Actualités :: Vie de couple à Ouagadougou : Silence, on divorce

De plus en plus, on entend dire que le mariage n’a plus de sens ; que pour un rien, des unions volent en éclats faisant un lot de malheureux. Est-ce le cas à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso ? Prend-on le mariage au sérieux ou se marie-t-on pour ressembler aux autres ? Si beaucoup de gens ont convolé en justes noces en 2008 et 2009 à “Simonville”, nombreux sont également les couples qui ont divorcé. A qui la faute ? Les uns et les autres s’accusent…

“C’est l’homme qui est infidèle. Les femmes n’aiment pas l’infidélité. Si vous rencontrez une femme qui devient infidèle, c’est son mari qui est à l’origine…”, déclare la coordonnatrice de l’Association des femmes divorcées et des femmes et enfants en difficultés (AFEDI), Suzanne Ilboudo. “Il faut reconnaître que les femmes déconnent dans ce pays. On a l’impression qu’une fois le mariage civil célébré, elles sont autorisées à faire ce qui est interdit. On se rend compte que quand elles sont légalement mariées, c’est comme si elles ont une autorisation de déconner en masse et on ne peut rien dire…”, contre-attaque un corps habillé, K.M. (qui a requis l’anonymat), en instance de divorce après dix ans de mariage. Ces deux visions montrent la complexité de la vie des couples à Ouagadougou où le plus souvent, le divorce est au rendez-vous. Un tour au Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou permet de se faire une idée sur cette triste réalité. “Toutes les semaines, il y a des demandes de divorce. A toutes les audiences civiles, des divorces sont systématiquement prononcés”, révèle un juge au siège du TGI de Ouagadougou qui a requis l’anonymat.

Instabilité des jeunes couples

Les chiffres fournis par ce juge montrent que le divorce prend de plus en plus de l’ampleur à Ouagadougou : “En 2006, nous avons enregistré un total de 36 divorces. En 2007, ce chiffre a évolué à 117 divorces”. A propos des années 2008 et 2009 (période retenue pour ce reportage), le juge a indiqué qu’en 2008, le Tribunal a prononcé 119 divorces à Ouagadougou. “En 2009, le 18 mai, on était à 72 divorces. Ce n’est même pas le milieu de l’année... D’ici à décembre donc, c’est sûr que nous allons franchir la barre de 100”, fait remarquer le juge en rigolant, impuissant qu’il est, devant cette situation.

Suzanne Ilboudo n’a pu s’empêcher de douter de l’exactitude de ces chiffres. Pour elle, “le divorce est exagéré de nos jours et prend de plus en plus de l’ampleur”. Selon ses statistiques, l’AFEDI compte plus de 200 femmes divorcées et femmes en difficultés. Le doute émis par la coordonnatrice de l’Association des femmes divorcées et des femmes et enfants en difficultés est fondé. Il y a un flou autour des statistiques sur le taux de divorce à Ouagadougou. Au TGI, le juge qui a requis l’anonymat l’a confessé en ces termes : “On n’a pas de statistiques claires et fiables sur le taux des divorces”. Dans les mairies également, il est impossible de savoir combien de couples ont divorcé et cela après combien de temps de vie commune. Le TGI est pointé du doigt par les officiers d’état civil qui lui reprochent son incapacité à mener jusqu’au bout son travail.

Le secrétaire général de la mairie de Nongr-Massom, Damien Gampiné donne la raison : “Ce n’est pas à celui qui a divorcé d’amener l’acte de divorce à la mairie. Tout comme l’officier d’état civil qui a célébré le mariage envoie l’avis de mention à l’officier d’état civil des lieux de naissance des mariés pour que mention soit faite sur leurs actes de naissance, de même, le juge qui a prononcé le divorce doit envoyer l’avis de mention au niveau de l’officier d’état civil qui a célébré le mariage pour que mention soit faite en marge de l’acte de mariage”. Ce qui est inquiétant, “c’est que ce sont des jeunes couples qui divorcent. Quand on prend la fourchette, on a des mariages de moins d’un an, des mariages d’un an, de cinq ans, jusqu’à dix ans. Les vieux couples sont minoritaires et parfois se désistent en cours de procédure”, mentionne le juge au siège du TGI de Ouagadougou. Pour certains, le fait que les gens se marient de plus en plus jeunes pourrait expliquer le nombre élevé de divorce ces dernières années. “Les couples sont jeunes.

