Actualités :: Drapeau national : Quand il prend d’assaut nos rues

Voici venus des jours où elles s’épanouissent, telles des fleurs d’été. Les couleurs nationales pavoisent de nouveau dans les rues de la capitale, coupe d’Afrique des Nations (CAN) oblige. Mais hors de ce cadre, le phénomène s’observe dans les pratiques quotidiennes des Ouagalais. De l’usage à la vulgarisation, que fait-on du protocole ?

Milieu d’après-midi ce lundi 11 janvier, à la Place du grand Lyon, il y a une petite ambiance de fête. A l’œuvre, une demi-douzaine de jeunes gens jouant du djembé.

Des coups de sifflet agrémentent le rythme, soutenus par un décor de plus en plus courant dans nos rues : quatre drapeaux grand format encadrent le petit périmètre de jeu. Une grande statuette de bronze figurant Yennenga lancée dans une chevauchée sur son étalon y trône. Il y a même un grand drapeau étalé devant le petit ensemble musical.

Le spectacle ne manque pas d’attirer les regards des passants. Renseignements pris, les acteurs du moment ne sont autres, que de jeunes marchands de la « vitrine du bronze », le petit marché d’art qui fait face au Centre culturel français Georges Méliès.

« C’est une manière pour nous de soutenir le onze national, étant donné que les Etalons jouent aujourd’hui », explique Javier Bougouma, jeune marchand de bronze. Pour l’ensemble du groupe, la présence des couleurs nationales est un signe fort. « Pour nous, le drapeau montre non seulement notre appartenance à la patrie, mais aussi le fait que nous sommes de cœur avec les joueurs qui sont en Angola pour défendre nos couleurs ». A un quart d’heure de voiture de là, à la Patte d’oie, (près de Ouaga 2000), Abdourahmane Nikiéma, a lui aussi arboré ses fanions.

C’est la même motivation qui anime ce gérant de vidéo club. Il allie le business au patriotisme. « Les drapeaux affichés un peu partout traduisent notre soutien aux Etalons. Notre souhait est qu’ils gagnent et qu’ils nous ramènent le trophée. Les occasions de sortie des drapeaux chez nous, c’est d’abord le sport où il est question de défendre les couleurs nationales. Ensuite, les célébrations de la fête nationale ».

De son local, un jeune supporter sort pour se prêter à nos quesions. Peint des cheveux aux orteils aux couleurs nationales, Abdoulaye Saba arbore en plus, un accoutrement aux mêmes teintes. « J’ai acheté le tissu à 1250 F le mètre pour me faire confectionner la tenue que je porte.

Le tailleur m’a pris 10000 F ». Prototype de l’inconditionnel, il explique à quel prix il met un point d’honneur à prendre part aux événements sportifs engageant les Etalons, de même qu’aux fêtes nationales. Tout ça à ses propres frais, sans aucune reconnaissance du comité des supporters qui « préfère voyager avec des personnes peu indiquées à l’accompagnement des Etalons ».

Même s’ils n’ont pas effectué le déplacement de Cabinda, à leur manière, les Burkinabè ont manifesté leur soutien à la sélection burkinabè présente à la Coupe d’Afrique des nations, en Angola. Comme si nul n’imaginait l’avant, et l’après-match sans les couleurs nationales, le rectangle de tissu a animé de ses truculences les rues de la capitale.

Comme à la Place du Grand Lyon, tout Ouagadougou a bruissé et bruisse encore de cette flottaison. Le rouge vert frappé de l’étoile à cinq branches flotte allègrement sur les voies, devant les enseignes de boutiques, à l’arrière de certains véhicules (deux et quatre roues confondus), sur les tableaux de bord des voitures, etc. Banalement, nous avons compté plus d’une quarantaine de drapeaux sur un tronçon d’une centaine de mètres, du côté de Kolog-Naba.

Entre usages et méconnaissance du protocole

A l’origine, un drapeau est une pièce d’étoffe attachée à une hampe et servant à la reconnaissance d’un groupe, d’un pays, d’une région, d’une ville, d’une unité militaire ou d’un organisme. La notion de drapeau s’est depuis étendue à toutes les étoffes portant un signe permettant de l’identifier et de lui attribuer une signification.

Appelé étendard, fanion, oriflamme, pavillon, bannière ou couleurs nationales, le drapeau est porteur d’un emblème symbolisant tout une vision, un projet politique, social, etc. Il est support d’un sentiment patriotique et nationaliste exprimé largement par les usagers du drapeau burkinabè rencontrés. Quels que soient son format, sa taille, le support utilisé, la bannière nationale est entrée dans un usage presque domestique qui échappe au contrôle administratif ou « policier ».

A commencer par la commercialisation, le phénomène de l’usage des couleurs nationales s’est vulgarisé, sans s’entourer des observances protocolaires de rigueur. Les petits vendeurs détaillants qui les vendent aux grands carrefours de la capitale disent les importer de l’étranger (les pays d’Asie comme la Chine, les pays arabes comme Doubaï, etc.). Il y en a aussi qui les confectionnent avec l’aide des tailleurs locaux, en dehors de consignes appropriées.

Salif Ouédraogo dit « Le Boss » est bien connu des Ouagalais. Planté à quelques encablures de Ouaga-Inter, sur un bas-côté de la nationale 2, son étal ne peut laisser indifférent, avec son achalandage quelque peu atypique.

Des drapeaux aux couleurs de différentes nations, des couvre-chefs de tous les genres (casquettes, borsalinos, etc.) aux couleurs nationales et d’autres effets d’habillement, le tout agrémenté de tableaux noirs porteurs de messages bien ciblés que l’homme conforme au goût et à la préoccupation du jour. Sur place nous le trouvons occupé, assis à même le sol, à ajuster des finitions sur des drapeaux.

« J’achète le tissu et ce sont les tailleurs qui les cousent. Mais il y a des drapeaux qui viennent de l’extérieur, sur commande. Il nous suffit de lancer commande auprès de commerçants qui vont à Doubaï, Chine et autres”.

Ce marchand de fanions vous dira que son activité n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Quelques inquiétudes enregistrées, qui ne l’ont pas arrêté. Il y a, a-t-il soutenu, des éléments des forces de l’ordre qui sont contre la vulgarisation des couleurs nationales. Ils seraient allés jusqu’à confisquer sa marchandise, au prétexte qu’il n’avait pas l’autorisation de vendre le drapeau national.

Le Boss n’est pas prêt d’oublier le mauvais quart d’heure passé à la gendarmerie, parce que, dit-il, « un député à l’Assemblée nationale a fait que la gendarmerie m’a saisi ».

Des actions avérées ou non, mais somme toute, isolées qui ne permettent pas de porter véritablement un regard sur un phénomène, tout compte fait, louable, si tant est que la vue sporadique ou permanente du drapeau doit susciter le sentiment patriotique et promouvoir en chacun de nous le comportement citoyen.

Hortense ZIDA

Rasmané SIMBRE

Sidwaya

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