Actualités :: Sonabel-Sonabhy : Les héros et les zéros d’une gouvernance

Par ces temps de difficultés en tout genre, les nuages ne cessent de s’accumuler au-dessus de la tête des Burkinabè. Et il est à craindre que, à ce rythme, l’orage ne finisse par s’abattre. En particulier, si l’énergie et le gaz continuent de se raréfier à ce point. Comme dirait l’autre, chasser le délestage, il revient immédiatement au galop. Et l’on est bien dans ce cas de figure, puisque la Sonabel, la nationale de l’électricité, continuait, jusqu’à une période très récente, de servir le courant au consommateur, par doses homéopathiques.

Une situation de rationnement qui intervient après les promesses faites par Salif Kaboré, son directeur général, de tout mettre en œuvre pour faire cesser cette situation, dont la récurrence tend à s’imposer de la plus mauvaise des manières.
Malheureusement, il faut bien croire que les dieux de l’énergie électrique ne sont plus en odeur de sainteté avec les Burkinabè, étant donné que le jeu de lumière ne semble pas près de s’estomper durablement, les barrages hydroélectriques demeurant désespérément en dessous du remplissage requis. Au point où des voix autorisées se seraient même élevées pour conseiller aux plus impatients de retourner à la bonne vieille méthode de la lampe tempête. Comme à la vieille époque, en quelque sorte !

Cependant, il est loisible de se demander si les problèmes actuels, considérés dans toute leur contemporanéité et pris dans un contexte de démographie galopante, peuvent être sereinement résolus avec des médications de ce type. Surtout dans un domaine aussi sensible que celui de la lumière, facteur de développement économique et social.
Dans la zone de Pissy, à l’ouest de Ouagadougou, c’est un autre notable du régime qui, lui aussi, se voit mettre la pression en ce moment, en raison de poches de pénurie de gaz domestique dans les différents points de vente. Jean-Hubert Yaméogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, préside aux destinées de la Sonabhy, la société publique qui détient le monopole de la distribution des produits pétroliers et des hydrocarbures au Burkina.

D’où les critiques vives dont il est l’objet de la part de la population.
Certes, le Burkina n’est pas branché sur la Russie, et Kosyam se trouve à des milliers de kilomètres du Kremlin, dont personne n’a encore oublié le conflit qui l’a opposé à la Géorgie, au sujet du gaz destiné à l’Europe, via Tbilissi. Pour compléter ce tableau, l’on pourrait ajouter que les Burkinabè, en bons praticiens du « système D », ont sans aucun doute déjà trouvé la parade pour faire face au yoyo du baromètre.
Le vaillant peuple du Faso, ce n’est un secret pour personne, a l’habitude des mauvaises passes. Mais attention à ne pas lui piétiner les bourses. Car, par moments, il lui arrive de casser le thermomètre. Particulièrement, lorsque la fièvre devient trop forte. Une manière pour lui de défier la conjoncture, tout en se projetant dans l’avenir.

A ce propos, il faut noter que des spéculateurs malhonnêtes, avides de gains faciles, se sont vite engouffrés dans la brèche. Sans attendre un quelconque signal, ils ont commencé à se beurrer les épinards sur le dos de leurs propres concitoyens. Et la classe dirigeante aurait tort de se méprendre, en laissant perdurer cet imbroglio.
En tout cas, le message a l’air d’avoir été entendu, puisque les patrons des deux entreprises citées plus haut sont montés au filet. Si le premier, Salif Kaboré, semble être à son aise dans les « talkshow », ce n’est pas le cas, en revanche, de Jean-Hubert Yaméogo. Pourtant, l’un et l’autre ont été obligés par l’actualité d’aller faire le point de la situation à l’opinion nationale.

Comme en pareille occasion, nos chers « patrons » ont cherché à calmer la grogne populaire par des propos rassurants. C’est ainsi qu’ils ont tenu à relativiser la gravité du problème, tout en promettant d’y apporter des réponses concrètes d’ici là. Sans toutefois s’esquiver, l’un et l’autre ont donc livré leur mémoire en défense, en montrant, au passage, l’éventail des mesures prévues pour juguler le phénomène.
Quoi qu’il en soit, on retiendra, au passage, l’effort fait par les deux personnalités pour ouvrir les vannes du débat public sur la crise actuelle. C’est le devoir de transparence qui appelle à dire aux citoyens ce qu’ils doivent savoir par rapport à la conduite des affaires de l’Etat. Et qu’on se le tienne pour dit, la sensibilité d’un produit ne saurait être un prétexte valable pour ne pas communiquer. Bien au contraire, cette spécificité, quand elle existe, requiert de la méthode et un savoir-faire à toute épreuve. Faute de quoi, le message se brouille, avant d’être rattrapé puis dépassé par « radio cancan », dame rumeur, avec ses longues jambes. Celle-ci, on le sait, n’est pas bonne conseillère.

In fine, à l’issue de la prestation des directeurs généraux de la Sonabel et de la Sonabhy, une constante se dégage des différents discours. Eux ne sont que de simples exécutants chargés de la mise en œuvre d’une politique. Traduction : ils font et feront ce qu’ils peuvent pour être à la hauteur. Pour le reste, prière de frapper plus haut, s’il vous plaît. Cette attitude, on s’en doute aisément, est loin d’être neutre, dans le contexte local.
En effet, depuis l’éclatement de cette nouvelle affaire de pénurie, le ministre de tutelle est resté coincé dans ses petits souliers, quasiment en retrait. Laissant le soin à ses « DG » de mieux barboter. Au risque, hélas, de donner la république en spectacle.

Dans cette bataille pour la conquête de la vox populi, il n’est donc pas étonnant que les mêmes argumentaires soient revenus au-devant de la scène. Le Burkina serait victime, dit-on encore une fois, de facteurs endogènes qui handicaperaient fortement l’approvisionnement de son marché intérieur. A cela, il faudrait ajouter l’éternelle équation de la vétusté des installations, ainsi que l’inexistence ou l’insuffisance des moyens de production. En somme, rien de vraiment nouveau sous les tropiques.

A. Traoré

Journal du Jeudi

Burkina : La pose de hénné, un business qui marche pour (...)
Lutte contre le terrorisme : « Il y a certaines (...)
Burkina / Concours de la magistrature : La maîtrise ou (...)
Bobo-Dioulasso : Un an de silence depuis la disparition (...)
Burkina/Coupures d’eau : Au quartier Sin-yiri de (...)
Burkina/Lutte contre l’insécurité : La direction générale (...)
Burkina/CHU Souro Sanou : La CNSS offre une automate de (...)
Burkina/Santé : Médecins Sans Frontières offre de nouveaux (...)
57e session de la Commission population et développement (...)
Burkina/Action sociale : L’association Go Paga devient « (...)
Bobo-Dioulasso : Les chefs coutumiers traditionnels (...)
Burkina Faso : Le secrétaire général de la CGT-B, Moussa (...)
Burkina : La Côte d’Ivoire va accompagner le retour (...)
Burkina/Enseignement supérieur : L’université Joseph (...)
Burkina : « Nous demandons à notre ministre de tutelle de (...)
La Poste Burkina Faso : « Malgré la crise sécuritaire, les (...)
Bobo-Dioulasso : Incinération de produits prohibés d’une (...)
Burkina/ Mesures de réponses aux pandémies et crises (...)
Burkina/ Programme OKDD : Validation d’un plan de (...)
Association Beoog-Neeré du Ganzourgou : 320 caprins pour (...)
Burkina/ Rencontre inter-réseaux 2024 : L’élimination des (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36519


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés