Actualités :: La MACO est une passoire : Ces GSP et magistrats corrompus

Le mercredi 30 juin 2010, le directeur régional de la police du centre, le commissaire de police Joseph Zabré, a animé une conférence de presse pour présenter des délinquants notoires spécialisés dans les vols à main armée. Parmi ces délinquants figurent d’anciens détenus évadés. Le directeur régional, las de revoir les mêmes délinquants, n’a pas manqué d’inviter les uns et les autres à prendre leurs responsabilités pour mettre fin aux évasions dans les maisons d’arrêt. L’évasion dans les maisons d’arrêt est devenue un fait banal qui inhibe les efforts des forces de police et de la gendarmerie qui triment jour et nuit au péril de leurs vies à la poursuite des délinquants.

Le directeur régional de la police est visiblement exaspéré. Son ton est monté d’un cran lors d’une conférence de presse récemment. Il a qualifié la MACO de passoire. Le mot a été bien choisi pour qualifier la manière avec laquelle les délinquants que les forces de sécurité traquent dangereusement jour et nuit se retrouvent en liberté dès qu’elles les envoient en prison. Est-ce pour cela que depuis un certain temps, la police et la gendarmerie ont changé leur mode de communication et présentent systématiquement les présumés délinquants qu’elles appréhendent ?

Par cette manière de communiquer, ces deux corps veulent montrer l’opinion qu’elles ne dorment pas. Elles contribuent à leur manière à la lutte contre le banditisme mais leurs efforts sont perpétuellement remis en cause par d’autres personnes dans la chaine de répression de ces délinquants. Ces bandits n’ont plus peur de se laisser prendre par la police et la gendarmerie. Ils savent qu’ils se retrouveront dehors une fois à la maison d’arrêt. Quoi de plus normal que l’on assiste ces temps-ci à une recrudescence des braquages et des vols à mains armées sur les routes et dans les domiciles et que les forces de polices soient obligées de déployer plus efforts dans leur capture souvent au risque de leur vie ? On se rappelle les policiers de Koupèla tombés sous les balles des voleurs qu’ils poursuivaient. Aussi, un jeune gendarme de retour de mission qui a été agressé par des coupeurs de routes. Dans quel état d’esprit se trouvent les éléments des forces de sécurité face à de telles « libérations » ?

Le directeur régional sait de quoi il parle puisqu’il dit détenir des preuves sur des évasions des maisons d’arrêt. Il n’est sans doute pas le seul responsable au niveau de la police ou de la gendarmerie à détenir de telles preuves. Il y a deux ans de cela, à la veille d’une rencontre entre les officiers de police judiciaire, nous avions reçu de la part de certains d’entres d’eux, un coup de gueule pour dénoncer les libérations de complaisance de détenus qu’ils ont du mal à rattraper. Ils menaçaient de publier la liste des autres OPJ qui s’adonnaient à de telles pratiques mais leur mouvement a été étouffé dans l’œuf. Il est temps de rendre public des noms pour que l’opinion soit située sur ces évasions. On imagine aisément que les responsables de cette situation se recrutent dans le milieu judiciaire. L’inspection des services judiciaires a du boulot. Elle devrait être plus regardant dans les maisons d’arrêt et dans les juridictions parce qu’il se passe des choses pas du tout catholiques.

Un œil sur la justice

Comment ces délinquants se retrouvent-ils en liberté ? Dans ce journal, nous avons déjà évoqué le cas d’un délinquant qui a négocié avec la police pour être déféré dans une maison d’arrêt autre que celle dont relève le commissariat ayant procédé à son arrestation parce qu’il sait que dans l’autre maison d’arrêt il sera libéré le plus rapidement possible. Nous avons aussi rapporté le témoignage d’un élément de la patrouille de police qui affirme qu’un délinquant dont la déposition le condamnait dans une attaque à main armée qui venait de se produire, a tenté de corrompre l’équipe de patrouille avec 300 000Fcfa.

L’équipe a refusé et l’a conduit devant la justice. Ce délinquant a été libéré quelques jours après et est revenu sur les grandes voies narguer les patrouilles de police. Cette impunité ne favorise pas le travail des forces de sécurité et les incitent à se laisser prendre par la corruption. Ces types de libération de détenus sont validés de façon légale. Entre les détenus et les magistrats on trouve des GSP qui jouent les intermédiaires dans la négociation des libertés des détenus contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Il existe selon nos informations, un réseau dans certaines juridictions pour de telles pratiques.

Les évasions et les « pitins » des GSP

Certaines évasions se passent avec la complicité des GSP. Des détenus sont déclarés malades alors qu’ils ne le sont pas. Ils sont conduits à l’hôpital et c’est de là qu’intervient l’évasion. D’autres s’évadent lors des escortes à domicile. Toutes ces évasions sont organisées en complicité avec les GSP qui les accompagnent en ce moment.

L’inspection devrait approfondir des enquêtes sur l’origine des « pitins » des GSP. Le terme « pitin » renvoie à l’argent de la corruption reçu par ces GSP. Comment il se collecte ?

Dans les maisons d’arrêt, les demandes de permission ou d’audience avec le procureur doivent être accompagnées d’une somme dont le montant minimal est de 1000F au risque de voir sa demande trainer. Certains gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) menacent les détenus libérés afin qu’ils paniquent et laissent leur dépôt à leur disposition. D’autres se transforment en véritables racketteurs des détenus. S’ils sont informés de la décision de libération d’un détenu, ils l’approchent discrètement pour prendre de l’argent sous prétexte d’intervenir auprès du juge ou du procureur pour sa libération rapide. A la MACO, la porte du grand bâtiment se ferme à 18h00. Il arrive que les détenus cotisent dans un plat déposé par les GSP de garde pour que ces derniers laissent la porte ouverte jusqu’à minuit des fois. Les portables de certains GSP se sont transformés en télécentre. Ils chargent les unités et facturent chèrement les appels des détenus qui le désirent.

C’est ainsi que la police a mis la main sur un réseau de voleurs d’engins dont le chef officiait depuis la maison d’arrêt. Ce qui signifie qu’il est en contact permanent avec le monde extérieur. Dans certaines maisons d’arrêt, l’accès au quartier d’amendement où les conditions sont plus souples est conditionné par la quantité d’argent versée aux GSP. Des GSP s’érigent en véritables agents de liaison entre les détenus et leurs familles. On a enregistré des cas où des GSP ont enceinté ou ont détourné les femmes de détenus, ce qui est contraire à la déontologie du métier. La cupidité des éléments qui composent la chaine de répression des délinquants expose les citoyens à l’insécurité. Le gouvernement doit accentuer les efforts dans la lutte contre ces pratiques en même temps que l’insécurité. Un assainissement s’impose.

PB

L’Indépendant

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