Actualités :: EMPOISONNEMENT DU BARRAGE DE KOUNA : Les explications d’un algologue

Frédéric Zongo, maître de conférences à l’université de Ouagadougou, réagit avec promptitude à l’écrit sur l’empoisonnement du barrage de Kouna et propose son éclairage.

Un article paru dans Le Pays n°4447 du mercredi 9 septembre 2009 faisait cas d’un empoisonnement de la retenue d’eau de Kouna par des produits toxiques qui provoquait une paralysie et la mort des animaux, qui s’y abreuvaient. Nous tenons ici à féliciter le député Amadou Diemdioda Dicko pour sa vigilance. Il ressort de sa lettre adressée au président de l’Assemblée nationale, l’informant des faits troublants qu’il aurait observés lors d’une de ses tournées au Sahel, que pendant son séjour dans la province de l’Oudalan, il a constaté la mort d’animaux domestiques suite à la consommation de l’eau de la retenue d’eau de Kouna dans le département de Markoye. Selon ses explications, les populations ont commencé par voir apparaître à la surface de l’eau une pellicule verdâtre similaire à des algues et que au fur et à mesure que la retenue se desséchait, la pellicule en question se déposait sur son lit. Les animaux qui s’abreuvaient étaient frappés de paralysie et mouraient 15 à 30 minutes après.

En tant qu’algolgue, nous venons par cet écrit donner notre point de vue sur l’apparition de cette pellicule verdâtre. Cette pellicule verdâtre peut effectivement être due à des algues et voilà notre explication. Les algues ou phycophytes (du grec ; phukos = algues et phuton = plantes) sont des thallophytes (sans racine, sans tige, sans feuille) chlorophylliens, donc capables de photosynthèse. Elles élaborent en présence de la lumière, grâce aux pigments assimilateurs contenus dans les plastes, leurs propres molécules organiques à partir des éléments minéraux du milieu (eau, gaz carbonique). Elles sont donc autotrophes. Elles sont typiquement des organismes aquatiques.

Par suite d’un enrichissement d’un plan d’eau en nutriments, il y a une prolifération exagérée des algues et surtout de celles appartenant à un des six groupes dans lesquels les algues se répartissent ; il s’agit de celui des Cyanophyta (Cyanobactéries pour certains auteurs). Leur couleur, résultante du mélange d’un certain nombre de pigments, leur donnent en général la teinte bleu-vert parfois vert-noirâtre, brunâtre, rouge ou même violette. Lorsque le milieu aquatique est très eutrophe (riche en nutriments), nous avons donc une prolifération très exagérée de certaines espèces de ce groupe.

Il est important de savoir que parmi ces espèces, il y en a qui peuvent produire des molécules toxiques pour les mammifères, pour l’Homme en particulier. Trois grandes catégories de toxines désignent de nombreuses molécules nocives et leur mode d’action. Il s’agit des hépatoxines, des neurotoxines et des dermatotoxines :

- Les hépatoxines ont comme mode d’action une inhibition de la synthèse protéique. Elles se lient à la phosphatase des protéines des cellules du foie. Cette toxine induit une altération de la structure des cellules du foie, une insuffisance hépatique et une initiation du cancer du foie. Le délai d’apparition va du court au long terme (de quelques heures à quelques années). Comme exemples d’hépatoxines il y a les microcystines et la cylindrospermopsine.
- Les neurotoxines perturbent la transmission nerveuse (blocage des canaux Na+) avec pour effet une perturbation de l’influx nerveux (malaises tels des maux de tête, vomissements, diarrhées, paralysie,…). Le délai d’apparition des effets est très bref (quelques heures). Comme exemples de neurotoxines nous avons, les saxitoxines et les anatoxines.
- Les dermatotoxines, qui se fixent sur les membranes cellulaires, avec pour effets, une sensibilisation et des allergies cutanées (inflammations, démangeaisons, rougeurs, etc.). Le délai d’apparition des effets est de court à moyen terme. La lyngbyatoxine (lipopolysaccharides) est un exemple de dermatotoxines.

Dans le cas présent de la retenue d’eau de Kouna, sans être affirmatif à 100 %, nous pensons que cette pellicule verdâtre observée par le député Dicko est certainement composée de Cyanophyta. Et que la paralysie suivie de la mort, observées au bout de 15 à 30 minutes au niveau des animaux qui s’y abreuvaient sont les conséquences de la présence de neurotoxines sécrétées par ces algues(...)

- Maître de Conférences Frédéric ZONGO Algologue Université de Ouagadougou UFR/SVT Département de Bio. et Physio. Végétales Labo. De Biologie et Écologie Végétales

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