Actualités :: Coopération suédoise au Burkina : Mauvaise gestion du bureau de l’Asdi à (...)

C’est un secret de Polichinelle d’affirmer que les Suédois ne badinent pas avec les questions de corruption et de mauvaise gestion. Mais jusque-là, leur agence de coopération a été rarement prise à défaut. Du moins, au « pays des Hommes intègres ». Cela voudrait-il dire que la gestion était irréprochable ? Peut-être pas.

C’est probablement cela qu’a tenté de dévoiler notre confrère suédois, le quotidien “Dagens Nyheter”, dans sa livraison du 20 juillet 2009, en dénonçant ce qu’il considère comme des « négligences accumulées pendant plusieurs années » par la section de coopération au développement de l’ambassade de Suède au Burkina Faso. En fait, il s’agit d’un commentaire des résultats de l’audit interne qui a révélé une série de dysfonctionnements qui mettent en cause la gestion du bureau de l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (Asdi).
Le journal note que des « sous-traitants choisis par l’Asdi n’ont pas payé leurs impôts et leurs cotisations à la sécurité sociale ; un employé non autorisé a répondu à des lettres officielles avec son adresse courriel privée, des bons d’essence estimés à 20 000 couronnes suédoises, soit 1 279 257 F CFA ont été perdus... ». En plus de ces impairs, il est également signalé que « l’Asdi a perdu 118 000 couronnes suédoises (soit l’équivalent de 7 558 892 de F CFA) de TVA qu’elle n’a pas réclamée en retour au Burkina ».

Force est de constater que si ces reproches faits au bureau local de l’Asdi témoignent de manquements aux règles de gestion qui ne sont pas seulement propres au Royaume de Suède, ils constituent également des exigences auxquelles il faudrait sacrifier au Burkina. Le non-paiement d’impôts ainsi que le non-reversement de cotisations sociales dues sont, en effet, des manquements suffisamment graves pour ce bureau qui est censé non seulement défendre l’image de son pays, mais également donner l’exemple. Pour le contribuable suédois, il est inacceptable que les fonds alloués à cette organisation ne soient pas utilisés aux fins qui étaient convenu.

De la même façon, la perte de bons d’essence est le signe d’une négligence ou d’un manque de rigueur. Pour une structure qui bénéficie d’une considération aussi importante que l’Asdi, il s’agit là d’une légèreté inconcevable pour l’entendement commun. Comble de pagaille, lorsqu’« un employé non autorisé » se permet d’utiliser son adresse personnelle, et donc privée, pour répondre à une correspondance officielle, on a visiblement franchi le rubicond vers une gestion peu orthodoxe. Quand on sait que les Suédois sont très regardants sur ces détails aussi bien pour eux-mêmes que pour les partenaires qu’ils assistent techniquement et financièrement, il y avait de quoi provoquer un tollé. Comme pour confirmer toutes les permissivités qui lui sont reprochées, le bureau de l’Asdi n’aurait pas été fichu de demander le remboursement de la TVA qu’il ne devait normalement pas payer en tant qu’institution opérant sous le couvert de la coopération, et donc exonérée de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

Vu du Burkina, ces griefs peuvent paraître peut-être exagérés. Mais ils témoignent de la vigilance des instances suédoises de contrôle. Dans le cas d’espèce, la communication des résultats de l’audit interne à un journal confirme, sans doute, un souci de transparence, mais aussi d’information du public, des citoyens suédois sur ce qui est fait de leur contribution au développement des pays du Sud. Très peu de partenaires au développement et pas des moindres accepteraient de se livrer à cet exercice de gouvernance. Et pourtant. Aussi longtemps que l’argent de l’aide au développement sera dépensé dans un flou artistique et ne fera l’objet d’aucun compte-rendu public aux citoyens des pays donateurs, il sera bien difficile de combattre la corruption et la mauvaise gestion qui se nichent également dans ces institutions censées irréprochables.

En titrant qu’il y a « Des insuffisances graves au bureau de l’Asdi au Burkina Faso », le quotidien suédois “Dagens Nyheter” jette un véritable pavé dans la mare. A en croire le contenu de l’article, celui-ci a été rédigé sur la base d’une déclaration de l’auditeur interne, William Stannervik, qui a martelé que « la gestion interne (du bureau de l’Asdi) a été insuffisante ». De quoi secouer non seulement le cocotier au niveau du ministère suédois de la Coopération et du bureau national de l’Asdi, mais aussi et surtout inviter le contribuable suédois à ouvrir l’œil et le bon.
C’est d’ailleurs par le biais d’une citoyenne suédoise soucieuse de faire connaître le contenu de cet article à l’opinion burkinabè que le Dromadaire a pu entrer en possession de cette information qui date déjà de près de 3 mois, mais qui mérite encore d’être connue ici au Faso. Ce d’autant plus que les citoyens burkinabè ont également un droit de contrôle en tant que bénéficiaires de l’aide suédoise au développement. Cette affaire est pédagogique à plus d’un titre.

Le commentaire du rapport d’audit interne par la presse suédoise participe du besoin d’imputabilité et de transparence que l’on peine encore à intégrer dans les réflexes de nos gouvernants. Il montre également une bonne collaboration entre les autorités chargées du contrôle interne et les médias. Il ne s’agit donc pas simplement d’étaler le linge sale sur la place du marché, mais de mettre le doigt sur un problème de gestion qui, s’il n’est pas corrigé, peut entamer la crédibilité de l’institution suédoise de coopération internationale au développement.
Le fait d’ébruiter cette affaire dans la presse a surtout l’avantage de montrer que la question de mauvaise gestion, aussi interne soit-elle, ne saurait être classée comme un « document top secret » ou encore un tabou. On devrait pouvoir parler ouvertement de toutes ces affaires, qu’elles éclaboussent aussi bien les structures nationales que leurs partenaires internationaux. Or, c’est justement l’accès aux sources officielles de ces genres d’information qui pose problème.

F. Quophy

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