Actualités :: CAMBRIOLAGES AU MARCHE DE BOBO : Les commerçants crient leur (...)

Le grand marché de Bobo Dioulasso a été le théâtre, vendredi 24 juillet 2009, dans la matinée, d’une manifestation de colère. A l’origine de cette saute d’humeur qui frisait la révolte, les commerçants qui tenaient à exprimer leur ras-le-bol face à des actes de cambriolage intempestifs de leurs boutiques malgré la présence d’agents de sécurité pour lesquels ils disent dépenser d’importantes sommes pour la sécurité de leurs biens.

Le centre ville de Bobo Dioulasso a vibré, vendredi 24 juillet 2009, dans la matinée, au rythme des manifestations de colère des commerçants du grand marché. A la base de cette soudaine poussée de fièvre dans les rangs des commerçants de Sya, les incessantes incursions de délinquants dans leurs boutiques la nuit venue. Selon les témoignages des commerçants, depuis un certain temps, ils font quotidiennement les frais de cambrioleurs qui viennent nuitamment forcer les portes de leurs boutiques pour emporter leurs biens.

Malgré les interpellations de l’autorité par rapport à la situation, les choses se seraient particulièrement empirées ces derniers temps, où plus une semaine ne passe pratiquement sans qu’un commerçant ne déplore le cambriolage de sa boutique. Ce qui exaspère les commerçants, c’est qu’ils disent dépenser des sommes exorbitantes pour la police municipale et une société de vigiles chargés d’assurer la sécurité des lieux. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ce vendredi, c’est le passage de ces délinquants à la boutique de Salam Ouédraogo, dans la nuit du jeudi au vendredi 24 juillet, emportant plus de 650 000 F CFA de l’infortuné. Cela au nez et à la barbe des agents de sécurité.

L’annonce de la nouvelle a fait l’effet d’une bombe chez les commerçants qui n’ont pu contenir leur colère. Sur-le- champ, ils ont décidé d’observer une "journée marché fermé". Tous ont donc gardé leurs boutiques closes toute la journée et certains, appuyés par des badauds, ont manifesté bruyamment leur dépit en procédant à quelques casses ici et là. Les éléments de la police municipale et quelques vigiles surpris par la manifestation au poste de police ont failli subir le courroux des manifestants dont certains visiblement très remontés, voulaient leur peau. N’eût été l’interposition de certains vieux sages du marché, ils auraient été molestés. Toutefois, ils mettront certainement du temps pour oublier ce vendredi noir. Ils furent séquestrés dès les premières heures de la matinée, avec une pluie bien nourrie de pierres sur le toit, jusqu’à 13 heures, moment où la prière de vendredi a fini par détourner les manifestants. C’est seulement à cette heure de la journée qu’ils ont pu être exfiltrés par une porte dérobée à l’intérieur du marché.

Des agents de sécurité ou des Roméo et Juliette ?

Manifestement, les commerçants ont beaucoup à reprocher aux agents de sécurité du marché. En effet, selon les témoignages des uns et des autres, la nuit venue, ces agents, au lieu de la surveillance du marché qui est leur raison d’être là-bas, s’adonnent plutôt à des scènes de romantisme ou de racket des passants. "Si vous venez par là, la nuit, vous les verrez avec de jeunes filles, en train de prendre du thé, de regarder la télé ou même de s’embrasser au bord de la voie…", explique un commerçant, dépité. "Ils n’ont cure de la sécurité de nos biens ici. Ils prennent notre argent pour rien. Leur souci, c’est de boire leur thé et rançonner les pauvres vieux qui s’aventurent par ici. Un jour, ils ont arrêté un vieux sur la voie, sous prétexte qu’il était en infraction. Ils lui ont exigé de payer 6500 F CFA. Les supplications du vieux et ses lamentations n’ont rien entamé à l’intransigeance et à la cupidité de ces gens. Je suis intervenu pour leur demander, pour l’amour de Dieu, de pardonner au vieux. Ils m’ont rétorqué que ce n’est pas Dieu qui les a mis là et qu’ils veulent l’argent ou rien. J’ai dû leur remettre l’argent et lorsque je leur ai demandé un reçu, ils m’ont dit de m’effacer de leur vue…", raconte un autre au bord du dégoût.

Certains commerçants vont même jusqu’à suspecter les agents de sécurité d’être de connivence avec les cambrioleurs. Comment comprendre que des délinquants puissent rentrer dans le marché et casser des portes métalliques, avec tout le bruit que cela peut engendrer, sans que personne puisse s’en rendre compte ? Se demande-t-on. "Ils sont complices ; nous ne voulons plus d’eux. Nous allons nous organiser nous-mêmes pour assurer la sécurité ici", conclut l’un des commerçants.

Corps habillés indésirables

Le marché et ses alentours ont été une zone interdite pour forces de l’ordre et autorités chargées de la gestion des lieux, le temps de cette "manif" des commerçants. Il ne faisait pas bon pour ces deux catégories de personnes de s’y aventurer, surtout pas en tenue pour les premiers. Le directeur du marché a dû être exfiltré sur une mobylette banalisée. Un jeune gendarme qui n’était vraisemblablement pas informé de la situation et qui y est arrivé, l’a appris à ses dépens. Il a eu la vie sauve grâce à son agilité et à la puissance de ses jambes. Il a eu le temps de s’enfuir, abandonnant son engin, juste au moment où les manifestants avaient lancé la fatwa et s’ébranlaient vers lui pour le cueillir.

Durant toute cette manifestation et malgré les actes de vandalisme, il n’y a eu aucune intervention policière. Un responsable commerçant expliquera plus tard que s’ils (les policiers) ne sont pas intervenus, c’est parce qu’ils ont réalisé que les manifestants n’attendaient que cela pour s’adonner à toute sorte de pillage. Eux qui ne voulaient que "croquer du policier" ce jour-là. Ce n’est que tard en début de soirée qu’une forte armada de gendarmes a été déployée pour quadriller le marché et y demeurer jusqu’au matin. Aux dernières nouvelles, c’est ce corps qui devrait assurer la sécurité des lieux jusqu’à nouvel ordre.

Attention, les mêmes causes produisent les mêmes effets

Parcourir les allées du grand marché de Bobo en l’absence des commerçants et des usagers, comme nous en avons eu l’occasion ce vendredi matin à la faveur de cette manifestation, permet de découvrir une autre facette de ce marché. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les installations anarchiques ont pignon sur rue dans l’infrastructure. Toutes les allées sont encombrées de tables installées de part et d’autre, rendant le passage très difficile, voire impossible par endroits. Quand on sait que c’est ce genre d’installations anarchiques qui avaient été à l’origine du drame de 2003 au grand marché de Ouagadougou, il y a peut-être lieu de craindre le même sort par ici aussi. Sans doute qu’il faut y remédier à temps pour éviter de faire le pompier après l’incendie qui aurait pu être évité.

Par Ladji BAMA

Le Pays

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