Actualités :: Marché central de Koudougou : Voilà, la Cocotte-Minute a fini par (...)

Hier lundi, Koudougou a été le théâtre d’une vive manifestation de mécontentement des commerçants du marché central qui ont livré bataille et courses- poursuites avec les policiers en signe de protestation contre la fermeture, tôt le matin, de plus de mille (1000) boutiques du marché. Le motif ? Les occupants n’ont pas honoré leurs obligations de loyer et de signature de contrats avec l’Etablissement public communal de développement (EPCD), chargé de la gestion du marché. Le temps d’une matinée, Koudougou a pris des allures d’Intifada.

Le marché central de Koudougou, depuis son inauguration en novembre 2004, n’a jamais fonctionné de façon vraiment satisfaisante. Les accords arrêtés pendant la construction de l’ouvrage et avant sa mise en service n’ont jamais été respectés par les principaux occupants.

Conséquence, le taux de recouvrement est toujours resté en deçà des attentes. Les commerçants invoquent, entre autres, le renchérissement de la vie, la baisse du pouvoir d’achat, l’effritement du tissu économique et, naturellement, la cherté des boutiques mises à leur disposition.

Une multitude d’initiatives ont été prises, qui n’ont cependant pas permis d’inverser la tendance. Pas même l’étude diagnostique du marché central dont la restitution avait regroupé tous les acteurs intervenant dans le fonctionnement du marché, qui, pourtant, avait permis de faire des recommandations pertinentes.

Alors qu’on n’a cessé de rappeler que cette mauvaise santé du marché compromettrait la construction de l’auto gare et de l’abattoir. Entre les commerçants, les responsables de la mairie et de l’EPCD, on a l’impression d’assister à un dialogue de sourds surtout que ce que veulent les uns est de loin opposé à ce que désirent les autres.

Cette divergence de vue a, au fil du temps, pourri la situation et créé un climat de méfiance et de défiance de part et d’autre, si bien qu’on sentait que le couvercle de la Cocotte-Minute pouvait sauter à tout moment. C’est ce qui est arrivé ce lundi matin quand les commerçants, arrivés au marché, se sont heurtés à des grilles et portes cadenassées.

Il n’en fallait pas plus pour qu’explose cette colère longtemps contenue. Renseignement pris, il s’est avéré que plus de mille boutiques de ceux qui n’ont pas signé les contrats avec l’EPCD ont été fermées.

Ces contrats sont en fait des engagements que les commerçants devaient prendre afin d’apurer leurs dettes dans un délai de trente mois. Seules une cinquantaine de boutiques n’ont pas été touchées par la mesure mais les commerçants ont contraint leurs occupants à baisser rideau.

Ils ont ensuite envahi la zone commerciale, obligeant les tenanciers de petits commerces à fermer leurs portes. Après cela, ils se sont rendus au siège de l’EPCD où ils entendaient en découdre avec le directeur Joseph Nikiéma qui aurait donné l’ordre de fermer le marché.

Devant une escouade d’agents de sécurité déterminés à protéger les lieux, on a assisté à un pathétique dialogue de sourds jusqu’à ce que les éléments de la police recourent à la manière forte pour déguerpir les croquants.

Adama Nassa du syndicat des commerçants nous a confié ceci : "Il y a des arriérés de loyer et lors d’une rencontre de concertation avec les partenaires, les commerçants avaient promis d’honorer leurs engagements dans un intervalle de 4 mois. Un plan d’action a été mis en place pour amener les commerçants à payer leur dette.

Mais ceux-ci demandent à connaître les taxes avant de prendre des engagements. Face à la volonté de l’EPCD de fermer les boutiques de ceux non à jour, les syndicats et les chefs de zones ont rencontré le directeur de l’EPCD pour lui demander de surseoir à la mesure de fermeture des boutiques. C’est dans cette attente que ce matin nous avons constaté la fermeture de 1145 boutiques du marché. Seuls 50 propriétaires ont signé leurs engagements".

Aussi, leur revendication est que l’EPCD revienne sur sa décision de fermeture pour apaiser la situation en attendant une rencontre avec le maire. Les appels au calme des responsables des syndicats de commerçants sont restés vains et les manifestants ont échangé des projectiles contre des gaz lacrymogènes avec les agents de sécurité dans plusieurs endroits de la ville, notamment au niveau de l’EPCD, devant le commissariat de police et tout autour de la zone commerciale.

On ignore si du côté des policiers il y a eu des blessés, mais deux commerçants, aux dernières nouvelles, ont été touchés dont Narcisse Bazié au dos et Cyrille Zongo qui a eu une fracture à la cuisse gauche.

Faisant fi de toute règle de prudence et de sécurité, certains commerçants ont investi le marché et se sont attelés à scier les cadenas posés par le comité de gestion du marché. Au commissariat de police, les policiers ont permis d’éviter le pire en libérant un jeune manifestant qui y avait été conduit.

Là aussi, il a fallu utiliser le gaz pour disperser les manifestants. Pendant ce temps, le comité de sages s’est réuni à son siège pour faire le point de la situation avec les délégués des commerçants.

Quand nous tracions ces lignes, la situation s’était quelque peu calmée mais la tension était toujours palpable, aggravée par le fait que les commerçants n’avaient pas eu gain de cause, à savoir l’ouverture sans conditions du marché qui est resté fermé ainsi que la plupart des boutiques et échoppes de la zone commerciale.

Le maire, à qui les commerçants imputent en partie la responsabilité de ce qui leur arrive, nous a rencontré vers 16 heures à ce sujet (lire encadré). Ce lundi, on a d’ailleurs eu l’impression qu’un génie maléfique a traversé la ville, car si les commerçants et les forces de l’ordre se livraient une guérilla urbaine, du côté de l’université de Koudougou, les étudiants piaffaient aussi d’impatience, suspendus qu’ils étaient aux résultats des échanges qui se déroulaient, ce jour même, au niveau du Conseil de la formation et de la vie universitaire (CFVU) qui devrait se pencher sur la revendication des étudiants liée au zéro collectif dont ils réclament la suppression. Nous y reviendrons.

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga

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