège épiscopal et d’autres responsables d’église (prêtres, religieux) du pays et du diocèse concerné. Pour le cas présent, Monseigneur Paul Ouédraogo, évêque de Fada N’gourma a fait partie de cette liste sélective et a eu les faveurs de Rome pour être nommé Archevêque de Bobo-Dioulasso.

Dans les conditions normales de la gestion vaticane des ressources humaines, l’élu est informé de sa nomination. Son point de vue compte, mais c’est l’intérêt général qui l’emporte, que ce soit pour Fada-Ngourma, Bobo-Dioulasso, Cotonou ou de Sarajevo. Ce qui donne à l’Eglise son « caractère universel » qui n’est pas très éloignée de « l’idée d’humanisme ». Le Droit Canon est la Loi fondamentale de l’Eglise catholique, une des plus vieilles Constitutions du monde. Le Droit Canon, qui s’est sans doute parfois revigoré pour raison d’inculturation, est contemporain du droit romain.

Intronisation le 19 décembre 2010

Comment se fait alors l’installation du successeur de l’archevêque démissionnaire ? L’installation de Mgr Paul Ouédraogo sur le trône de l’archevêque de Bobo-Dioulasso, aura lieu le 19 décembre 2010. Ce sera au cours d’une messe, dite Messe d’installation. Au cours de cette Célébration, les prêtres relevant de l’archidiocèse de Bobo-Dioulasso prêtent obédience au nouvel archevêque, une manière pour eux de manifester leur adhésion au choix de leurs supérieurs et leur soutien à leur supérieur entrant. Au cours de la messe, Mgr Paul Ouédraogo se verra remettre sa crosse, celle qu’il avait à Fada, par le Nonce apostolique, représentant du Saint-Père. La crosse est le symbole, dans l’Eglise Catholique, de la fonction ecclésiale de berger, de pasteur, de guide spirituel.

Il s’agit d’une messe de passation de responsabilité, pour employer une expression plus prosaïque, bien sûr dans une logique de succession et non de remplacement. Car, après le 19 décembre 2010, l’administrateur apostolique, titre intérimaire de Monseigneur Titianma Anselme Sanou, va jouir d’une retraite bien méritée.

Devenu évêque à 37 ans, cas plutôt rarissime, il peut maintenant s’adonner à des tâches sans doute aussi nombreuses et importantes qu’avant, dans sa vie active, mais tout de même moins contraignantes sur le plan administratif. Habituellement, l’évêque catholique à la retraite prêche des retraites, guide et soutient les jeunes, surtout ceux qui se laissent tenter par la vie sacerdotale, anime des conférences, accompagne des couples chrétiens, s’implique dans l’organisation d’associations qui s’ouvrent à lui. Voilà ce à quoi celui que le Vatican honore déjà du titre d’archevêque émérite de Bobo-Dioulasso va se donner corps et âme, comme il savait déjà le faire.

Le souhait de nombreux burkinabè et non-burkinabè est de voir l’archevêque émérite de Bobo-Dioulasso prendre du temps pour écrire et surtout publier. Titianma Anselme Sanou a fait des études remarquables sur les traditions de sa famille culturelle. C’est une personne ressource sur les traditions africaines et les approches d’inculturation de l’Eglise catholique. Ses publications pourraient maintenant être servies aux générations futures comme nourriture spirituelle pour leur maturation humaine. Sa thèse de doctorat a porté sur ce difficile passage du « Do au Credo », c’est-à-dire du dieu de ses pères à l’affirmation de la foi chrétienne catholique.

Il a été honoré, selon nos informateurs, de la Mention « Cum Maxima Laude ». Pour ceux, qui, comme nous, n’entendent pas grand-chose au latin, on peut traduire : Mention, « on dit pas », une mention qui récompense rarement les candidats au doctorat de théologie, à Rome. Du reste, il a montré, par la suite, à travers l’enseignement au grand séminaire de Koumi notamment, dans ses nombreuses prédications, l’accompagnement des jeunes, le rayonnement dans la gouvernance nationale dont il a fait montre, que dans la course à l’excellence, il mérite la plus haute distinction.

