Actualités :: Chrysogone Zougmoré : « Ce n’est pas le Collectif qui a introduit l’incivisme (...)
Chrysogone Zougmoré

Chrysogone Zougmoré est le président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP). Juriste de formation, il défend « la veuve et l’orphelin » à la tête de cette institution. C’est cet homme de droit et de conviction que Fasozine.com a rencontré ce mercredi 16 décembre 2009 à Ouagadougou. Il s’exprime ici sur l’arrestation d’une vingtaine d’élèves à la suite de manifestations relatives à la commémoration du 9e anniversaire de la disparition de l’élève Flavien Nébié, tué à 12 ans au cours d’une manifestation le 6 décembre 2000 à Boussé, dans la province du Kourwéogo.

Comment le MBDHP a-t-il été saisi sur l’affaire des 22 élèves arrêtés lors des manifestations publiques commémorant la disparition du jeune élève Flavien Nébié ?

Chrysogone Zougmoré : Nous avons été saisis par l’Association des élèves et scolaires du secondaire de la ville de Ouagadougou (Aeso) le 7 décembre 2009. Elle faisait cas d’arrestations d’élèves dont le nombre était jusque-là inconnu. Nous nous sommes rendus au commissariat de police de la ville de Ouagadougou pour avoir de plus amples informations à ce sujet. Sur les lieux, on nous a fait savoir qu’une vingtaine d’élèves de Ouagadougou et des environs ont été arrêtés. Nous avons alors avisé le Collectif des organisations démocratiques de masses et des partis politiques (CODMPP), puisque c’est dans le cadre des manifestations pour plus de justice dans le dossier Norbert Zongo que ces arrestations ont eu lieu.

La mort de Flavien Nébié est liée aux manifestations pour la justice dans le dossier Norbert Zongo. A la suite de cette visite de terrain, nous avons immédiatement réagi en produisant un communiqué de presse qui a été publié au niveau de la presse nationale. Par la suite, nous avons informé des avocats afin qu’ils se tiennent prêts pour défendre le dossier au cas où ces élèves là viendraient à être jugés. La suite des évènements montre qu’ils seront effectivement jugés le vendredi 18 décembre 2009.

Contre eux, le gouvernement brandit de nombreuses charges. Des élèves auraient été pris en possession de chanvre indien et d’objets dangereux…

Ce type d’accusation est classique de la part du gouvernement. C’est courant pour la police et le gouvernement d’infiltrer les marches. Ils peuvent même y introduire des élèves possédant des substances prohibées comme ils le soutiennent. Cette version des faits reste cependant à vérifier. Nous pensons que le communiqué du ministère des Enseignements secondaires, supérieurs et de la Recherche scientifique (MESSRS) n’est qu’une fuite en avant.

Pour nous, il y a mieux à faire dans l’affaire Norbert Zongo que d’arrêter des élèves qui manifestent pour la vérité et la justice. Lorsqu’il s’agit d’arrêter les élèves, les Forces de l’ordre se montrent particulièrement zélées. Quand il est question d’arrêter les assassins de Norbert Zongo et les commanditaires de cet assassinat, on ne les voit plus. Est-ce cela la justice au Burkina Faso ? Si le régime en place veut que ces manifestations cessent, qu’il règle le problème de fond, à savoir ouvrir le dossier Norbert Zongo et le juger conformément à la loi. Ce que nous cherchons, ce n’est pas forcément des coupables, mais la lumière sur le dossier Norbert Zongo. Tant que la lumière et la vérité ne seront pas faites sur ce dossier, il y aura toujours des manifestations. Ces élèves qui manifestent n’avaient même pas deux ans quand Norbert a été assassiné. Cela veut dire qu’il y a une prise de conscience qui se fait à travers la jeunesse. Dans un Etat de droit, il n’est pas normal que la justice ne fasse pas son travail.

On reproche au CODMPP, dont vous êtes membres, d’avoir introduit, depuis l’assassinat de Norbert Zongo, l’incivisme à l’école. N’est-ce pas une guerre larvée que le gouvernement vous fait par élèves interposés ?

Ce qui se passe chaque mois de décembre depuis 1998 au niveau des établissements à travers le pays est de la responsabilité du gouvernement et du régime en place. Si le dossier Norbert Zongo est jugé conformément à la loi, toutes ces manifestations vont cesser. Depuis 11 ans, les manifestations durent. Pour nous, un ministre des Enseignements secondaire, et supérieur a mieux à faire que de rédiger un communiqué comme il l’a fait.

Il faut aussi que le gouvernement règle les questions scolaires. Au niveau de l’université par exemple, on ne sait même plus quand est-ce qu’une année commence et quand est-ce qu’elle s’achève. C’est le ras-le-bol de toutes ces choses, ajouté à la soif de justice dans le dossier Zongo que les enfants rejettent dans la rue. Ce n’est pas le Collectif qui a introduit l’incivisme dans les lycées. Une manifestation comme celle que les élèves faisaient n’était pas du reste incivique. C’est l’expression d’une soif de justice.

Quel est le moral des élèves ?

Ils ont notre soutien. Le collectif des avocats travaille à les tirer d’affaire. Leurs camarades aussi sont mobilisés pour la cause. Ils seront présents à leurs côtés au Tribunal le vendredi prochain.

Roger Niouga Sawadogo

Fasozine

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