Nous rencontrons des jeunes de 20 ans, 26 ans et au plus 29 ans qui viennent pour se marier. Ils ont le sang qui bout encore…”, révèle Alima Camara, adjoint administratif à la mairie de Baskuy. 2 234 mariages ont été célébrés en 2008 à la mairie centrale de Ouagadougou et dans les mairies des cinq arrondissements. Pour l’année en cours, à la date du 25 juillet 2009, l’on enregistrait 1 423 mariages. En somme, 3 657 mariages ont été célébrés dans la ville de Ouagadougou. Très peu de gens se marient à la mairie centrale (101 en 2008 et 65 au 18 juillet 2009). Le chef de service de l’état civil de la mairie central, Boureima Zongo explique : “A l’hôtel de ville, la plupart de ceux qui se marient sont aisés. Peut-être que c’est dû au coût qui fait 200 000 FCFA, à savoir 100 000 FCFA pour la location de la salle et 100 000 FCFA pour la caution”. En revanche, dans les mairies d’arrondissement, les couples se bousculent pour se marier car le coût est supportable et tourne autour de 6000 FCFA. Ils préfèrent le régime "monogamie biens communs".

“Sur 100 couples, 80% signent monogamie biens communs, 15% monogamie biens séparés et 5% polygamie”, indique Boureima Zongo. Selon lui, le régime monogamie biens séparés est rare, “c’est uniquement ceux qui travaillent dans le secteur informel qui font ce choix”. M. Zongo reconnaît qu’il y a des difficultés dans le mariage. “Nous célébrons les mariages ici et après on nous appelle pour dire que ça ne va pas. Mais il faut encourager le mariage car c’est un facteur de cohésion sociale”. Comment expliquer les échecs dans les mariages de nos jours ? Pourquoi les familles burkinabè, surtout ouagalaises sont-elles en crise ?

“Les gens se marient pour se marier”

Daniel Sédogo est le responsable du service de promotion et de protection à la direction régionale du Centre du Ministère de l’action sociale et de la solidarité nationale (MASSN). Après 32 ans de service, l’homme qui passe son quotidien à gérer des conflits de couples et des questions de divorce explique avec éloquence les causes du phénomène. “Les gens se marient pour se marier. Que ce soit de façon coutumière ou religieuse, très souvent, on ne prend pas le temps de bien se connaître”, déplore M. Sédogo. Il sait de quoi il parle car son service est un “hôpital” de couples en difficultés. Quelques chiffres livrés par le responsable du service étude et statistiques, Mahamadi Kindo en disent long. Selon lui, au cours des deux derniers trimestres de 2008, ils ont géré 314 cas de conflits conjugaux et 16 cas d’abandon de domicile. Aux premiers et deuxièmes trimestres de 2009, la direction régionale du Centre a enregistré 344 cas de conflits conjugaux et sept cas d’abandon de domicile.

Pour Suzanne Ilboudo, “les gens ne prennent plus le mariage au sérieux, voilà pourquoi il y a de plus en plus de divorces”. Quant au conseiller conjugal Roch Audacien Damiba, il pense que le manque de préparation est la première cause des divorces. “Les gens se marient parce qu’ils ont l’âge ou parce qu’ils ont peut-être des moyens, mais ça ne suffit pas pour mener une vie de couple”. En deuxième lieu, il cite les cas d’adultère et d’infidélité comme motifs des divorces. “Comme troisième cause, c’est la cherté de la vie de nos jours. J’ai reçu des gens qui m’ont dit, qu’ils veulent se séparer car ils vivotent et n’ont même pas le minimum pour vivre" ; dit M. Damiba. Les pesanteurs socioculturelles sont évoquées comme dernière cause des divorces par le conseiller conjugal : “certains couples expliquent leur rupture par des incompatibilités ethniques révélées plus tard à eux par leurs ascendants. D’autres se sont vu brandir une histoire de classe ou de caste”. K. M. en instance de divorce est catégorique : “Les divorces sont en majeure partie causés par l’infidélité des femmes”. Il parle avec exemple à l’appui : “La femme, à sa jeunesse, connaît des jeunes dans son quartier. On a l’impression que même quand elle se marie, elle a toujours envie de flirter avec ces personnes avec qui elle a fait ses premières amours”.

