Actualités :: “Déguerpissement” au secteur n° 29 de Ouagadougou : Controverse autour d’un (...)

Les résidants d’une réserve administrative au secteur n° 29 de l’arrondissement de Bogodogo dans la commune de Ouagadougou, quittent leur zone où une école primaire à six classes va y être érigée au profit de la population. Mais ce départ apparemment convenu de commun accord entre résidants et autorités de l’arrondissement semblent ne plus répondre à la volonté des "déguerpis". Chronique d’une situation arrangée depuis au moins quatre mois, mais aujourd’hui controversée.

Il est 12 h 30 ce vendredi 8 janvier 2010, lorsque nous sommes alertés que des maisons d’habitation sont en train d’être démolies au secteur n° 29 de l’arrondissement de Bogodogo. Vingt minutes plus tard, nous sommes sur les lieux.

L’engin démolisseur était déjà en action et la foule de badauds, tenue à distance par près d’une dizaine d’agents des forces de l’ordre. Par endroits, des gens s’affairent, qui pour décoiffer les tôles de sa maison, qui pour récupérer et rassembler quelques objets dont certains sont restés sous les décombres des maisons démolies.

"C’est hier en fin d’après-midi seulement que nous avons été prévenus de l’arrivée de la machine. J’ai enlevé les tôles de ma maison la nuit avec l’aide de quelques amis. La mairie aurait pu nous informer au moins une semaine avant afin de nous permettre de tout enlever. Tout le monde a été surpris.

Dans cette précipitation, tu peux oublier des affaires importantes, voire te faire voler. Nous savions que nous devions partir mais on ne nous avait pas encore donné nos parcelles. Il a manqué de la manière dans cette opération...", déplore un résidant qui nous montre les tôles, les portes, les fenêtres et d’autres affaires de la famille. Et, d’ajouter : "je n’ai pas encore eu de maison pour louer. Je ne sais donc pas où aller".

Yacouba Sambaré, lui, a plus de chance. Il a trouvé refuge dans la concession paternelle non loin de la zone de réserve où il habitait. "J’ai enlevé les tôles de ma maison la nuit avec l’aide de mes frères. Toutes les affaires de ma famille ont été envoyées chez le vieux...", affirme-t-il. Harouna Zongo, complètement dépité, déblaie les gravats de terre avec le soutien de son ami Moctar Yoda et de bonnes volontés pour récupérer la dalle de ses toilettes après le passage de l’engin..

La pelle entre les mains, il nous confie presqu’en sanglots : "C’est à 4 heures du matin que j’ai décoiffé ma maison. J’ai pu ramasser mes affaires de justesse avec l’aide de personnes de bonne volonté. Nous savions depuis au moins quatre mois que nous devions partir. Mais le délai prévu pour ce départ a été reporté deux fois. Depuis, il n’y a plus rien eu comme information. C’est dans la nuit que j’ai appris par ma femme que l’engin arrivait aujourd’hui...". Tout le monde a été surpris.

Harouna Zongo qui soutient avoir pris l’argent de la scolarité de ses enfants pour payer la caution d’une maison louée en prévision de ce départ dont tous les résidants sont informés depuis quatre mois. Il dénonce lui aussi la manière mise dans la conduite de cette opération.

Il est soutenu par Yacouba Sambaré, Moctar Yoda, Jean-Marie Compaoré et bien d’autres résidants qui affirment que les parcelles leur ont été données quelques jours avant la fête de Noël. "Ils auraient pu nous accorder un peu de temps pour nous permettre de construire car, même avec des moyens, personne ne peut en moins d’un mois, bâtir une maison...", affirment les uns et les autres.

El Hadj Ali Tiendrébéogo, conseiller du secteur, pris à partie par Harouna Zongo de n’avoir pas informé les résidants à temps de la date arrêtée pour la démolition, soutient pour sa part que c’est dans la matinée du vendredi 8 janvier qu’il a eu l’information. "J’ai été surpris comme vous. C’est seulement ce matin vers 8 heures que le maire m’a appelé pour me dire que l’engin arrivait pour la démolition.

Que pouvais-je faire ?", se défend-il. Selon cet élu local, les résidants sont informés depuis fin août que leur zone doit abriter une école primaire. Ils savaient depuis cette date qu’ils devaient partir. "Le recensement a été fait avant le 1er septembre 2009. Mais c’est seulement le 24 décembre dernier que les résidants ont eu leurs parcelles...", note El Hadj Ali Tiendrébéogo.

Que de désagrément

Du côté de la mairie, l’on est surpris de la réaction des résidants. Et le maire Sandaogo Henri Kaboré dit ne pas comprendre car une convention tacite avait été décidée de commun accord. "Lors de leur recensement, les résidants eux-mêmes avaient pris l’engagement de partir dès qu’ils auront reçu leurs parcelles.

A l’époque, ils nous avaient même dit qu’ils étaient prêts à partir le jour où les parcelles leur seront données...", avoue le maire, en précisant qu’il a même reçu un écrit des résidants réitérant cet engagement. "Nous les avons pris au mot. Nous avions aussi pris l’engagement de faire rapidement les attributions. Et les événements du 1er septembre sont arrivés.

C’est pourquoi après le recensement nous ne sommes plus allés les voir. Le jour où nous les avons convoqués pour leur donner les parcelles, j’ai pris la parole pour leur dire que nous avons respecté notre engagement et il fallait qu’eux aussi respectent le leur. Aucun d’entre eux n’a trouvé d’objection. Ils m’ont plutôt acclamé. Et jusqu’à présent, personne n’est venue à nous pour poser un quelconque problème. Je ne comprends donc pas cette réaction de leur part...", relève le maire Henri Kaboré.

Selon lui, la mairie a décidé de construire une école à six classe dans chacune des trois secteurs de l’arrondissement (28, 29 et 30) concernés par le lotissement. Le financement provient d’ailleurs du fonds de lotissement provenant des cotisations des populations des trois secteurs. L’école devait ouvrir ses portes dès la rentrée 2009-2010. "Au secteur 28, les résidants de la zone retenue pour la construction de l’école n’ont pas attendu qu’on vienne leur prier de partir.

Ils sont partis d’eux-mêmes. Pourtant, nous avons rencontré les résidants des deux zones le même jour...", souligne le maire qui poursuit : "je m’attendais à des réactions de ceux qui étaient sur les voies et qui n’ont pas eu de parcelles...". Pour le maire, il n’y en aura pas pour tout le monde car l’opération de lotissement n’a pu dégager que dix huit mille (18 000) parcelles pour cinquante trois mille (53 000) résidants recensés dans l’arrondissement.

Le maire dit s’être renseigné avant d’envoyer l’engin pour la démolition. "L’on m’a dit que 80 % des résidants avaient déjà quitté les lieux...", soutient-il et de se défendre : "Les résidants n’ayant pas trouvé quelque chose à dire, il ne nous appartient pas non plus d’en trouver..." Le moins que l’on puisse dire est que les résidants n’ont pas mesuré la portée de l’engagement. Mais que de désagréments pour bon nombre de résidants contraints pour l’heure, à trouver des nouveaux logis.

Etienne NASSA (Paratena@yahoo.fr)

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