Actualités :: TRAVAUX DE REHABILITATION : L’hôpital Yalgado va déménager

Cette interview réalisée par le Service de communication de l’Hôpital Yalgado fait le point des dégâts subis par ce centre médical et les mesures prises pour y remédier.

Notre Yalgado national, comme on a pu voir les images, a été durement touché par le sinistre du 1er septembre avec à la clé 13 services considérés comme étant les plus touchés. Images chocs : des malades en train d’être exfiltrés par les éléments des forces armées, pour échapper à la furie des eaux atteignant 1m de hauteur, ou des patients grabataires que les ambulanciers évacuent à tour de rôle vers les centres de soins périphériques ; enfin des accompagnants hébétés, abasourdis ne sachant quoi faire, qu’il faut consoler. Pour revenir sur le film des événements, des initiatives prises pour parer au plus pressé, et surtout le sort qui sera réservé au grand Yalgado, nous avons tendu notre dictaphone au Directeur général, le Dr Lansandé Bangagné. Celui-ci commence par remercier tous ceux qui ont apporté leur secours pour gérer les conséquences du sinistre.

Dr Lansandé Bangagné : Avant tout propos, je voudrais saluer les efforts et l’appui rapides du ministère de la santé qui nous ont permis d’éviter des situations qui pourraient être dramatiques. Je voudrais féliciter tout le personnel de l’hôpital, et les éléments des forces armées pour leur détermination et appui aux toutes premières heures du sinistre.

Comment a-t-on vécu le sinistre du 1er septembre au CHU Yalgado Ouédraogo ?

Avec cette forte quantité de pluie estimée à près de 300 mm, notre mur côté du barrage, s’est écroulé, plus précisément vers la Pneumologie et l’Urologie qui sont les services situés au fond de notre hôpital. L’eau a commencé peu à peu à envahir les services. C’était une course contre la montre : nos agents, comme ils pouvaient, aidés par certains accompagnants, ont pu brancarder les malades pour les évacuer vers les services du milieu, c’est–à-dire un peu en retrait de la clôture. Mais par la suite, l’eau rentrait en force, et atteignait davantage de services. Heureusement, à ce moment, étaient déjà arrivés les éléments des forces armées, venus en appui à notre personnel. Ainsi on a pu évacuer rapidement tous les malades se trouvant dans les services engorgés vers les services situés encore plus en retrait par rapport au niveau de l’ eau qui montait.

Si on comprend bien, les malades ont été évacués deux fois pour échapper aux eaux qui montaient ?

Effectivement, puisqu’au début, les premiers services ayant accueilli les évacués, avaient à leur tour aussi commencé à être inondés. Si bien qu’on était obligé d’évacuer de nouveau les malades dans les services situés vers l’entrée de l’hôpital, comme ORL, Ophtalmologie, en Odonto stomatologie, et en Médecine Interne et Gastro ces deux dernières cités étant situées à l’étage, pour ceux qui connaissent le CHU Yalgado Ouédraogo.

Pour des gens déjà fragilisés par la maladie, ça a dû être difficile ?

Mais c’est une situation d’urgence, à laquelle il fallait faire face pour minimiser autant que faire se peut, les conséquences. C’est là qu’il faut saluer la diligence, et l’appui des forces armées, qui nous ont permis dans un premier temps de mettre les malades évacués à l’abri dans les services n’ayant pas été très touchés par l’eau. Et dans un deuxième temps, les interventions des forces armées ont rendu possible l’évacuation de certains de nos malades dans les CMA (Centre médical avec antenne chirurgicale), au CHU Pédiatrique Charles de Gaulle et au Centre d’accueil notre dame de Fatima (CANDAF) pour la Pneumologie compte tenue de la spécificité de cette spécialité. Nous avons libéré les malades dont les cas ne sont pas si graves, le temps que la réorganisation se fasse. Donc, ce sont surtout les cas compliqués et les grabataires que nous avons évacués sur les autres centres de soins.

A l’heure actuelle, peut-on évaluer l’impact du sinistre sur le CHU Yalgado ?

