Actualités :: CAMBRIOLAGE AU CABINET FARAMA : Qui a fait ça ?
Maître Prosper Farama

Maître Prosper Farama n’en revenait pas. Si sa secrétaire n’était pas
passée au cabinet, après la messe de minuit ce 31 décembre pour
récupérer le chargeur de son téléphone portable qu’elle avait oublié, il
aurait tout perdu. Ou presque. La bonne dame a constaté, très surprise,
que tout le matériel de bureau avait été rassemblé juste à côté de la
porte de sortie. Elle a aussitôt alerté son patron et lui a demandé si
un déménagement était en vue. Déménagement ? Alors que lui-même, premier responsable du cabinet, n’était pas au courant ? Non ! Il venait plutôt de se dérouler quelque chose de terrible. Un lugubre individu est passé par là. Et il a voulu emporter tout ce qui avait de la valeur. Le
dossier Norbert Zongo était juste à côté…

Tous les ordinateurs, toutes les imprimantes, toutes les photocopieuses…
Tout ! Visiblement, le malfaiteur voulait faire crouler le cabinet
Farama. Il avait tout rassemblé et était prêt à disparaître sans laisser
de traces. Mais comme « Dieu ne dort pas », il n’a pas pu mettre en œuvre
sa sale besogne. Pourtant, il était très sûr de lui. Il a voulu mener
son opération en deux actes pour ne pas trop éveiller les soupçons. Et
il a failli réussir : il était sans doute imprudent de garer un véhicule
inconnu devant le bâtiment abritant le cabinet et de passer un temps fou
à rassembler les effets. Quelqu’un aurait pu remarquer ce véhicule
suspect. Surtout que dans cette nuit du 31 décembre au 1^er janvier, les
fêtards ne semblaient pas prêts à dormir de sitôt.

Et si jamais
l’opération venait à mal tourner, quelqu’un aurait pu noter le numéro
d’immatriculation du véhicule. Le voleur a donc d’abord rassemblé tout
le matériel. Il s’en est ensuite allé, espérant revenir chercher son
butin en toute sécurité. Et comme probablement, il s’est dit que le
lendemain était jour férié et que personne ne passerait au cabinet, il a
préféré venir chercher le matériel à l’aube, au moment où, du fait du
froid, tout le monde serait plongé dans un profond sommeil. Echec et
mat ! Me Farama et certains de ses cousins l’ont devancé sur les lieux
pour constater les faits. Ils croyaient qu’il s’était définitivement
enfui. Mais le voleur est revenu sur ses traces. Il a tenté d’ouvrir la
porte à l’aide d’une clé qui correspondait bien à la serrure. Mais un
crochet intérieur l’empêchait de rentrer. Me Farama et ses cousins,
après avoir alerté la police, étaient en train de faire des photos et de
filmer afin d’avoir des pièces à conviction. Celui qui filmait a entendu
le bruit de la clé dans la serrure et est allé ouvrir, se disant sans
doute que c’est l’un des travailleurs du cabinet qui venait d’arriver.
Il était environ 6h 45 ; il faisait donc pratiquement jour. Mais à peine
a-t-il ouvert qu’un individu le bouscule et l’entraîne dans les
escaliers. Puis il le somme de se coucher, sinon… La phrase qui a suivi
a dû faire siffler les oreilles de celui qui tenait la caméra. *« Il m’a
dit : couche-toi, sinon je te bute ! »*, raconte-t-il.

