Les promoteurs de colonies de vacances sont-ils des marchands d’illusions ? On est tenté de le penser à la lumière des expériences douloureuses vécues par certains jeunes colons qui jurent, la main sur le coeur, qu’on ne les y prendra plus, ni eux ni leurs camarades. Sur la base du circuit et du programme présentés par le promoteur et qui sont alléchants, monsieur et madame O.P. décident d’inscrire la petite Clémentine qui a bien travaillé au cours de l’année scolaire.
Ils veulent lui permettre de découvrir un pays côtier et de voir la mer dont elle rêvait tant. Les parents de Clémentine, seule fille de la famille, soit dit en passant, ont les moyens. Ils peuvent le faire pour leur enfant chérie. Mais il ne suffit pas de pouvoir payer la note présentée par l’organisateur de la colonie de vacances. Il fallait faire attention, se déplacer eux-mêmes pour voir à qui ils confient leur progéniture. Cette précaution élémentaire, M. et Mme l’ont foulée aux pieds. Ils allaient le regretter. C’est le chauffeur qui a reçu la mission d’aller inscrire Clémentine, de faire tous les préparatifs pour le départ de la petite, s’assurer de la date et de l’heure de départ. N’est-ce pas ainsi que beaucoup de personnes agissent même s’il s’agit d’aller inscrire un enfant à l’école, au lycée ?
La première surprise des colons et de leurs parents, ils la rencontrent au moment du départ de la colonie. Au lieu d’un car de transport qui présente les normes élémentaires de sécurité pour les enfants, c’est dans un vieux car bringuebalant qu’on entasse les enfants, garçons et filles. Conséquence : les jeunes ont passé leur première nuit de vacances à la belle étoile, au bord de la route à cause d’une panne de moteur. Mais ce n’était que le début d’une aventure que Clémentine expliquera à son retour à ses parents en pleurant, et surtout en leur disant qu’ils sont responsables de sa mésaventure. Quand le car fut réparé, les colons repartirent en direction d’un pays du Sud. Ils y arrivèrent. Malheureusement, Clémentine ne verra jamais la mer, comme le prévoyait le programme.
Pendant toute la durée du voyage, les enfants dormaient confinés à six, parfois plus dans des chambres exiguës dont la propreté laissait à désirer, les toilettes communes étant difficilement utilisables. La nourriture servie était à la limite de l’acceptable. Les responsables ne cessaient de crier sur les enfants qu’ils appellent "les enfants gâtés". Pour tout parfaire, à la fin du séjour, les organisateurs demandèrent aux colons de téléphoner à leurs parents pour leur dire qu’ils devaient verser une somme supplémentaire pour permettre le retour de leur enfant au Burklina. Ils prétextèrent pour réussir leur mauvais coup qu’il y a eu un dépassement des prévisions. N’est-ce pas de l’arnaque ça ? Cette histoire que nous avons tenu à raconter par le menu n’est nullement le fruit de notre invention. Nous avons tu des choses, des comportements qu’il n’est pas bon de savoir. Car dans certaines colonies de vacances il se passe parfois des choses que nous nommerons "bizarres".
Les colonies de vacances et leur organisation sont une activité très lucrative. Mais, la recherche du gain ne doit pas faire oublier aux promoteurs qu’ils sont responsables des enfants à eux confiés devant leurs parents et devant les responsables gouvernementaux. Les amères expériences dont les colons sont souvent victimes ont pour cause l’incrédulité des parents et aussi des pouvoirs publics. Doit-on donner à quiconque l’autorisation d’organiser ces genres de convois ? N’y a-t-il pas une certaine expertise que l’on peut exiger des organisateurs ? Car le plus souvent, il existe un grand fossé entre le service rendu en fin de compte et ce qui était proposé au départ. Il y a donc lieu de s’assurer de la bonne moralité des organisateurs. Les colonies de vacances sont des périodes de traite pour une catégorie d’individus parfois sans scrupule, uniquement orientés vers l’acquisition de gains financiers substantiels qui sont sans rapport avec les services qu’ils ont proposé de rendre.
Les pouvoirs publics, en l’occurrence le ministère de l’Action sociale ou le ministère des Sports et Loisirs, doivent veiller à mettre en place une structure de régulation de cette activité dont la demande s’accroît d’année en année. Parce qu’elles concernent les jeunes surtout, toutes les précautions doivent être prises, un cahier de charges doit être signé entre la personne qui s’engage à organiser une colonie de vacances et les pouvoirs publics pour éviter que ces sorties ne se transforment en expériences traumatisantes pour les jeunes colons. Il convient de mettre de l’ordre dans ce secteur d’activité qui est noble. Parents, il faut veiller désormais pour que ces temps de découvertes et d’épanouissement que vous avez voulus pour vos enfants ne se transforment en temps de déconvenues et d’amertumes parce que tout simplement vous n’avez pas pris la précaution de chercher à connaître celui à qui vous confiez ces jeunes et frêles personnes.
Le Fou
Le Pays
