Actualités :: LE SUICIDE : L’espoir de ceux qui n’en ont plus !

Combien de fois vous êtes-vous demandé, face à certaines situations
insurmontables, si la vie valait encore la peine d’être vécue ?
Certains ne se sont pas trop posé cette question ; ils ont choisi de se
tuer eux-mêmes. Parce qu’ils n’avaient plus d’espoir, ils ont préféré
mourir pour ne plus souffrir. Ils se sont suicidés. Dans tous les pays
du monde, des gens se suicident. Le phénomène a d’ailleurs pris une
certaine ampleur ces dernières années. Au Burkina, ils sont plusieurs
centaines d’hommes et de femmes à se suicider chaque année, ou à tenter
de le faire. Vous en connaissez certainement deux ou trois, peut-être
plus. Qu’est-ce qui, en réalité, conduit les suicidaires à ce
choix extrême ? Quelle est l’ampleur du phénomène au Burkina ? Quel
regard la société burkinabè porte-t-elle sur le suicide ? Qu’en disent
la Bible et le Coran ? Dossier spécial…

Ouagadougou, 3 octobre 2004. Awa Ouédraogo, 33 ans, ne voulait pas que
Souley, son mari, prenne une seconde épouse. Alors, elle s’est gavée de
comprimés au petit matin. Transportée dare-dare à l’hôpital Yalgado par
son mari, elle a fini par rendre l’âme, après d’atroces souffrances,
laissant Souley avec 3 enfants sous le bras…

Bobo Dioulasso, 29 octobre 2008. A sa descente de garde, un gendarme de
l’Escadron mobile N°2, rentre chez lui et affute son arme de service. La
cible ? Sa propre tête qu’il perfore d’une balle tirée à bout portant,
depuis sa chambre à coucher, dans l’enceinte de la 2^e région de
gendarmerie. Il a été très adroit. Car, alertés par le coup de feu,
c’est un corps inerte, gisant dans une marre de sang que ses collègues
ont découvert. Point besoin d’hôpital…

Pouytenga, 17 juin 2008. Alors que certains de ses camarades de classe
jubilent à l’annonce de leur admission au BEPC, Aminata Kaboré, 17 ans,
élève au collège Sangoulé Lamizana, n’a pu avaler la pilule de l’échec.
Alors, elle avale des cachets de nivaquine, dans l’intention de cesser
de vivre. Conduite d’urgence au district sanitaire de Pouytenga, elle
passe de vie à trépas, sans laisser le temps aux infirmiers de lui
administrer les premiers soins…

Ouagadougou, 20 mai 2010. Evelyne, une fille de ménage de 16 ans, est
enceinte. « Qui t’a fait ça ? », lui demande sa patronne. Elle pointe du
doigt Eric, le fils du voisin. Ce dernier nie les faits. Dans ce
chambardement, Evelyne profite d’un moment d’inattention dans sa famille
adoptive pour s’asperger le corps d’un litre d’essence et… met le feu !
La bonne volonté des médecins de l’hôpital Yalgado Ouédraogo n’y pourra
rien : Evelyne meurt dans une horreur profonde…

La liste est longue, très longue. Ainsi, au Burkina, comme partout
ailleurs dans le monde, des gens se sont (volontairement) donné la mort.
En français soutenu, on dit qu’ils se sont suicidés. Les cas sont
légion. Combien sont-ils, à cet instant précis, ces hommes et ces femmes
qui, submergés par les tourments de la vie d’ici bas, ne pensent plus
qu’à se mettre une balle dans la tête, se passer une corde au cou,
consommer un poison d’une intense toxicité, dans le but de suspendre
leur existence ? Dieu seul sait. Peut-être que Dieu lui-même ne le sait
pas. Autrement, il les en aurait certainement dissuadés, lui qui donne
la vie et qui est miséricordieux !

Un péché qui conduit en enfer !

Le fléau connait une ampleur à l’échelle mondiale. Les dernières
statistiques disponibles (celles de 2008) indiquent que le nombre de cas
de suicide dans le monde dépasse, chaque année, 800 mille ! Au moins 873
mille personnes se sont donné la mort, suite à différents actes
suicidaires entre le 1^er janvier et le 31 décembre 2008. Ainsi, chaque
40 secondes, une personne se suicide quelque part dans le monde. D’après
les statistiques produites par les Nations-unies, 450 millions de
personnes souffrent, à travers le monde, de troubles psychologiques et
de nervosités. Plus de 90% des cas de suicide sont liés à des troubles
psychologiques et plus particulièrement à la dépression ; c’est-à-dire la
perte d’espoir qu’ils ressentent. Le suicide, selon les mêmes
statistiques, est considéré comme étant la huitième cause de cas de mort
par an aux Etats-Unis d’Amérique. Les hommes sont, à peu près, quatre
fois plus exposés au suicide que les femmes. Cependant, les tentatives
de suicide chez les femmes sont plus élevées que chez les hommes.