Trop d’adultères à Ouagadougou

Au TGI de Ouagadougou, il ressort effectivement que beaucoup de divorces sont provoqués par l’infidélité. “L’adultère est beaucoup évoqué de nos jours. On ne finit pas d’instruire la plupart des dossiers sans qu’il n’y ait des suspicions d’adultère”, confie le juge du TGI. En plus de l’adultère, le juge souligne que des cas d’excès et injures graves, des sévices corporels, des abandons de domiciles conjugaux, la contribution aux charges du ménage, les séparations de fait (quand le couple décide de vivre séparément sans l’autorisation du juge) sont fréquemment enregistrés. En somme, au TGI, le juge a indiqué qu’on rencontre toutes les causes de divorce énumérées par l’article 367 du Code des personnes et de la famille burkinabè. Ledit article stipule que “Le divorce peut être demandé par un époux lorsque la vie commune est devenue intolérable par suite d’adultère, d’excès de sévices ou par injures graves. Lorsque la vie familiale et la sécurité des enfants sont gravement compromises par l’inconduite notoire ou l’abandon moral ou matériel du foyer. En cas d’absence déclarée conformément à l’article 14 du présent code. En cas de séparation de fait continue depuis trois ans au moins et en cas d’impuissance ou de stérilité médicalement constatée”. L’article 14 de ce même Code, lui, stipule que “Deux ans après le jugement déclaratif de présomption d’absence, le tribunal pourra être saisi d’une demande en déclaration d’absence. Le jugement déclaratif d’absence permet au conjoint de demander le divorce pour cause d’absence”.

“Nous préparons une société d’enfer”

Pour Roch Audacien Damiba, le mariage est comme une greffe. “Quand on a greffé deux arbres, si on arrache l’un, il y a des séquelles qui restent sur l’autre”, explique-t-il. Ainsi, pour lui, les conséquences du divorce sont incalculables. Il note que chez le couple, le divorce provoque une instabilité morale. Suzanne Ilboudo qui a divorcé il y a de cela six ans en sait quelque chose. “Chez la femme, ça joue beaucoup. Une femme divorcée est systématiquement marginalisée”. Et de poursuivre en colère : “j’ai déjà discuté avec quelqu’un qui m’a dit ceci : “Suzanne, tu vas te remarier pour quoi faire ? Tu as un enfant qui est à l’université, ça te suffit largement”. Je dis ah non ! Mon enfant, c’est sa vie et moi, je ne suis pas une femme inactive qui doit attendre que son enfant l’entretienne. Je n’ai pas besoin de ça ! J’ai d’autres besoins que mon enfant ne peut pas satisfaire…” Dans tous les cas, Suzanne Ilboudo garde l’espoir : “Si j’ai un bon partenaire qui peut me faire retrouver le bonheur, je crois que je vais retenter l’expérience. Mais au cas contraire, mieux vaut rester seule que d’être mal accompagnée.

Ce qui est choquant, c’est que quand une femme vit seule, les hommes ne veulent pas la respecter. N’importe qui veut lui faire la cour, pensant que c’est une femme facile" ! Les conséquences de divorce chez les enfants sont encore plus graves, fait observer M. Damiba. “Nous sommes en train de préparer une société d’enfer. Ne demandez pas à un enfant qui a grandi dans un milieu conflictuel d’apporter, à l’âge adulte, la joie et l’harmonie autour de lui car il ne les a pas vécues”. La coordonnatrice de l’AFEDI confirme que les divorces sont néfastes pour les enfants : “non seulement sur le plan psychologique ça les perturbe, mais ça joue également sur leur scolarité”. Daniel Sédogo de la direction régionale du Centre du Ministère de l’action sociale et de la solidarité nationale (MASSN), lui, conseille ceci aux couples qui persistent pour divorcer, “Un enfant a besoin de son père et de sa mère”. Pour cela, M. Sédogo est clair : “Vous n’avez pas demandé l’avis des enfants avant de les mettre au monde. Evitez donc de faire subir à vos enfants un tel choc émotionnel et sentimental !” Et Roch Audacien Damiba de préciser que la société entière n’échappe pas aux conséquences des divorces. “Nous ne pouvons pas avoir une société stable si on n’a pas des foyers stables. Une femme ou un homme divorcé, quels que soient les postes qu’ils occupent, même s’ils se donnent à fond, on sentira un peu de faiblesse”.

“Le mariage n’est pas pour les égoïstes et les paresseux”

Comment faire pour sauver le mariage ? Le conseiller conjugal Roch Audacien Damiba donne sa recette : “Mon professeur disait que le mariage n’est pas pour les égoïstes et les paresseux ! On se marie pour partager, pour travailler ensemble”.
Selon lui donc, pour sauver le mariage de nos jours, il faut mettre l’accent sur la préparation des prétendants. M. Damiba trouve que c’est inacceptable de laisser les gens se marier sans y être préparé : "A quelqu’un qui veut être chirurgien, on ne remet pas des ciseaux et des pinces avant de lui dire, vas-y ! Alors pourquoi quand il s’agit de devenir père et époux ou mère et épouse, il n’ y a aucun contrôle, aucune préparation" ? Le secrétaire général de la mairie de Nongr-Massom, Damien Gampiné, est du même avis que le conseiller conjugal.
Il reconnaît que la préparation avant le mariage est très importante. Il mentionne que l’officier d’état civil doit s’entretenir individuellement avec chaque futur marié et faire une confrontation par la suite. “A travers les entretiens, l’officier d’état civil peut déceler, lui-même, si entre les deux futurs mariés, quelqu’un cache quelque chose à l’autre.

