Actualités :: Angola 2010 : « L’invisible » CAN des téléspectateurs burkinabè

Après le Ghana en 2008, voici Angola 2010. Un rendez -vous au sommet de l’élite du football à l’échelle du continent africain. Et comme prévu, cette biennale du ballon rond a pris ses marques hier dimanche avec ce match d’ouverture qui a opposé le Mali à l’Angola, le pays organisateur, dans une ambiance de recueillement, de deuil. Et pourtant tout était bien parti pour que la fête soit belle.

A 48 heures du début de cette fête footballistique, avec l’attaque à la mitraillette du bus transportant l’équipe du Togo, on se doutait bien que cette grande rencontre du football continental n’allait plus tenir toutes ses promesses, en termes de solennité.

En effet, le vendredi 8 janvier, le bus qui transportait l’équipe de football du Togo, les Eperviers, a été mitraillé juste après avoir franchi la frontière du Congo avec l’enclave du Cabinda, ville où doivent se dérouler les matchs de la poule B de la CAN 2010. La description de l’attaque fait froid dans le dos : “On a été mitraillé avec une certaine barbarie à la sortie du Congo Brazzaville ; on a reçu des balles de partout en rentrant dans le territoire angolais.

On a même pris une rafale à l’avant du bus et on s’est tous couchés. Le gardien de buts a reçu une balle dans les reins. L’entraîneur des gardiens et le médecin de l’équipe ont été également touchés”, a expliqué, tétanisé, Thomas Dossévi, un des Eperviers interrogé par la chaîne sportive Infosport.

A ce jour, sauf erreur ou omission, cette attaque aura coûté la vie àdeux membres de la délégation dont le chargé de presse et l’entraîneur adjoint, blessé neuf autres, causant ainsi une psychose certaine au sein de l’équipe togolaise, à Lomé, la capitale, et dans bien d’autres villes de cette ex-Suisse de l’Afrique, à tel point que le gouvernement que dirige l’économiste Gilbert Houngbo a demandé à son équipe nationale de rentrer à la maison. On a vu les images du métronome de l’équipe togolaise, Adébayor, pleurant à chaudes larmes.

Quand on est meurtri à ce point, peut-on encore livrer bataille ? En dépit des promesses réitérées des autorités angolaises de “tout mettre en œuvre pour garantir la sécurité”, et des assurances de la Confédération africaine de football (CAF), les Togolais, eux, ne semblent plus avoir vraiment le cœur à l’ouvrage.

Malgré ce choc, les Eperviers ont décidé de rester en Angola où ils affronteront aujourd’hui à 18H30 TU les Black Stars du Ghana. Mais aux dernières nouvelles, la décision gouvernementale a pris le dessus et les Eperviers doivent se résoudre à regagner le bercail sans avoir livré le moindre match. Quoi qu’on dise, à travers cette attaque, le Front de libération de l’enclave du Cabinda (FLEC) qui a revendiqué cette fusillade et qui promet de récidive,r, aura réussi un grand coup médiatique : il confirme d’abord de belle manière son existence sur le terrain et, ensuite, il met en doute la capacité de la République d’Angola à organiser une rencontre de cette envergure.

Enfin, à travers cette attaque, le FLEC pousse les autorités de Luanda à ouvrir des discussions sérieuses avec lui pour que son terrain de prédilection, le Cabinda, qui a été annexé depuis 1975 au moment de l’indépendance de la patrie d’Agostino Neto et qui est présentement une des dix-huit provinces angolaises, puisse accéder à l’indépendance ou tout au moins, à un statut spécial d’autonomie.

A entendre quelques spécialistes de cette partie du monde, une telle manifestation n’était autre que du pain bénit pour le FLEC, et pour rien au monde, il ne laisserait passer cette idoine occasion de se faire entendre. C’est dire que cette sortie était tout à fait prévisible, même si peu s’attendaient à une violence d’une telle intensité, surtout à l’encontre d’innocents sportifs étrangers.

Si donc à cette CAN, du côté togolais, c’est encore l’onde de choc et la psychose qui s’imposent, au Burkina, le sentiment qui domine, c’est la colère. Au Pays des hommes intègres en effet, on est dans une colère noire contre le coût exorbitant que le détenteur des droits de retransmission audiovisuels demande de payer (environ 800 millions).

Au -delà de ce montant, l’Etat burkinabè y voit un chantage odieux de LC2 AFNEX, détenteur de ces droits de retransmission et a décidé de ne pas y céder. De la facture salée d’un milliard de nos francs au début, les responsables de LC2 AFNEX se sont finalement arc-boutés à la somme de 800 millions. A prendre ou à laisser.

En dépit des bonnes dispositions des autorités de notre pays à y trouver un modus vivendi et face donc à ce qui apparaît comme une supercherie faite aux nations qualifiées, le gouvernement, à qui il revenait de régler cette ardoise salée, a décliné tout simplement l’offre.

Tout en étant conscient de l’engouement suscité par la participation des Etalons à cette CAN, l’Etat burkinabè n’a aucunement faibli en refusant d’apporter sa caution à un tel chantage odieux qui suscite colère et indignation au niveau d’une bonne partie de la population. Et à juste titre. Pour être en colère, les Burkinabè le sont dans leur immense majorité contre la société LC2 AFNEX que dirige le Béninois Christian Lagnidé.

Sans vouloir faire coûte que coûte des comparaisons stériles, que ne ferait-on pas en termes d’écoles, de dispensaires et d’autres actions en vue de lutter contre le chômage qui mine une bonne partie de la population ? Pourquoi véritablement gaspiller autant d’argent, lorsque personne n’ignore que les stigmates des inondations du 1er septembre 2009, sont encore présents dans toute leur horreur ?

A ce jour, sur cette ardoise corsée de 70 milliards nécessaires pour réparer le désastre causé par ce déluge, et sauf erreur ou omission, nous n’avons pu réunir en tout et pour tout qu’une dizaine en dépit de l’immense élan de solidarité nationale et internationale.

A écouter les spécialistes en droits de retransmission, le plus désarmant, c’est que d’année en année, on assiste à une hausse exponentielle qui semble difficilement se justifier. En effet, de 2004 à 2010, ceux-ci ont connu une augmentation exponentielle d’environ 1000%, soit de 105 millions à 2004 à environ un milliard pour la CAN 2010 sans qu’on ne comprenne trop pourquoi une telle inflation.

Si nous acceptons sans rechigner de délier le cordon du Trésor public aujourd’hui à hauteur de 800 millions, peut-être que dans quatre ou six ans, nous serons contraints à verser 2 milliards pour avoir le droit de suivre, à travers “La chaîne au cœur des grands évènements”, 22 individus se pourchassant autour d’un ballon. Et véritablement, que ne fera-t-on pas avec une telle somme en termes de bien-être social ? C’est pourquoi, il faut saluer à sa juste valeur la décision prise par le gouvernement, qui est, réfléchie et très rationnelle

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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