Le Coran l’interdit, la Bible le condamne
fermement. Le suicide est pourtant perçu par certaines personnes comme
un acte de bravoure, une décision noble pour défendre leur cause ou les
grosses pertes que l’esprit n’arrive pas à accepter ou à surmonter. Sans
doute par ignorance. Les livres saints (Bible, Coran, etc.) que « Dieu a
descendus pour réglementer la vie des hommes », n’ont pas manqué
d’aborder le cas du suicide. Selon Noufou Tiendrébéogo, président du
comité exécutif de l’Association des élèves et étudiants musulmans du
Burkina (AEEMB), mettre un terme à sa vie est, d’un point de vue
islamique, « un acte suffisamment grave ; un lourd péché qui implique la
punition divine, c’est-à-dire l’enfer ». Le suicide, toujours d’après le
premier responsable de l’AEEMB, est « ni plus, ni moins qu’un acte
d’incroyance ». Ainsi, le Coran aborde la question du suicide avec
simplicité et clarté.

Il ordonne aux fidèles musulmans, « de protéger
leurs vies et de ne pas se donner la mort ». Le « Très haut Dieu » a dit :
« Et ne vous tuez pas vous-mêmes ». [An-Nisae (Les Femmes)/29]. Ceci est
un ordre divin qu’on ne doit pas désobéir. Noufou Tiendrébéogo pense que
celui qui se suicide ne croit pas en Dieu. Et celui qui ne croit pas en
Dieu ne peut pas bénéficier de la miséricorde divine le jour du jugement
dernier. Il perçoit le suicide comme un acte de reniement à la religion.
C’est d’ailleurs pourquoi, lors des obsèques religieuses, le corps d’un
suicidé n’a pas les mêmes égards que celui de quelqu’un qui meurt de
façon naturelle.

L’égal du meurtre !

CercueilSelon la Bible, si une personne non sauvée se suicide, elle n’a
rien fait d’autre qu’un « voyage libre pour le lac de feu ». Ainsi, selon
le pasteur Arthur Ouédraogo, la personne qui s’est suicidée sera, en fin
de compte, en enfer par rejet du salut du Christ, et non pas parce
qu’elle s’est suicidée ». La Bible mentionne quatre personnes spécifiques
qui se sont suicidées : Saül (1 Samuel 31:4), Achitophel (2 Samuel
17:23), Zimri (1 Rois 16:18) et Judas (Matthieu 27:5). Chacun d’entre
eux était un homme mauvais, coupable. La Bible voit le suicide comme
l’égal du meurtre. Dieu est celui qui devrait décider quand et comment
une personne doit mourir. Prendre ce pouvoir dans ses propres mains,
selon la Bible, est un blasphème à Dieu, explique le pasteur Ouédraogo
de l’Eglise centrale des Assemblées de Dieu de Ouagadougou. Selon la
Bible, le suicide est un meurtre, il est une faute. « J’ai de sérieux
doutes sur la véritable foi de quelqu’un qui revendique être un chrétien
et se suicide », affirme le pasteur. Avant de préciser qu’il n’y a aucune
circonstance qui puisse justifier que quelqu’un, surtout un chrétien,
s’ôte « sa propre vie ». Car les chrétiens sont appelés à vivre leur vie
et à laisser à Dieu seul, la décision du moment et des circonstances de
leur mort.

Cette conception religieuse du suicide est quasi identique à celle des
sociétés traditionnelles africaines. Pire, la société traditionnelle
burkinabè est très peu courtoise envers le corps d’un suicidé. Bibata
Zoundi, originaire de la province du Ganzourgou, explique : /« Chez nous,
le suicide est très mal vu du point de vue de la tradition. C’est
pourquoi il n’y a pas de funérailles pour ceux qui se suicident. En
principe, les suicidés sont enterrés là où ils font leur forfait ».
/C’est aussi l’avis de Tchiémoko Konaté, natif du Kénédougou, qui
précise que chez eux, ceux qui se pendent sur un arbre sont enterrés au
pied du même arbre. Et le procédé consiste à creuser juste au-dessous
des pieds du pendu, un trou profond, faisant office de tombe, de sorte
qu’une fois la corde coupée, le corps chute directement dans la tombe.
Ensuite, quelle que soit sa posture dans le trou, on lui verse la terre
dessus.

