Actualités :: PUBLICITE SUR LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES : Que de mensonges (...)

En ces mois de vacances, les chaînes de télévision et les stations de radio, privées comme publiques, sont envahies par des publicités qu’on ne voyait pas avant : les publicités sur les établissements privés d’enseignement. C’est ainsi qu’il n’est pas rare de voir de très belles images présentant un parc d’ordinateurs pour les cours d’informatique à faire pâlir de jalousie un magasin de Bill Gates. Les mêmes images nous montrent des établissements d’enseignement propres, avec des cours spacieuses, des salles de cours vastes, bien aérées et bien éclairées, des toilettes correctes. Et, cerise sur le gâteau, une belle littérature sur la qualité du corps professoral et de l’enseignement qui y est dispensé. Tout est mis en oeuvre pour appâter les parents d’élèves soucieux du devenir de leurs enfants.

Mais attention ! Parents d’élèves, faites souvent un tour, parfois même deux, avant de prendre la décision d’y inscrire votre enfant. Dans de nombreux cas, vous allez déchanter si vous y mettez votre enfant. Le parc d’ordinateurs qu’on vous avait fait miroiter est devenu trois ou quatre postes déglingués, incapables de fonctionner pendant une heure. Les responsables de l’établissement trouveront toujours des arguments pour vous convaincre en disant que leurs appareils sont à la Douane et qu’il n’y a qu’à aller les sortir et venir les installer. Les salles de classes sont en réalité d’anciennes chambres à coucher, les laboratoires servaient de garage.

Jetez un coup d’oeil aux toilettes, vous risquez d’être interloqué par ce que vous allez voir. Mais le pire est à attendre. En mars-avril vous vous inquiétez de la présence continuelle de votre garçon ou fille à la maison et cela pendant les heures de cours. Ils vous répondent invariablement : "On n’a pas cours aujourd’hui". Voulant avoir le coeur net avant de sévir contre eux, vous rendez une visite à son lycée ou collège. Vous ne voyez aucun élève ou professeur. Là encore, les responsables de l’établissement que vous rencontrez trouveront des raisons pour apaiser vos inquiétudes. La réalité qu’ils ne peuvent pas vous dire, c’est que, une fois les inscriptions faites et les frais de scolarité encaissés, lesdits frais ont servi à autre chose. La conséquence, c’est que dès la fin du premier trimestre, les enseignants ne sont plus payés et, n’étant plus intéressés, ils sont allés voir ailleurs, laissant les enfants, dont le vôtre, à leur sort.

Les enseignants qu’on rencontre dans de nombreux établissements n’ont ni le niveau, ni les autorisations requises pour exercer le métier de professeur. Ils sont recrutés par les fondateurs et les directeurs des établissements privés d’enseignement qui les payent au rabais, mais surtout parce qu’ils ne s’associeront pas à un mouvement de grève, sachant comment ils sont arrivés à leur poste. Voici ce qui explique, entre autres, la baisse de la qualité de l’enseignement au Burkina Faso. Les responsables de l’enseignement primaire ou secondaire ignorent-ils ces situations ? Certainement pas ! Mais que peuvent-ils faire ? Dans ce pays où l’illégalité est la norme et la légalité un crime, les inspecteurs, même quand ils découvrent ces choses, ferment les yeux. Alors que pour la protection de la jeunesse burkinabè, ils devraient prendre immédiatement la décision de fermer un tel établissement.

Le ministère de la Santé n’a-t-il pas, après des contrôles et des inspections, fermé, pour l’exemple, des cabinets de soins parce qu’ils n’obéissent pas ou ne respectent pas les normes exigées en matière de santé ? Les ministères de L’Enseignement de base et de l’alphabétisation et des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique doivent suivre cet exemple. S’ils ne le font pas, on peut les accuser de complicité d’assassinat intellectuelle de la jeunesse de ce pays, eux qui ont pour mission première de travailler à l’éveil intellectuel de la même jeunesse. Il ne devrait pas y avoir d’état d’âme dans l’application des textes qui régissent l’ouverture d’un établissement privé d’enseignement, qu’il concerne le préscolaire, le primaire, le secondaire ou le supérieur. Il est question de l’avenir du Burkina Faso. On ne devrait pas transiger avec. Pour mieux réguler cette publicité outrancière, ces deux ministères pourraient s’entendre pour éditer un document après enquêtes sérieuses, dans lequel chaque établissement sera noté sur la foi des résultats qu’ils a obtenus en termes de réussite aux examens et concours .

Certes, nous vivons l’ère de la communication. Pour vendre ou acheter, pour agir d’une manière ou d’une autre sur la société, il faut communiquer. Ne dit-on pas que communiquer, c’est exister ? Mais les publicités sur les établissements privés d’enseignement méritent d’être surveillées de près. Certaines de ces annonces sont une arnaque destinée à attirer les élèves et les parents d’élèves incrédules tout comme la lumière attire certains insectes. La qualité se vend elle-même, dit-on. Le vendeur de miel naturel ne demandera jamais à quiconque de goûter son produit. Par contre, celui qui vend du tabac est obligé de le faire pour que le client apprécie la qualité de son produit avant de se décider. En effet, nous pouvons tous remarquer que les établissements qui refusent des élèves chaque année ne font jamais de la publicité. Un vieil enseignant m’a enseigné : "Si tu es quelqu’un, on viendra te chercher". C’est plus vrai pour une école, un collège, un lycée ou un institut d’enseignement supérieur. S’il est performant, les gens viendront.

Le Fou

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