« J’ai tenté de
résister ; et comme il a vu que je ne cédais pas, il s’est mis à fuir.
Je l’ai poursuivi avec la caméra ; j’ai eu le réflexe, à un certain
moment, de filmer. Surtout au moment où il rentrait dans un taxi pour
s’enfuir. Mais il est aussitôt ressorti et a commencé à me menacer ;
j’ai crié au voleur ! Mais les gens étaient plutôt indifférents à mes
appels ». En fait, cela s’explique : le voleur, rusé qu’il est, a tenté
de faire passer son poursuivant pour… le vrai voleur ! Donc un voleur
qui crie au voleur ! Une folle confusion s’est alors installée aux yeux
de ceux qui étaient dans les environs. Le vrai voleur s’est mis au
sérieux, défiant et tentant même de forcer celui qui le poursuivait, de
retourner au cabinet afin qu’il le dénonce auprès de Me Farama. Mais le
cousin de l’avocat a refusé de suivre celui qui, tout à l’heure,
menaçait de le « buter ». « Je n’ai pas eu le temps de vérifier s’il était
armé, mais si j’avais pris ce risque, il aurait pu me buter dans les
escaliers pendant le temps que nous montions au deuxième étage où se
trouve le cabinet ». Et il n’a pas eu tord. Le voleur, faisant semblant
d’aller au cabinet, a pris la poudre d’escampette. Le taximan, avec
lequel il était venu, a, lui aussi, démarré en trombe.

Le voleur était-il en mission ?

La police est arrivée un peu plus tard et a fait les constats d’usage.
Lorsqu’elle est partie, le taximan, probablement convaincu qu’il a
laissé des traces parce que lui et son taxi avaient été filmés, et qu’il
serait tôt ou tard retrouvé, est revenu sur les lieux. Demandant à
celui qui filmait s’il s’était entendu avec… celui avec qui il se
disputait. Il a prétendu ne pas connaître le voleur.

« C’est ce matin qu’il m’a appelé pour me dire de venir le chercher parce qu’il voulait
que j’aille transporter ses bagages. Je l’ai pris à Samandin et je l’ai
conduit à la cité An 3. Il m’a dit de l’attendre dans le taxi et qu’il
allait m’appeler tout de suite ». Selon le taximan, celui qu’il prétend
ne pas vraiment connaître « avait déjà payé le prix de la première
course ». Mais comment peut-il payer à moitié alors que, généralement,
pour aller chercher des bagages et ensuite les transporter d’un endroit
à un autre, on négocie le prix de la course entière ? Lorsque cette
question lui a été posée, le taximan s’est senti un peu gêné. Martelé de
questions, il a commencé à ouvrir certaines pages de cette affaire : « La
première course dont je parle, c’était la nuit. Je l’ai pris vers 22h
devant l’hôtel Palm Beach annexe ; il m’a dit qu’il allait à Samandin ;
c’est là-bas que je l’ai déposé ; il m’a alors dit qu’il m’appellerait
le matin parce qu’il voulait que je l’aide à ramasser ses affaires avec
mon taxi.

Le matin, il m’a bipé d’abord avant de m’appeler ; j’ai
décroché et je suis allé le chercher », raconte le taximan. Mais on ne
sait pas l’heure exacte de l’appel. « Entre-temps, j’ai changé de puce
pour pouvoir informer les forces de sécurité lorsqu’il y avait la
brouille entre celui que j’ai transporté et celui qui filmait ». A-t-il
vraiment changé de puce dans le but d’appeler la police ? Mystère et
boule de gomme. Surtout qu’au départ, le taximan a refusé de donner le
numéro de celui qu’il dit avoir transporté la nuit et très tôt le matin.
Mais il a fini par reconnaître qu’il avait enregistré le numéro dans son
portable. Il s’empresse cependant d’ajouter qu’il ne le connaissait pas ;
« c’est quand il m’a appelé que j’ai enregistré le numéro ».

Il a aussi
prétendu, au départ, qu’il n’avait pas de carte d’identité, refusant
même de dire comment il s’appelait. Mais à la police, il était contraint
de présenter sa carte d’identité. Au moment où nous bouclions cette
édition, les enquêteurs étaient en train d’y voir plus clair. Selon nos
sources, aucun dossier judiciaire n’a été emporté. Mais on ne sait pas
exactement ce que cherchait le voleur. Les données contenues dans les
ordinateurs ? Possible. *Suite au décès de Marcel Kafando*, inculpé dans
l’affaire Norbert Zongo avant de bénéficier d’un non-lieu en 2006, la
crainte se serait installée dans certains milieux. Il nous est revenu
qu’on cherche à effacer toute trace susceptible de relancer le
traitement judiciaire du dossier. Le voleur était-il en mission ?
Question à multiples inconnues…

Hervé D’AFRICK

Le Reporter

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