Actualités :: MALVERSATIONS SUR LES INDEMNITES DE LA FONCTION PUBLIQUE : Un réseau (...)

Depuis le mois de septembre 2009, un groupe composé de quatre enseignants, de deux agents de la mairie de Banfora, d’un agent de la Solde et d’un autre du Trésor public de Ouagadougou méditent sur leur sort à la maison d’arrêt et correction de Banfora. Plusieurs chefs d’accusations pèsent sur ce groupe, parmi lesquels le faux et usage de faux et le crime économique. Le réseau a été démantelé par la police de Banfora qui par cette action vient de frapper un grand coup.

Devant la lenteur que connaît le traitement des dossiers des travailleurs de la Fonction publique, les fonctionnaires, dans un passé récent, n’hésitaient pas à user des relations qu’ils ont à la Solde pour obtenir l’incidence financière de leurs avancements ou reclassements ou encore pour corriger leurs allocations familiales. C’est ainsi que le présumé cerveau du groupe, un instituteur qui faisait ses premiers pas dans la profession, servait d’intermédiaire. Après avoir rendu service à quelques personnes, ses prestations étaient devenues payantes. Selon des indiscrétions, il réclamait entre 25 000 et 30 000 F CFA pour une correction effectuée. Cette somme lui était versée par le bénéficiaire dès que celui-ci touchait son salaire après avoir pris acte du changement opéré dans son traitement salarial.

L’appétit vient en mangeant

Bien que n’étant pas légale, cette pratique semblait tolérée. Mais comme on le dit si souvent "Qui a bu, boira" pour ne pas dire "Qui vole un oeuf, volera un boeuf". C’est ainsi que le seul désintéressement des prestations ne suffisait plus au présumé cerveau, a-t-on appris. Avec ses complices de la Solde à Ouagadougou, ils ont découvert une manière de "bouffer l’Etat" : l’avènement des indemnités spéciales du corps enseignant. Cette indemnité, a-t-on appris, s’élève à 15 000 F CFA pour les instituteurs qui servent dans les zones rurales. Pour ceux qui servent dans un rayon de 5 kilomètres autour de la ville de Banfora, elle est de 4 000 F CFA. C’est pourquoi, elle est de façon abusive appelée "indemnité discriminatoire". L’idée géniale découverte par le groupe était d’allouer un rappel sur solde de cette indemnité aux enseignants de la ville, en se servant de faux documents tels les certificats de prise de service et administratif du bénéficiaire établis au moment où celui-ci servait en zone rurale.

C’est certainement ce qui explique que les bénéficiaires de cette malversation sont pour la plupart en zone urbaine. Une fois le rappel fait, le réseau, aujourd’hui démantelé par les hommes du commissaire Paré, s’arrangeait pour effacer les traces de la correction sur les ordinateurs de sorte que le nouveau montant ne continue plus d’être servi à l’agent. Il revenait dès le mois suivant à son ancien taux de 4.000 F CFA. Le rappel indûment perçu couvrait la période de 2005, année ou l’indemnité spéciale a vu le jour, à 2009. Avec cette nouvelle donne, le bénéficiaire devait céder deux tiers du montant obtenu. Ils seraient nombreux à avoir obtenu plus de 750 000 F CFA et à avoir libellé des chèques à hauteur de 500 000 F CFA bien avant la fin du mois, précisément le jour où ils remettaient leur dossier pour traitement, à l’ordre du présumé cerveau. Le bénéficiaire devait dans ce cas se contenter de 250 000 F CFA. Les multiples opérations de certains bénéficiaires auraient même intrigué leurs banquiers qui ne comprenaient pas comment un salarié qui faisait passer un chèque de 500 000 F CFA le 24 ou le 25 du mois revenait dès le lendemain pour chercher de l’argent ou même pour faire un découvert, c’est-à-dire négocier une avance sur solde. Le réseau s’étend à la mairie de Banfora

Au fil du temps, le réseau s’est étendu. Plus les corrections se faisaient, plus sa soif d’argent grandissait. C’est alors que des semblants de démarcheurs que certains ont même surnommés les agents commerciaux du présumé cerveau (des enseignants, dit-on) ont été recrutés. Ceux-ci avaient pour mission d’aller à la recherche de clients. Une des victimes ou si on préfère un des bénéficiaires qui a souhaité garder l’anonymat raconte que c’est dans le kiosque où il prend habituellement son thé qu’il a été accosté pas les démarcheurs. Ils lui ont proposé le marché et comme par ignorance ou comme s’il avait été ensorcelé, il n’a pu refusé la proposition qui lui a été faite.

De préférence, semble-t-il, les démarcheurs accostaient ceux qui leur sont proches ; les parents, les amis et ensuite ceux qui visiblement ont toujours joint difficilement les deux bouts. Mais l’indemnité spéciale n’était pas la seule source de "revenu" du réseau mis en place. A côté d’elle, il y avait les allocations familiales. A ce niveau, puisque les allocations familiales sont servies à six enfants par fonctionnaire, la technique consistait à augmenter, de manière frauduleuse, le nombre d’enfants du travailleur en produisant de faux extraits d’actes de naissance et à réclamer lesdites allocations. D’où l’implication des deux agents de la mairie de Banfora. Selon certaines indiscrétions, le rôle de ceux-ci dans le réseau consistait à délivrer de faux documents d’Etat-civil. La diversification des activités du réseau l’a amené à étendre ses tentacules au-delà du département de l’enseignement de base. C’est ainsi que des travailleurs de l’Agriculture, de la Santé et des Enseignements auraient été contactés par le réseau aux mêmes fins.

REN-LAC ou train de vie exorbitant ? Selon la rumeur qui court à Banfora, les déboires du groupe ont commencé lorsque le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a vendu la mèche à la police de Banfora. Mais pour certains et ils sont du reste nombreux, ce sont les agissements du présumé cerveau qui a attiré les soupçons sur lui. Le présumé cerveau du groupe menait un train de vie au delà des moyens d’un enseignant ordinaire. Par exemple, il aurait acheté une Mercedes de dernière génération et serait en train de construire une maison à niveau. C’est ainsi que la police a ouvert une enquête qui lui a permis de se rendre compte des délits pour lesquels le groupe est actuellement aux arrêts. Nous n’avons pas pu vérifier ces deux informations car jusqu’à présent, les langues se délient difficilement.

Toujours est-il que c’est la police qui a arrêté le groupe de Banfora et demandé que les deux autres éléments de Ouagadougou soient déférés à Banfora, où ils seraient toujours détenus, pour les besoins de l’enquête. Ce sont, semble-t-il, plus de 300 dossiers qui ont été traités par le réseau et environ cinquante enseignants qui ont été convoqués à la police pour répondre de ces malversations. Un calcul rapide permet d’évaluer le préjudice subi par l’Etat. Ce sont au bas mot 40 millions de francs CFA que l’Etat a perdus dans cette arnaque en l’espace de 6 mois. Et il ne faut pas oublier que certains agents continuent de percevoir les fausses indemnités. En fin de semaine dernière, la justice de Banfora a commencé l’audition des enseignants qui seraient mêlés de près ou de loin à cette affaire. Avec la reprise des cours, il n’y a pas de doute que des élèves chômeront par moment lorsque leur enseignant devra passer devant le juge en charge du dossier.

Par Mamoudou TRAORE

Le Pays

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