Actualités :: Santé : Le petit Robert est mort

Dans l’Observateur paalga du jeudi 25 juin 2009, nous lancions un SOS pour recueillir 350 000 FCFA afin de sauver le petit Robert, qui souffrait d’une hydrocéphalie tétraventriculaire. Une chaîne de solidarité a permis de collecter plus de 1 300 000 F CFA, qui a été remis aux parents de la victime le jeudi 2 juillet dernier à L’Observateur paalga. Tous ces efforts n’ont pas servi à grand-chose, puisque le nourrisson est décédé hier. Le mal qui rongeait son cerveau et qui nécessitait une opération chirurgicale a finalement eu raison de lui. Auparavant, nous avions rencontré son médecin traitant, le Pr Abel Kabré, chef du service de neurochirurgie à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo, pour qu’il nous parle de cette horrible maladie.

Le 12 avril 2009, Noëlle Tapsoba, épouse Bouda, donnait naissance à un garçonnet nommé Robert. La venue au monde d’un enfant est un heureux événement. Mais pour le couple Bouda, la joie n’était pas au rendez-vous, puisque le nourrisson présentait les signes d’une maladie qui faisait grossir sa tête. En juin, il est admis à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo de Ouagadougou, où le scanner du cerveau a révélé que le bébé souffrait d’une hydrocéphalie tétraventriculaire ; une pathologie qui nécessite une intervention chirurgicale.

Mais le coût de cette opération n’est pas à la portée des parents de la victime, qui décident de faire appel à la solidarité humaine en lançant un SOS à travers les colonnes de l’Observateur paalga du 25 juin 2009 en vue de réunir la somme de 350 000 FCFA, nécessaire pour ce type d’intervention. De façon prompte, des personnes de bonne volonté ont fait parler leur cœur en ouvrant leur tirelire pour donner des billets ou des pièces d’argent. En l’espace d’une semaine, plus d’un million (1 300 000) de nos francs ont été récoltés et remis à la famille du petit Robert.

Jeudi dernier, nous avons rencontré son médecin traitant, le Pr Abel Kabré, neurochirurgien, dans le but de faire un article sur cette maladie. Voici ce qu’il nous avait dit ce jour-là : “Le cas de Robert pose un certain nombre de problèmes. Il s’agit d’une hydrocéphalie tétraventriculaire liée à une hémorragie du cerveau.

Son liquide céphalo-rachidien est très riche en sang, de telle sorte que, si on met une valve actuellement, elle va très rapidement se boucher et il faudra la rechanger. Si on était dans un pays développé, on ferait une dérivation externe en attendant, que le liquide s’éclaircisse puis on remet la valve. Si elle ne fonctionne pas, on remet une autre. Il y a des gens qui ont 4 ou 5 valves dans la tête. Mais cela coûte cher, car la valve fait 200 000 F CFA.

Face donc à cette difficulté, nous avons opté pour un traitement palliatif, en faisant progressivement des ponctions en attendant car si on lui avait mis la valve tout de suite, elle allait se boucher rapidement et on serait obligé de la changer. Si tout va bien, nous allons procéder à l’intervention chirurgicale la semaine prochaine (NDLR : l’entretien a eu lieu le jeudi 23 juillet 2009)”.

C’est donc en principe à partir d’hier que le Pr Kabré devait envisager d’opérer le cerveau du petit Robert pour tenter de le sauver. Il ne pourra malheureusement plus le faire, puisque le bébé de Sylvain Bouda et de Noëlle Tapsoba a rendu l’âme le lundi 27 juillet. L’Observateur paalga s’associe au deuil de la famille éplorée et lui présente ses condoléances. Il n’oublie pas de réitérer ses remerciements à tous ceux et toutes celles qi ont répondu favorablement au SOS.

Le petit Robert est donc mort de sa maladie, c’est-à-dire de l’hydrocéphalie tétraventriculaire. De quoi s’agit-il au juste ? Un nom rébarbatif, “difficile à exprimer en des termes simples”, avoue le Pr Kabré. Mais retenez que c’est une accumulation de liquide céphalo-rachidien dans les ventricules du cerveau.

“Chez l’enfant, explique le neurochirurgien, le cerveau étant encore malléable, l’hydrocéphalie entraîne une augmentation de son volume. Au niveau de l’adulte, la pathologie est plus dangereuse, puisque le cerveau ne peut plus se développer. Le patient peut en mourir rapidement”. Le Pr Kabré a cité le cas d’une jeune dame sauvée in extremis par une opération chirurgicale qui lui a permis de recouvrer la vue. Elle est en ce moment hospitalisée à Yalgado.

Selon le spécialiste, l’hydrocéphalie est la première cause d’hospitalisation en neurochirurgie pédiatrique. Une étude en cours montre que 105 à 110 cas ont été enregistrés en 5 ans, en interne. Par semaine, indique le Pr Kabré, on dénombre 2 ou 3 victimes de cette pathologie, dont les causes sont à rechercher à plusieurs niveaux.

Mais la principale est d’ordre congénital, liée à certaines malformations du système nerveux central. La maladie peut aussi être due à la méningite et aux conditions d’accouchement de l’enfant où il y a souvent beaucoup d’hémorragies cérébro-méningées qui vont se compliquer en hydrocéphalie tétraventriculaire.

Ces malformations sont détectables avant la naissance du bébé. En Europe, face à un tel diagnostic, on procède à une intervention thérapeutique de la grossesse. “Malheureusement, déplore le professeur, la législation burkinabè ne permet pas cette pratique. Le seul cas où on peut le faire, c’est lorsque la vie de la mère est en danger. Or ici, ce n’est pas la cas”.

La conséquence, c’est qu’on met au monde un bébé malformé dont la prise en charge est un casse-tête chinois pour les parents en raison du coût du traitement et des résultats, parfois mitigés, auxquels on parvient. Autre effet collatéral de cette pathologie : les explications irrationnelles de la maladie, qui peuvent briser le couple ou pousser les parents à laisser l’enfant souffrir jusqu’à la mort.

Il y a lieu de saluer le mérite de Sylvain Bouda qui a sans doute affronté cette épreuve. En plus du cerveau, les complications se localisent au niveau des membres inférieurs, de l’anus et de la vessie. “Il faut souvent opérer le patient au minimum 5 fois avant l’âge de 5 ans”, fait remarquer le neurochirurgien.

Techniquement, tout est possible sur place ici à l’hôpital Yalgado au service de neurochirurgie du Pr Abel Kabré, qui invite les parents à amener rapidement les nouveau-nés à l’hôpital si on leur applique un traitement anti-paludique qui résiste, car leur mal peut cacher des malformations congénitales. Il en est de même pour les agents de santé des zones périphériques, qui doivent envoyer au plus vite les nourrissons au centre hospitalier lorsqu’un cas de maladie les dépasse. Cela permettra de faire un diagnostic précoce du mal.

Ouédraogo Adama Damiss


ENCADRE

La neurochirurgie est la discipline chirurgicale qui est spécialisée dans le système nerveux central et le système nerveux périphérique. Les chirurgiens qui la pratiquent sont appelés des neurochirurgiens. Au Burkina Faso, on compte un seul neurochirurgien en la personne du Pr Abel Kabré. “Considérée comme une spécialité trop spéciale et compte tenu de notre niveau de développement, la neurochirurgie n’était pas une priorité”, a déclaré le spécialiste. “Mais, poursuit-il, on se rend compte que le besoin se fait sentir et on songe à la formation”. Deux étudiants, apprend-on, poursuivent des études dans le domaine pour renforcer l’équipe existante.

L’Observateur Paalga

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