L’impact est énorme ; c’est évident que sur le plan psychologique quand les patients sont ballottés de la sorte, contraints dare-dare d’être transportés, que ce soit d’un service à un autre au sein du CHU, ou vers un autre centre de soins , cela peut choquer et déstabiliser. Mais l’essentiel, c’est l’option du moindre mal qui importe, comme nous l’avons fait. Sinon au CHU-YO, ce sont au total 13 services qui ont été les plus touchés par le sinistre, pour ne pas dire qu’ils sont entièrement sinistrés. Il s’agit des services suivants : Urologie, Pneumologie, les Maladies infectieuses, le Scanner, l’Hémodialyse, la Dermatologie, Neurologie, Cardiologie, Traumatologie, Neurochirurgie, Bactériologie-virologie, Réanimation, Urgences médicales. Dans ces services, tous les appareils de diagnostic ont pris l’eau ; les matériels de soins, les équipements bureautiques, tout ou presque est perdu. Les archives, les dossiers des malades sont irrécupérables ; c’est dire que ces services n’ont plus de mémoire. Car dans nombre de services sinistrés, la hauteur d’eau atteignait un mètre ou plus. Des experts accompagnés de nos équipes sont en train de faire l’évaluation des dégâts, et des techniciens du ministère des infrastructures sont là également, pour tester nos bâtiments. Nous attendons des données détaillées et plus complètes avant d’avancer un chiffre sur l’impact des dégâts. Il faut souligner au passage qu’au niveau du centre d’Hémodialyse, nous avons pu mettre en état de marche 4 générateurs, deux jours après le sinistre. Ce qui a permis audit service de prendre en urgence certains malades insuffisants rénaux.

Quel est le niveau de fonctionnement de votre hôpital aujourd’hui ?

Les services qui ne sont pas touchés continuent de recevoir les malades, et comme vous le savez, nous avons procédé à un regroupement des services. C’est vrai que l’accent est surtout mis sur la prise en charge des urgences. Vous savez qu’après un sinistre pareil, il fallait nettoyer à grande eau les services, enlever la boue et toutes les saletés. Ce que nous avons pu faire, le lendemain de l’inondation, grâce à l’appui des forces armées. Nous avons également réorganisé nos équipes de garçons et filles de salles pour le nettoyage méticuleux à l’eau de javel des équipements de travail et de soins. Après cela, les services techniques que le maire de la commune de Ouagadougou a bien voulu mettre à notre disposition, ont procédé à la désinfection de tous les locaux. Et nous allons désinfecter tous les bâtiments comme la cour de l’hôpital. Donc, les services ayant été désinfectés sont momentanément fermés.

Comment se fait la prise en charge des malades que vous avez évacués vers les autres centres ?

Nous avons déployé des équipes soignantes sur les différents centres de soins pour assurer la continuité des soins. De même, le service de cuisine fait trois fois par jour la ronde de ces centres pour la restauration des malades et du personnel soignant.

A quand la reprise totale des activités dans votre hôpital ?

Nous ne pouvons pas donner une date pour la reprise totale ; il ne faut pas oublier que les services n’ayant pas été touchés fonctionnent bien déjà. Nous avons été instruit, profitant du sinistre, pour voir la réhabilitation de notre hôpital. Cette réhabilitation, est souhaitée par tous. Des dispositions sont en train d’être prises pour le transfert de l’hôpital sur un nouveau site pour permettre la réhabilitation totale. A l’occasion, tous les aménagements nécessaires en termes de génie civil, seront faits pour prévenir des situations similaires.

On remarque la présence d’une compagnie militaire et des forces de sécurité au sein de votre hôpital ? A quoi répond cette forte présence de l’armée ?

Vous savez que le contenu de certains services est exposé dehors, et comme une bonne partie de notre clôture s’est écroulée, cela nous expose à l’insécurité. Il n’est pas exclu que les esprits malins veuillent exploiter cette situation de sinistre. Le CHU- YO est un hôpital public, donc appartenant à nous tous ; nous nous devons alors de tout faire pour éviter la perte des équipements en ces moments spécifiques. C’est pourquoi nous avons fait appel à des militaires qui y patrouillent nuit et jour. A l’entrée également de l’hôpital, il y a des miliaires, fouillant tous les véhicules et les sachets. Nous demandons la compréhension et l’indulgence du personnel et des usagers, pour cette sécurité renforcée, car c’est la seule façon pour préserver nos outils de travail en attendant la reprise totale de toutes les activités.

Un appel à lancer ?

Oui, en direction de toutes les bonnes volontés, car le CHU Yalgado appartient à nous tous, et dans la dynamique de l’appel à la solidarité lancé par les plus hautes autorités, je voudrais dire que tous ceux qui veulent faire quelque chose pour leur hôpital, sont les bienvenues, car c’est dans l’union que nous pourrons repartir de plus bel et continuer à offrir des soins de qualité et à moindre coût. Pour terminer, je voudrais une fois de plus saluer l’ensemble des efforts du ministère de la Santé dans la prise des mesures d’urgences à temps. Sans cette réaction rapide qui a permis d’évacuer les malades, et ensuite les envoyer rapidement dans les centres de soins ci-dessus cités, on ne sait pas quelles pouvaient être les conséquences pour les malades. Je tiens à remercier les donateurs qui ont déjà manifesté leur solidarité à l’endroit de nos malades.

Service Communication CHU-YO

Le Pays

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