Ceci est un cri du coeur des stagiaires de la 8e promotion du Programme austro-burkinabè. Dans cette lettre adressée au journal "Le Pays", les stagiaires évoquent leurs misères et demandent qu’une solution soit trouvée à leur situation.
"Monsieur, nous, élèves professeurs du Programme austro-burkinabè huitième promotion(PAB8), en formation pour une durée de deux ans à Dakar, nous venons par cette lettre pour vous faire part des difficultés que nous endurons depuis notre arrivée, du sentiment d’injustice que nous ressentons à travers le manque de transparence dans les actions menées par nos premiers responsables et d’autre part vous demander votre ingérence dans nos affaires dans l’objectif de nous aidez à trouver des solutions durables.
En effet, depuis notre arrivée à Dakar au nombre de 38 élèves en septembre 2007, nous vivons des difficultés récurrentes. Le loyer : en effet lors de nos rencontres avec l’administration de l’Université de Koudougou (UK), il nous a été dit par le président de l’UK qu’en plus de la bourse, nous aurons une prime de logement d’un montant de 25 000 F CFA par mois et par élève accordée par la partie autrichienne et que vu la cherté du prix du loyer à Dakar, au cas où le loyer trouvé excédait cette somme, donc 950 000 F CFA, l’UK s’engageait à payer le surplus. A notre grande surprise, l’immeuble dans lequel nous logions à notre arrivée et qui avait été trouvé par l’UK et dont le contrat de bail avait été signé par le comptable de l’UK s’élevait à 1 302 080 F CFA par mois et le surplus nous devons le supporter. Donc l’UK nous soustrayait 10 000 F CFA de nos présalaires par mois et par élève professeur pendant trois mois.
Après maintes tractations avec l’UK, nous n’avons pas eu gain de cause. Or, à coté même de la maison que l’UK a trouvée, se trouvaient des maisons beaucoup moins chères de l’ordre de 600 000 F CFA. Vu les difficultés que nous avions à gérer le loyer, nous avions donc décidé de quitter le logement et d’en chercher un autre que la prime pouvait couvrir. Dans cette démarche, nous avons constitué des petits groupes et avons pris des habitations à loyers modérés.
Tout allait pour le mieux dans nos nouvelles habitations jusqu’à ce qu’une lettre du président de l’UK nous parvienne pour nous dire que l’immeuble que nous avions quitté pour loyer excessif avait fait l’objet d’un préfinancement par l’UK des charges de caution et du démarcheur qui s’élevaient à 2 500 030 F CFA et que nous devions payer cette somme pour que le percepteur de l’ambassade à Dakar puisse recouvrir ses comptes. Après maintes tractations avec l’UK, nous n’avons pas eu gain de cause. L’UK a soustrait 63 000 F CFA dans le présalaire de chaque élève professeur et on nous demande de récupérer à notre tour la caution avec le bailleur. Comment pouvons-nous récupérer la caution d’un contrat que nous n’avons pas signé ? Comment peut-on récupérer une caution dont il est stipulé dans le contrat que cette somme sera utilisée pour peindre la maison après résiliation ?
Retard de payement : Il faut dire que la bourse que nous percevions est constituée de deux parts ; une part burkinabè et une part des partenaires autrichiens. En effet, lors de nos rencontres avec l’UK, il nous à été dit par le président que nous percevrons nos bourses et aides chaque trimestre, temps suffisant pour effectuer une transaction de fonds entre Ouaga et Dakar. Mais depuis que nous sommes à Dakar, en plus de percevoir rarement la totalité de la bourse, on ne la perçoit jamais dans les délais. Cela nous met en difficultés vis-à-vis du non-respect des différents contrats que nous avons signés (bail, eau, électricité).
La promesse de nous trouver une date fixe de payement n’a jamais été respectée. A chaque fin de trimestre, c’est le calvaire : soit c’est le budget qui n’est pas voté, soit ce sont les états qui ne sont pas signés, soit c’est le comptable qui est en mission …
"Nos vivres sont épuisés"
Au moment où nous vous écrivons, nous n’avons pas reçu un seul centime en ce qui concerne la paye du trimestre (juillet, août, septembre), une somme qu’on devrait toucher depuis le 25 juin. Nos vivres sont épuisés. On n’a plus rien et les propriétaires des maisons menacent de nous mettre dehors dans les jours à venir si l’argent tardait à venir.L’Université de Koudougou est en train de jouer sur le temps afin de pourvoir nous imposer la somme qui fera leur profit. Actuellement si quelque chose nous arrive de grave par manque d’argent, ils seront les premiers responsables à répondre. On en a marre maintenant.
Formation : « l’enseignement technique ce n’est pas comme l’enseignement général, le stage est obligatoire. » Ce sont les mots du président lors d’une de nos rencontres. Etat des lieux, pendant qu’il nous reste moins d’un trimestre, certains d’entre nous n’ont même pas eu l’occasion de visiter une entreprise.
L’impact de ces difficultés est énorme notamment sur le plan académique et psychologique. Nous pensons plus à nos problèmes qu’à nos études, ce qui fait que le rendement est bas, les âmes les plus sensibles sont déprimées. A chaque fin de trimestre, c’est des questions qui nous torturent l’esprit : quand est-ce qu’ils vont nous payer ? Aurons-nous la totalité de nos bourses ? Aujourd’hui encore, pendant que nous arrivons tant bien que mal à aborder le dernier trimestre avec les examens de fin d’année, Monsieur le comptable de l’UK nous fait savoir que nous ne pourrions entrer en possession de toute notre bourse. Ils ont l’intention de couper un ou deux mois de nos présalaires encore au moment même où nous nous préparons pour venir au Burkina. Alors, une lettre a été envoyée au président pour savoir pourquoi nous couper deux mois de présalaires alors qu’on en a besoin pour payer nos loyers et préparer notre rentrée. Une qui est restée sans réponse. Au moment où nous vous écrivons, nous n’avons pas reçu même un seul centime concernant la paye du trimestre. En cette fin de trimestre, beaucoup de questions nous traversent l’esprit : aurons-nous le temps nécessaire pour récupérer nos attestations avant le retour au pays ?
Aurons-nous droit à la franchise bagage ? Si oui, de combien sera-t-elle ? Monsieur, nous vous écrivons parce que nous pensons que vous êtes de la presse et comme nous l’avons mentionné plus haut, nous sommes en période d’examen et le retard des bourses influencera négativement nos résultats. Nous vous prions de nous aider en faisant passer le message afin que nous puissions entrer en possession dans les plus brefs délais de nos bourses. Aussi, nous vous prions de nous aider à trouver les réponses aux multiples interrogations qui nous perturbent l’esprit. Monsieur, dans l’attente d’une suite favorable, nous vous remercions de la considération que vous accordez à nos préoccupations."0
Dakar, le 6 juillet 2009 : Des élèves stagiaires PAB8
Le Pays