Ce n’est pas souvent le cas car dans nos services, les agents chargés d’instruire les dossiers de mariage n’ont aucune formation approfondie en la matière”, relève M. Gampiné. La coordonnatrice de l’AFEDI, elle, pense que quand on s’engage pour le mariage, “Il faut être tolérant, savoir pardonner, être très ouvert l’un envers l’autre et savoir communiquer”.
Selon elle, la plupart du temps, quand il y a rupture de communication, le foyer dégringole, des problèmes naissent, des conflits s’y invitent et on aboutit au divorce. Aussi souligne-t-elle, “On ne doit pas se marier parce que la société voit le célibat d’un mauvais œil. Mais on doit se marier parce qu’on aime l’autre, parce qu’on est prêt à se sacrifier pour l’autre, on a du respect pour l’autre”. La coordonnatrice de l’AFEDI ne tarit pas de conseils : “Si je me marie tout simplement parce que j’ai peur de la société ou parce que l’autre a les moyens, soyez sûr que ça ne peut pas aller”.

Selon Suzanne Ilboudo, l’AFEDI, créée le 18 mars 2007 à Ouagadougou et reconnue sous le récépissé N°2007/096/MATD/RCEN/PKAD/HC/SG/DASE, a beaucoup apporté aux femmes. “C’est la souffrance des femmes qui m’a incitée à fonder l’AFEDI. Je n’aime pas la solitude et à un moment donné, je me suis sentie seule ; j’ai senti le poids de la marginalisation. Le fait même que les femmes viennent nous rencontrer ici, ça les soulage. Il y a des femmes qui n’osaient même pas évoquer leur situation de divorcée. Mais grâce à l’AFEDI, elles ont eu le courage de sortir de leur cachette”, soutient la coordonnatrice.
Tout ce que l’Association des femmes divorcées et des femmes et enfants en difficultés demande, ce sont des moyens matériels et financiers pour mener son combat de formation et de sensibilisation des femmes afin de sauver la famille des “griffes” du divorce.
Suzanne Ilboudo rassure que son association ne vise pas à inciter les femmes à divorcer ou à se rebeller contre leurs époux, mais qu’elle entend apaiser la souffrance des femmes qui perdent leur foyer ou qui y vivent difficilement en espérant réduire le taux de divorce par l’information et la sensibilisation.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)


Témoignage

“J’ai atteint un point de non retour…”

K. M. est en instance de divorce d’avec sa femme après dix ans de mariage. Très déçu et sous le choc, cet homme de tenue qui a requis l’anonymat explique la façon dont l’irréparable s’est produit dans son couple.

“Après dix ans de mariage et deux enfants qu’on a eus ensemble, ma femme est entrée dans l’infidélité. Dix ans de mariage et deux enfants, vous vous imaginez ! S’il y a une naissance, c’est qu’il y a une date de prise de grossesse. Quand tu prends la date de naissance de l’enfant et tu calcules par rapport à la date de conception, tu te rends compte que cette dernière était déjà enceinte à l’issue d’une permission qu’elle a obtenue afin de se rendre à Ouagadougou car à l’époque, nous étions en province. Pour mon cas précis, on n’a pas besoin d’un test ADN pour détecter le père de l’enfant. La date de sa naissance est suffisamment illustrative. Si vous basculez neuf mois en arrière, on se rend compte qu’on n’était pas ensemble durant tout le mois.

Quand elle est revenue, pour couvrir cette grossesse, elle a exigé que je couche avec elle. “Si tu ne couches pas avec moi, je vais retourner à Ouagadougou ; c’est parce que tu as flirté avec les filles du village que tu ne veux pas coucher avec moi…", se plaignait-elle à son retour d’un séjour à Ouagadougou. Or, c’était un stratagème pour légaliser une grossesse. Et comme une personne n’est pas un animal ou un oiseau, tu ne peux pas ne pas découvrir à la longue qu’un enfant n’est pas le tien. Au fur et à mesure que le temps passait, c’est elle-même qui s’est finalement trahie à travers certains de ses propos. Aujourd’hui, je sais qui est le père de l’enfant adultérin. Pourtant, pendant l’absence de madame, je suis resté deux mois et demi sans rapports sexuels. Il m’est arrivé que la nuit, je fasse des rêves humides. Mais je lave mon slip et me recouche. Je ne pouvais pas m’imaginer que madame était en train de partager son sexe à Ouagadougou. La procédure de divorce est toujours en cours.

