Actualités :: PROCES ANNONCES DES MALVERSATIONS : Qui osera-t-on juger ?

L’information est venue d’un diplomate européen accrédité au Burkina, en l’occurrence l’ambassadeur du Danemark : les premiers jugements des cas de corruption révélés par les rapports d’inspection auront lieu en juillet. En attendant la confirmation de ces procès par le ministère de la Justice –tout en faisant foi à l’annonce du diplomate qui est sans doute mieux informé que les pauvres journalistes de ce pays à qui on cache bien des choses - on ne peut qu’applaudir des deux mains.

C’est si rare au Burkina, que les affaires de détournement et de corruption arrivent devant la justice ! Dans la plupart des autres pays, des délinquants au col blanc sont traqués, jugés et sanctionnés. Même Gbagbo qui est en situation d’exception a fait jeter en prison les prédateurs de la filière café- cacao. Le vieux Biya que l’on croyait inoffensif a lancé son épervier sur les traces des vautours qui planent et des hyènes qui mangent.

Pendant ce temps, ici au Burkina, ce bien nommé "pays des hommes intègres", on traîne les pieds, arguant du fait qu’on ne veut pas de la justice- spectacle. Soit. Mais le problème, c’est que la justice non spectaculaire, elle aussi, ne vient pas. Pire, il y a comme un laisser-aller total, qui autorise certains, sans doute protégés, à s’adonner impunément à toutes sortes de malversations. De sorte que les Burkinabè sont devenus des Saint-Thomas. Ils attendent de voir pour croire. Et surtout, ils aimeraient bien voir, si procès il y a lieu, qui sera jugé. Si on doit faire venir devant les tribunaux les petits agents subalternes qui ont volé des poulets, pour laisser encore les vrais fossoyeurs de notre économie, ceux qui volent les bœufs, alors, autant nous épargner un tel cirque.

D’ailleurs, ce scepticisme quant à une réelle volonté d’assainissement des écuries d’Augias, est partagé aussi par les diplomates indépendants. Malgré la multiplicité des organes de contrôle et les rapports qu’ils pondent chaque année, on attend toujours de voir la suite réservée à ces dossiers. C’est ainsi que l’ambassadeur du Danemark au Burkina, tout en saluant les procès de corruption, a relevé que « le défi reste toujours le suivi des cas de corruption relevés dans les rapports des institutions de contrôle ». Et d’ajouter que son pays sera très attentif aux procès de juillet. Le pays des vikings, soit dit en passant, est très à l’aise pour parler de ce sujet parce que chez lui, les normes de gouvernance sont très élevées. Ensuite, le pays n’a aucun complexe, parce que n’ayant ni d’anciennes colonies, ni d’intérêts économiques particuliers, encore moins de dividendes politiques à espérer.

La balle est donc dans le camp des autorités burkinabè, qui doivent enfin faire la preuve de leur volonté de combattre l’hydre de la mal gouvernance. Parce que si un signal fort n’est pas donné aux bailleurs de fonds, il y a fort à parier qu’ils ne se montreront plus enthousiastes à financer le développement du Burkina.

N’oublions jamais que les dirigeants occidentaux ont un devoir de justification de l’utilisation de l’argent du contribuable, dont une partie est versée dans le panier de l’aide publique au développement. Il est temps de prendre en compte les résultats des rapports d’enquête pour éviter à la longue de les banaliser. Si les organes de contrôle ont été créés pour installer la peur dans le camp des voyous, cela doit être effectivement le cas. Car à force de mettre le coude sur les rapports accablants ou de ne s’intéresser qu’à certains cas de malversations, on crée l’effet contraire dans l’esprit des gestionnaires de la chose publique : celui que ces gendarmes de l’administration ont des cartouches mouillées qui ne peuvent faire aucun mal.

La nouvelle formule consistant à donner un pouvoir de saisine à certains organes de contrôle est une avancée dans la lutte contre les dérives. Mais si les investigations se font à la tête du client ou si la justice à qui sont destinés les résultats d’enquête ne fait pas son travail, alors, l’ASCE (Autorité supérieure de contrôle d’Etat), les inspections et autres structures de contrôle ne seront que des alibis démocratiques et de transparence. Ils seront juste des épouvantails sans véritable pouvoir. Il est important donc d’encourager tous ceux qui travaillent dans ces institutions de contrôle et qui ont fait le serment de servir le pays. Si un incorruptible se décourage, bonjour les dégâts !

"Le Fou"

Le Pays

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