Actualités :: Société civile au Yatenga : Un panier à crabes

Les organisations de la société civile au Yatenga n’ont pas pu transmettre au terme du délai qui leur était imparti, les deux noms de leurs représentants pour la Commission électorale provinciale indépendante. Le groupe du président de l’AREDA n’a pas pu faire accepter les deux délégués qu’ils avaient désignés au cours d’une rencontre depuis le 13 décembre 2009.

Les contestataires du 18 décembre qui avaient fait la proposition de se faire représenter par les religieux et les coutumiers n’avaient que le nom des représentants des religieux avant l’expiration des 48 heures. Les coutumiers se sont gardés de transmettre un nom.

Naaba Kiba qu’ils attendaient après sa cérémonie rituelle pour avoir ce nom a préféré jouer la carte de la prudence. Dans la soirée du dimanche 20 juin 2009, le premier responsable de la chefferie coutumière a écouté les versions des deux protagonistes avant de les inviter à revenir le dimanche prochain pour le choix des deux représentants.

Tout en les conseillant de se donner la main, le roi a pris la responsabilité sur lui de prendre contact avec la CENI, pour la convaincre d’attendre un choix plus consensuel des deux représentants de la société civile. En adoptant cette attitude, Naaba kiba du Yatenga sauve un peu l’image de l’autorité coutumière.

Son premier ministre, le Toogho Naaba s’était fait piéger par les deux clans. Bien qu’il n’ait pas été physiquement à la rencontre du 13 décembre 2009, c’est son nom et celui du président de ladite rencontre, le prétendu Coordonnateur de la société civile du Nord, Tasseré Savadogo dit « Tass Tass » qui avaient été proposés pour la Commission provinciale électorale indépendante. Au cours de la même rencontre, des choix ont également été faits pour l’ensemble des démembrements de la province du Yatenga.

Sur le procès -verbal de ladite rencontre, figure bel et bien le tampon du Toogho naaba et sa signature. Pour bien parfaire les choses, on a pris le soin de noter devant le nom de chaque responsable désigné, le nombre de fois qu’il a figuré dans les démembrements de la CENI. Le procès- verbal adressé au haut-commissaire du Yatenga porte la précision suivante pour le choix des représentants de la CEPI du Yatenga, le choix s’est effectué sur proposition. C’est ainsi que sa majesté le Toogho Naaba, Ouédraogo Amadé, Premier ministre du roi et M. Savadogo Tasséeré de l’AREDA furent proposés et adoptés par l’assemblée par acclamation.

Aussi, le choix des représentants de la société civile dans les CECI dans les différentes communes a été fait sur proposition et l’approbation de toutes les composantes de la société civile présentes. « Nous souhaitons que le choix opéré par l’assemblée générale des organisations de la société civile soit respecté par les différends préfets des départements lors des rencontres du 18 au 20 décembre 2009, période choisie par la CENI pour la mise en place des démembrements de la CENI du Yatenga ».

A la rencontre du 18 décembre 2009, avec les autorités provinciales et le commissaire de la CENI, les procès-verbaux devant porter les noms des représentants de la société civile qui seront désignés dans les 48 heures ont été confiés au Toogho Naaba avec l’accord de toute l’assemblée. Il a donc eu tout le temps de savoir que les choix du 13 décembre n’ont pas été faits dans les normes.

Pourquoi est-il revenu dans la soirée du 18 décembre pour demander à l’assemblée d’adhérer à cette liste ? Suite aux contestations, il a renoncé à sa mission de président de la séance avant de revenir sur sa décision. C’est après qu’on s’est rendu compte que les procès-verbaux qu’ils détenaient ont été emportés par le Coordonnateur de la société civile. Il ne manque pas de gens qui disent que c’est certainement avec sa complicité que les procès-verbaux ont disparu. C’est dire jusqu’ à quel point l’autorité coutumière à été mise à rude épreuve dans cette histoire.

Cette désignation des représentants des démembrements de la CENI est venue mettre à nu les comportements malsains qui règnent au sein de la société civile au Yatenga. Quand le président de l’AREDA, Tasseré Savadogo, accuse ses détracteurs d’être de connivence avec des politiciens qui veulent le nuire, il oublie de préciser qu’il est sorti du même moule.

