Suite à l’étude diagnostique sur la prostitution dans la commune de Ouagadougou, la Direction du développement social a initié, le jeudi 8 avril 2010, une journée de réflexion sur la problématique de la prostitution des mineures au Burkina Faso. Cette rencontre a pour objectif, essentiellement, la mise en place d’un cadre de concertation entre les acteurs et les partenaires impliqués dans la lutte.
Le processus de décentralisation en cours au Burkina Faso a conféré aux autorités communales la charge de certaines questions sociales. Au nombre de ces questions, la problématique de la prostitution figure en bonne place. En effet, depuis une quinzaine d’années maintenant, la commune de Ouagadougou, à travers son premier responsable, mène un certain nombre d’actions en vue de lutter contre le phénomène de la prostitution de plus en plus récurrent dans la ville. Les nombreuses descentes des forces de l’ordre sur le terrain ont révélé ces dernières années que la prostitution revêt un visage juvénile.
Face à cette situation, en 2007, la mairie de Ouagadougou, en collaboration avec la Direction régionale de l’Action sociale, a mené une étude en vue d’évaluer l’ampleur du phénomène ainsi que les possibilités de réinsertion socioprofessionnelle de ces mineures. Deux ans après, la présente rencontre apparaît comme une halte pour faire le point des actions menées par la municipalité en faveur des travailleurs et travailleuses du sexe d’une manière générale, et des prostituées mineures en particulier.
Pour Marie Paule Compaoré, directrice du développement social à la mairie de Ouagadougou, « la spécificité de cette journée de travail sera la participation de tous les acteurs à la mise en place d’un cadre de concertation à même de booster le processus de réinsertion socioprofessionnelle des prostituées mineures ». Selon cette dernière, pour venir à bout de ce phénomène de prostitution juvénile, le mal devrait être combattu dès la racine. En effet, il est ressorti de l’étude menée en 2007 que la cause majeure de l’implication des mineures dans la prostitution est la situation de précarité de leurs parents.
Ces derniers, n’étant pas capables de subvenir aux besoins, souvent basiques, de leur progéniture, se murent dans un silence coupable. C’est donc pour sortir de leur situation de marasme social que ces adolescentes, dont l’âge varie entre 12 et 17 ans, se retrouvent à la rue ; à la merci des souteneurs et autres maquereaux. Pour sortir les mineures de ce cercle vicieux, la réinsertion socioprofessionnelle se présente comme la meilleure alternative.
Pour ce faire, les autorités communales ont mis en place, à l’intention des prostituées mineures de l’arrondissement de Nongr-Massom qui a été choisi comme localité test, des séances de formation et d’initiation à des métiers tels que la couture, la broderie et la coiffure. Les majeures professionnelles du sexe sont, elles aussi, mises à contribution dans ce processus de réinsertion. Ces dernières interviennent pour la plupart en tant que formatrices et compte tenu de leur proximité avec les mineures, « le courant passe » facilement.
Alphonsine M. Laure Ido
L’Observateur Paalga