Ibrahiman SAKANDE


L’église catholique, une organisation…

Dans la hiérarchie des responsabilités et le découpage administratif chez les Catholiques, le Curé est à la tête d’une paroisse (la paroisse de Kokologho par exemple). L’Evêque dirige un diocèse, composé d’un ensemble de paroisses. L’archevêque ne dirige pas… Il coordonne la pastorale sur plusieurs diocèses (province ecclésiastique).

C’est pourquoi les évêques de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou, par exemple, sont appelés archevêques. Ils ont, chacun, plusieurs diocèses sous leur autorité et 4 à 5 fois par an, ils ont des rencontres avec les évêques qu’ils coordonnent. Celui de Bobo-Dioulasso a sous son ministère les diocèses de Dédougou, Banfora, Dédougou et Nouna. Le Pape est le guide spirituel de tous les diocèses de la chrétienté catholique mondiale.

I. SAKANDE


Que devient Fada N’gourma ?

Jusqu’à la date du 19 décembre 2010, autant Mgr Paul Ouédraogo ne peut intervenir à Bobo comme archevêque, autant il reste le patron du diocèse de Fada. Ce ne sera qu’après la messe par la prise de possession canonique du siège, dimanche 19 décembre prochain, qu’il deviendra le premier responsable de l’église bobolaise. Dès lors, les fidèles de l’église de Fada devront, sous une semaine, se donner un administrateur, pendant que le prêtre le plus âgé gère les instances…

On sait que pour avoir déjà été administrateur, il ne peut être élu, quel qu’en soit la forme, par le collège des consulteurs de l’église de Fada N’gourma. Celui-ci sera chargé d’administrer la vacance du siège jusqu’au jour où le Pape décidera, par le truchement du Nonce Apostolique, de « donner à Fada », un Evêque… Les pouvoirs de l’administrateur diocésain sont très différents de ceux d’un évêque. Il est tenu de s’adresser à son archevêque métropolitain pour toutes les questions qui le dépassent. C’est le cas, par exemple, pour la « bénédiction des huiles bénites » pour les prêtres…, pour les baptêmes, pour les malades.

I. SAKANDE


CURRICULUM VITAE

- 03 mai 1948 : Naissance à Treichville (Côte d’Ivoire)

- 1954-1960 : Ecole primaire à Bobo-Dioulasso

- 1960-1967 : Petit Séminaire de Nasso

- 1967-1968 : Lycée Ouézzin COULIBALY de Bobo-Dioulasso

- 1968-1974 : Grand Séminaire de Koumi

- 1974-1975 : Vicaire à la Paroisse de Tounouma

- 1975-1976 : Vicaire à la paroisse de Bama

- 1976-1980 : Etudiant en Sciences Sociales/Université Nationale de Côte d’Ivoire - 1980-1983 : Curé de la Paroisse de Banfora

- 1983-1986 : Secrétaire Général de la Conférence Episcopale Burkina-Niger

- 1986-1993 : Secrétaire Général de la Fondation Jean-Paul II pour le Sahel

- 1993-1997 : Curé de la Paroisse Cathédrale de Bobo-Dioulasso

- 1997 à nos jours : Evêque de Fada N’Gourma

Diplômes
- 1960 : Certificat d’Etudes Primaires

- 1964 : Brevet d’Etudes du Premier cycle
- . 1968 : Baccalauréat A3

- 1974 : Baccalauréat de Théologie

- 1980 : Maîtrise en Sciences Sociales

Expériences et Distinctions

- Vice-Président de la Conférence Episcopale Burkina Niger (1991-1997)

- Président de la Commission Episcopale de Pastorale Sociale et de l’OCADES (1997-2007)

- Président de la Commission de Pastorale Sociale pour la Conférence

- Episcopale Régionale francophone de l’Afrique de l’Ouest (CERAO) 2000-2007 .

- Membre de la Commission Constitutionnelle (Burkina Faso : 1990)

- Membre du Collège de Sages (1999)

- Grand Maître de l’Ordre National du Lion (Sénégal : 1992)

- Officier de l’Ordre National (2003)

Certifié conforme le 13/12/2010

Paul Yembuaro OUEDRAOGO

Sidwaya

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