Dans la province du Mouhoun, c’est exactement le même sort que
l’on réserve à ceux qui se suicident, explique Martin Fofana, originaire
de cette partie du Burkina. Ce dernier précise toutefois que celui qui
est chargé de couper la corde du pendu pour occasionner sa descente
brusque dans le tombeau est tenu d’être adroit et très habile. Car c’est
une corde que l’on ne doit pas couper à plus d’un coup, sous peine de
mort de celui qui se sera porté volontaire pour le faire. Il est donc
recommandé d’utiliser une hache ou un coupe-coupe très tranchant,
capable de couper, d’un seul coup, la corde du pendu, sinon…

Nous voilà en face de Rigobert Ouédraogo
confectionneur et vendeur de cercueils, au secteur 12 de Ouagadougou.
Cet homme est, par ailleurs, le directeur de CERMOB, une société de
pompes funèbres. Il a, de par sa profession, une parfaite connaissance
de la gestion des corps de suicidés. Pour lui, le corps d’un suicidé par
pendaison ne doit pas être envoyé à son domicile. Il en est de même pour
les corps des personnes mortes par noyade, par incendie, par fusillade,
bref, les cas de mort violente. Car, pour lui, c’est une âme violente
qui se dégage de ces corps et ne cherche à faire que du mal. Elle n’est
pas capable de reconnaître son domicile, de faire la différence entre
ses proches et les autres. Elle risque de hanter la famille si on l’y
conduit. Et là, c’est très grave…

Par Paul-Miki ROAMBA


Les facteurs de risques

La famille

Bien que plusieurs facteurs soient associés au suicide, il demeure que
les problèmes familiaux sont parmi les premières raisons invoquées par
les personnes qui se suicident ou tentent de se suicider. Il y a
plusieurs caractéristiques : la présence de conflits parentaux et
conjugaux, des abus physiques ou moraux des enfants, un climat de
violence, l’alcoolisme d’un des parents, l’indifférence d’un des parents
à l’égard du suicidaire, le manque de maturité de la mère, des
difficultés ou une absence de communication, l’incompréhension, le
manque de soutien, etc.

La vie sentimentale

Perdre la personne que l’on aime est l’un des événements les plus
difficiles à surmonter, peu importe l’âge. Par contre, les jeunes
suicidaires sont engagés plus intensément dans leur relation amoureuse
si bien que la rupture laisse des traces très profondes. La douleur est
intense ; elle devient insupportable et le jeune a l’impression qu’il ne
s’en remettra jamais, que sa souffrance n’aura pas de fin.

L’isolement social

Certains suicidaires sont seuls. Et ont l’impression d’être rejetés par
leurs pairs. Cependant, tous les suicidaires ne sont pas nécessairement
isolés socialement. Plusieurs possèdent un réseau d’amis, bien qu’ils
vivent des difficultés relationnelles avec leurs pairs. Toutefois, ils
ne sont pas réceptifs au soutien que peut leur offrir leur entourage.
Ils préfèrent s’en sortir seuls. Ils sont persuadés que personne ne peut
les aider tel qu’ils en ont besoin. L’adolescent suicidaire vit donc un
isolement qui est davantage affectif que physique.

P-M.R


Suicide : mode d’emploi

Suicide. Le mot est d’origine latine. En un mot, c’est l’action d’une
personne se tuant elle-même. C’est aussi la mort que l’on se donne
volontairement. On parle aussi de suicide (au sens figuré), pour évoquer
le fait de risquer sa vie en s’exposant volontairement à un danger. Le
suicide, au sens propre du terme, est un phénomène tragique qui,
malheureusement, ne cesse d’augmenter dans toutes les sociétés du monde.

Que faire face à une situation de profonde détresse, sans aucune voie de
recours, aucun espoir ? Après qu’une série de solutions aient été
tentées et échouées, le comportement suicidaire peut être perçu comme la
seule voie possible.

La tentative de mettre fin à sa vie est ici perçue,
d’après la psychologue Ghislaine Bouchard
, comme l’expression « d’un
désir de changement, de mettre fin à l’environnement dans lequel l’on se
trouve ». De ce point de vue, le suicide devient à la fois une contrainte
et une revanche contre le sentiment d’impuissance à trouver une solution
au problème auquel on fait face. En se donnant la mort face à une telle
situation, l’objectif visé est, non pas de mettre fin à sa vie, mais
plutôt de changer sa vie… mais enfin !...

Les causes du suicide sont de divers ordres. Toujours est-il que l’acte
intervient dans une situation de tristesse, de déception, de désespoir…
du sujet. Il y a toujours un besoin d’en finir pour ne plus souffrir.

Selon des études menées par des scientifiques (sociologues,
psychologues, philosophes, psychiatres, etc.), le facteur le plus
favorisant est la dépression, qui contrôle les sentiments des personnes
prêtes à se donner la mort. Il y a ensuite le désespoir qui incite les
humains au suicide. Les mêmes études indiquent que des personnes peuvent
se suicider, suite au simple fait d’y penser. Le penchant sur l’alcool
ou les drogues peut être l’une des raisons qui entraînent le suicide. De
même, les croyances religieuses envers le suicide jouent un rôle
primordial dans le fait d’accepter ou non l’idée du suicide. La perte
d’une chose précieuse ou une grande défaite peut entraîner une
contre-réaction qui se terminerait par le suicide. Bien d’autres
facteurs psychologiques tels que l’isolement ou la brutalité, toujours
selon les scientifiques, peuvent placer dans la tête d’un individu,
l’idée de se suicider.

P-M.R

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