Les chasseurs de la région des Cascades étaient réunis le mardi 21 juillet 2009 autour des techniciens de la Direction régionale de l’Environnement et du Cadre de vie. Objectif de cette conférence, réfléchir sur l’implication et le rôle des chasseurs traditionnels dans la gestion durable des ressources fauniques.
La région des Cascades dispose d’énormes potentialités fauniques qu’il faut préserver même si elles paraissent assez raisonnables de nos jours. Depuis quelques années, il ne se passe pas une campagne agricole dans la région sans que des conflits hommes-éléphants ne soient enregistrés. Pour les prévenir et du même coup protéger la faune au niveau de la région, la Direction régionale de l’Environnement et du Cadre de vie a jugé nécessaire de réunir les chasseurs avant que la campagne agricole qui s’installe définitivement ne soit trop avancée. Ce sont plus de 300 chasseurs venus des quatre coins de la région et organisés au sein du Collectif des associations pour la conservation de l’environnement (CACOSE) et de l’Association Faso Donso qui ont pris part à cette conférence. La salle du ciné Nérigaba de Banfora qui a prêté son cadre pour les échanges, était pleine d’hommes vêtus de tenues sombres ou ocres.
Avant de dire aux chasseurs le rôle qu’ils peuvent jouer dans la protection de la faune, le directeur régional (DR) de l’Environnement et du Cadre de vie leur a exposé les missions de son service en matière de forêt et de faune. « Notre mission au ministère de l’Environnement et du Cadre de vie est d’assurer la mise en œuvre et le suivi de la politique gouvernementale en matière d’environnement et d’assainissement du cadre de vie », a martelé Adama Guinko. Il leur a également dit que la dégradation des ressources naturelles dans notre pays est due d’une manière générale aux techniques inappropriées d’exploitation des terres basées, entre autres, sur le défrichement anarchique sur brûlis, le non-respect des normes de coupe, la mise de feux criminels ou pour chasser un rat. Face à une telle situation, les techniciens de l’environnement affirment que chaque acteur doit se sentir responsable et que les dozos, détenteurs de pouvoirs ancestraux et mystiques, peuvent contribuer efficacement à la protection des ressources naturelles de la région. En sensibilisant les populations pour un changement de comportement, en contribuant à la protection de la faune et dans la lutte contre les feux de brousse, la divagation des animaux, ces dozos peuvent, selon le DR, appuyer le service forestier.
A ce niveau, les conflits hommes-éléphants est revenu sur le tapis ; amenant les dozos à demander une formation en matière de gestion d’éléphants. Avant de s’engager aux côtés des agents de l’environnement et même pour les suppléer de temps en temps, les chasseurs pensent qu’il leur faut un minimum de garanties telles des documents qui montrent qu’ils sont autorisés à assurer la protection de leur cadre de vie. Mais avant toute chose, ils demandent la tenue d’une rencontre de concertation des dozos lors de laquelle ils poseront les bases claires de leur implication dans cette lutte car, selon eux, certains animaux ne sont pas naturels. Selon Yacouba Kabako Tou, le chef chasseur de Karfiguela, certains éléphants ayant causé des dégâts au cours de la campagne agricole précédente, sont des humains qui se sont métamorphosés pour régler les comptes à leurs ennemis.
Par Mamoudou TRAORE
Le Pays