Quand j’arrive au palais de justice, on me dit qu’il faut que je fasse un test ADN. Ils savent bien pourtant que la période de prise de grossesse ne concorde pas avec la naissance de l’enfant. Mais parce qu’elle connaît des gens de la Justice, on fait traîner le dossier et on me complique la vie. On me dit de faire ce que je ne peux pas faire (le test ADN coûte entre 900 000 et 1 000 000 de FCFA). En principe, le divorce doit être prononcé puisque l’infraction est établie et cela est prévu par la loi. Mais on va te tourner à la justice et c’est comme ça. Elle instrumentalise nos enfants contre moi et ceux-ci me regardent souvent de façon étrange. Mais jusqu’à présent, je m’occupe d’eux, je donne ce que je peux à la famille. Celle que j’appelais ma femme est toujours dans ma cour à cause des enfants. Je les y ai laissés et je suis chez ma concubine.
Ce qui me fend le cœur, c’est que c’est elle même qui a amené l’affaire en justice. J’y ai été sur convocation du substitut du procureur. J’ai tout expliqué.

L’enfant adultérin a dix ans de nos jours. Jusqu’à présent, il est chez moi, il porte mon nom et c’est moi qui l’ai scolarisé. J’ai atteint un point de non retour… On ne me coupe pas une pension quelconque puisque je n’ai pas introduit une demande de divorce ou de séparation de corps. Donc, l’affaire est restée comme ça et on se regarde…”

Propos recueillis par A. T.


Commentaire

La greffe de Dieu n’a-t- elle pas pris ?

“L’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise à l’homme et il l’amena vers l’homme. Et l’homme dit : cette fois-ci c’est l’os de mes os, la chair de ma chair. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair”, Genèse 2, 22-24 de la Sainte Bible.
“Faites administrer à chacun de ceux, homme ou femme, qui ont commis l’adultère cent coups de bâton, ne soyez pas pris de compassion pour eux [lors de l’application] du Jugement (dîn) de Dieu si vous avez foi en Dieu et au Jour dernier et qu’un groupe de croyants assiste à leur châtiment. Faites administrer à ceux qui lancent une accusation [d’adultère] à l’encontre de femmes honnêtes sans avoir produit quatre témoins, quatre-vingts coups de fouets et refusez à l’avenir de prendre en compte leur témoignage car ce sont des prévaricateurs”, Sourate 24, 2 et 4 du Saint Coran. A la lumière de ces paroles religieuses, l’on se demande pourquoi le mariage bat de l’aile à Ouagadougou. La greffe de Dieu n’a- t- elle pas pris ou sommes nous tombés dans une insouciance sans pareil, foulant aux pieds les saintes paroles du Créateur ?

Il faut le reconnaître, certains comportements sociaux dénotent de la perte de vitesse des croyances religieuses de nos jours. Les gens s’engagent de plus en plus en réligion sans conviction.
Et cela se ressent sur les mœurs, notamment sur la cellule familiale. Le pire est qu’en dehors des chiffres officiels sur les taux de divorce, les vraies statistiques sont inconnues car nombreux seraient les couples qui se sépareraient sans se référer à la justice. Soit monsieur, de peur de commettre une folie, prend son sac et disparaît dans la nature, soit madame, de crainte de se faire étrangler, abandonne le domicile conjugal. Et que dire, des dossiers de divorce qu’on finirait d’instruire et qu’il serait impossible de prononcer ! M. Sédogo de la direction régionale du Centre du MASSN l’a révélé : “Il y a des dossiers de certaines femmes qu’on finit d’instruire et au moment de prononcer le divorce, on vous dit qu’il n’en est pas question car cette dame ne doit pas être honnie”.
Finalement, dans ces conditions, nombre de couples vivraient ensemble pour la forme. Pour masquer la situation, on fait une mise en scène lors des cérémonies officielles pour donner l’impression que tout va bien. Il est vrai que le mariage relève du domaine de la vie privée de tout un chacun, mais il serait judicieux de mener des réflexions sur la question. C’est la survie de la famille burkinabè, de la société tout entière qui en dépend.

A.T.

Sidwaya

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