Actualités :: CHOMAGE AU BURKINA : Critique du système Compaoré

Apparemment, la précampagne a déjà commencé pour ce militant du PAI. Dans l’écrit ci-dessous, il dénonce en effet le chômage des jeunes au Burkina que, selon lui, le président Compaoré n’a pu juguler.

Lors de la dernière campagne pour l’élection présidentielle, en 2005, un petit nombre de candidats ont mis l’accent dans leurs propositions sur la résolution de la question du chômage dont sont victimes de nombreux jeunes, non qualifiés ou diplômés, qui souffrent plusieurs années durant, avant de trouver un emploi régulier à la hauteur de leur qualification.

Dans le programme qu’il a présenté et diffusé, intitulé Bâtir ensemble une nation forte, démocratique et solidaire : un autre Burkina est possible, le candidat Philippe Ouédraogo, avant de décliner ses propositions de solutions, écrivait notamment : "Le chômage frappe actuellement bien des couches de notre société, mais surtout les jeunes, devant lesquels ne s’ouvre aucune perspective quand ils arrivent à l’âge actif. C’est un mal corrupteur de notre nation, car c’est le travail qui donne un sens à la vie et insère l’homme dans la société." Mais l’issue du scrutin ne lui a guère laissé la possibilité de mettre en pratique ses solutions. C’est Blaise Compaoré que les Burkinabè ont élu président. Mais voilà que, quatre ans plus tard, pour la majorité des jeunes Burkinabè, les perspectives d’emploi restent toujours aussi sombres.

Selon l’INSD (Institut national de la statistique et de la démographie), la situation de l’emploi est caractérisée par un taux de chômage élevé, notamment dans les centres urbains (18,32% à Ouagadougou et Bobo Dioulasso et 10,10% pour les villes secondaires), tandis qu’en milieu rural, les réalités climatiques et pluviométriques créent une situation de sous-emploi (40%) que l’exploitation des retenues d’eau quand elles existent, l’élevage de case, l’embouche ovine ou bovine, atténuent partiellement.

Le marché de l’emploi au Burkina Faso est caractérisé par une demande très forte face à une offre d’emploi très limitée. Par exemple, l’ANPE à inscrit en moyenne 35 000 demandeurs d’emploi par an entre 1990 et 1992 contre 3600 offres d’emploi. Des milliers de jeunes diplômés (du secondaire ou de l’université) arrivent sur le marché de l’emploi chaque année, alors que la Fonction publique, qui a été longtemps leur principale pourvoyeuse d’emplois, a fortement et volontairement réduit ses recrutements à partir de 1985. Ainsi, en 2008 la Fonction publique a enregistré des demandes de candidature estimées à plus de 300 000, pour 9 929 places de recrutement, essentiellement dans l’éducation (primaire surtout) et les services financiers (régies de recettes et Trésor).

Cette pression de la demande sur l’offre d’emplois souligne l’importance et l’urgence du défi à relever au Burkina Faso dans le domaine de l’emploi des jeunes. Et pourtant, les politiques initiées par le gouvernement et appuyées, sinon suggérées par les bailleurs de fonds, et censées être centrées sur la lutte contre la pauvreté, ne prennent pas encore l’emploi comme un problème transversal et majeur à résoudre. Elles ne peuvent donc pas répondre à la problématique de l’emploi chez les jeunes, et notamment chez les jeunes diplômés qui, sauf pour ceux issus de quelques filières particulières, continuent en moyenne à connaître de deux à cinq années de chômage continu avant leur première embauche.

"Malgré les promesses, le chômage des jeunes est toujours poignant"

Tous les hommes politiques, à commencer par ceux du pouvoir, proclament volontiers que la jeunesse est le fer de lance de la Nation, qu’elle est la force sur laquelle repose l’avenir et le devenir du pays, qu’il faut la préparer soigneusement à assumer le rôle essentiel qui doit lui revenir dans le développement économique et social du pays et que sans l’intégration de ses préoccupations dans les politiques actuellement mises en oeuvre, il n’y aura pas de développement harmonieux et durable.

Nous sommes à moins d’un an de la prochaine campagne présidentielle à laquelle Blaise Compaoré va encore se présenter, vingt trois ans après avoir pris le pouvoir. Malgré les promesses de campagne de 2005, le chômage des jeunes est toujours aussi poignant. Il déclarait avec la témérité sans risque des professions de foi sans lendemain : (Cf Le progrès continu pour une société d’espérance) : "L’emploi est au coeur des préoccupations de mon programme. L’insertion professionnelle des jeunes assure un dynamisme économique à notre pays. Le gouvernement mettra en place, avec nos partenaires au développement, des programmes ambitieux de création d’emplois et de résorption du chômage. L’Agence nationale pour la Promotion de l’Emploi sera invitée à moderniser les techniques de prospection, d’analyse et de suivi des évolutions et nouveautés qui surviennent sur le marché afin de mieux orienter les demandeurs d’emploi. ….. En appui aux efforts pour une meilleure connaissance du marché du travail, le gouvernement procèdera périodiquement à une enquête “main-d’oeuvre et démographie."

Quatre ans après, et à un an de la fin de son mandat, où sont les "programmes ambitieux de création d’emplois", les "techniques modernes" de "prospection, d’analyse et de suivi" du marché de l’emploi dont devait se doter l’ANPE ? Où sont les enquêtes périodiques "main d’œuvre et démographie" ? Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est vraiment plus qu’urgent pour Blaise Compaoré, son CDP et son gouvernement, de faire une étude précise et actuelle sur le chômage et l’emploi et de développer une stratégie opérationnelle de création d’emploi.

Blaise Compaoré et son gouvernement disent vouloir faire du Burkina, d’ici à 2015, un pays émergent. Les questions sont les suivantes :
- Peut-on faire du Burkina un pays émergent d’ici à 2015 avec une majorité des jeunes au chômage ?
- Peut-on faire du Burkina un pays émergent d’ici à 2015, lorsque des jeunes par manque d’emploi, se donnent comme activité la création d’associations multiples dont certaines pour soutenir les hommes qui n’ont pas de stratégies de création d’emplois afin de bénéficier des maigres subsides ?

- Peut-on faire du Burkina un pays émergent d’ici à 2015 quand par exemple les jeunes musiciens se croient obligés de brader leur travail de création pour des "prodada", plaçant dans leurs chansons, ici et là et sans raison des "maman Chantal" par-ci, des "tonton Blaise" par là, à moins que ce ne soit des "papa Kanazoé" ou autre "Abdoulaye de Gourcy" ? Pour quelques maigres gombos, le travail de création fait place à un exercice minable de "griotisme", répétant de manière indécente les noms de membres de la famille présidentielle ou de quelques riches pilleurs de l’économie nationale. Franchement, peut-on économiquement décoller avec une telle mentalité ? Sans aucun doute, la réponse est "NON ! NON ! Et NON !". Alors compatriotes burkinabé, ne nous laissons pas berner à nouveau ! Ce qu’il n’a même pas amorcé en 23 ans de règne, Blaise Compaoré ne peut le réaliser en 5 ans ! Tenons-en compte à l’heure où avec la multitude de ses partisans, essentiellement soucieux de manger pour eux-mêmes, il essaiera à nouveau de nous convaincre du contraire.

Abdou Salam Ouédraogo

Militant du Parti africain de l’indépendance Secteur 17 - Ouagadougou

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