Banni du CDP, suite à une bagarre lors des renouvellements des structures de base de ce parti en 2000, il a trouvé refuge au niveau de la société civile. Ses détracteurs ne manquent pas de chanter à qui veut l’entendre qu’il a participé au dernier congrès du CDP avec le badge de cadre du parti. C’est dire donc que ce sont les caïmans d’une même marre qui se règlent les comptes. Le pourrissement de la société civile au Yatenga a pris de l’ampleur avec la mise en place de la Coordination régionale en 2004. Usant de subterfuges l’équipe actuelle s’est emparée de la coordination pour assouvir ses ambitions personnelles. Les activités de la plupart des associations membres de cette coordination se limitent à leurs participations aux démembrements de la CENI lors des différentes élections.

Des associations créées à des fins alimentaires comme « Justice pour tous ; SOS violence politique, SOS civisme, Association des femmes pour la défense des libertés de la justice, etc.… », dont on ne voit les sigles qu’à travers les procès-verbaux des rencontres du genre de celle du 13 décembre 2009. Là où le bât blesse, certains de cette coordination de la société civile détiennent par devers eux des faux récépissés d’associations qu’ils partagent aux élèves des lycées et collèges pour mettre leurs adversaires en minorité dans les différentes instances où il y a des votes. Ils prennent le soin de les récupérer à la fin de la sale besogne.

Quand beaucoup veulent faire prévaloir les expériences qu’ils ont accumulées en matière d’élection, cela fait sourire les observateurs avertis. Jamais une élection présidentielle n’a été entachée de fraudes massives au Yatenga comme celle de 2005. De tels faux documents ne peuvent être établis sans la complicité des démembrements de la CENI dans la localité. Quand on a commencé à parler de l’informatisation du fichier électoral à l’approche des élections municipales de 2006, le siège de la Commission provinciale électorale indépendance (CEPI), abritant également la commission communale, a mystérieusement pris feu.

Peut-on convaincre quelqu’un que cet incendie n’a pas été provoqué à dessein pour effacer toute trace d’irrégularités. Il a fallu attendre les élections législatives de 2007 pour voir la mauvaise foi des dirigeants des démembrements de la CENI, les mêmes qui s’excitent actuellement, s’étaler au grand jour. Certains d’entre eux ont récupéré les cartes d’électeurs dans les mains des agents chargés de la distribution pour les revendre à des responsables de partis politiques. Nous avons dénoncé cet état de fait dans nos colonnes à l’époque.

Il faut avoir le courage de l’avouer, beaucoup de gens qui s’agitent actuellement autour des démembrements de la CENI sont des gens sans scrupules qui ne voient que les dividendes qu’ils peuvent en tirer. Une bonne partie des membres de la coordination de la société civile au Yatenga est une bande de marchands qui veulent se faire une place au soleil ou s’enrichir par la courte échelle.

Ces derniers temps, un recensement est en train de s’opérer afin de contrer les velléités des usurpateurs qui ternissent l’image de la société civile. Du Lorum en passant par le Zondoma les associations dénoncent les agissements de la coordination de la société civile du Nord, tout en s’organisant pour éviter l’infiltration des associations fictives.

« Nous en avons marre des agissements de notre coordination. Toutes les décisions se prennent sans concertation. L’heure de la démocratie véritable commence à sonner au sein de nos rangs », martèle Germain Ouédraogo, responsable de l’ Association pour la relance culturelle et artistique au Nord. L’autorité coutumière gagnerait à agir avec beaucoup de discernement afin d’éviter que de faux bons Samaritains se cachent derrière le pouvoir du roi pour des intérêts personnels. Ces derniers temps le coordinateur de la société civile du Nord, Tasséré Sawadogo dit Tass Tass, est devenu comme le protocole du roi du Yatenga.

Il habille des majorettes avec des tee-shirt à l’effigie du président Blaise Compaoré et de Sa Majesté Naaba Kiiba dans les différentes cérémonies. Personne ne peut renier à autrui le droit d’allégeance à un roi. Mais, comme le roi est pour tout le monde, c’est à lui de prendre du recul pour ne pas se faire abuser comme cela a failli être le cas ces derniers jours lors du choix des représentants de la société civile pour les démembrements de la CENI.

Emery Albert Ouédraogo

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