Actualités :: Rood Woko : Journée mouvementée après la mort d’un jeune

Hier dans la matinée, le grand marché de Ouagadougou a été le théâtre d’un affrontement entre forces de l’ordre et commerçants suite à la mort d’un jeune homme, écrasé par un camion alors qu’il tentait d’échapper à un policier municipal qui, semble-t-il, le pourchassait pour avoir violé un sens interdit.

Il y a de cela deux semaines, des bisbilles entre un commerçant et un policier ont amené des échauffourées au grand marché de Ouagadougou, lesquelles ont occasionné les destructions des barrières fixées aux entrées et aux sorties des zones piétonnes. Etait-ce une répétition générale pour être bien en jambe en vue d’une prochaine manifestation, plus violente celle-là ?

Toujours est-il que hier dans la matinée, Rood Woko était en ébullition. Et pour cause : un jeune homme a été écrasé par un camion. Selon des commerçants qui se réclament témoins oculaires de la scène, la victime venait d’un sens interdit. Un policier municipal tente de l’arrêter.

Il refuse d’obtempérer à la sommation. L’agent le poursuit et en voulant sans doute slalomer entre les véhicules, le jeune se retrouve sous les pneus d’un bolide qui lui ôte la vie sur-le-champ. Fait gravissime pour laisser indifférents les commerçants qui, pour moins que ça, sont prêts à en découdre avec les éléments de la police municipale.

Et c’est parti pour une journée mouvementée. Des centaines de manifestants déferlent sur Rood Woko pour appliquer en quelque sorte la loi du Talion en envoyant ad patres les policiers qu’ils accusent d’être responsables de la mort du jeune homme.

Ces derniers ont dû prendre la poudre d’escampette pour échapper à la furie des croquants qui, pour déverser leur colère, ont jeté leur dévolu sur les engins des agents et les guérites qu’ils ont détruits puis brûlés. De loin, des volutes de fumée s’élevaient au-dessus du ciel et ceux qui n’étaient pas informés de la situation ont vite pensé à un incendie comme celui du jeudi 27 mai 2003. Encore un jeudi noir même si cette fois, les causes diffèrent.

Repli tactique

Hier donc, la zone commerciale était en effervescence. Pour éviter que les casseurs ne pénètrent dans l’enceinte de Rood Woko qui vient d’être relooké à coups de milliards de nos francs, on a vite baissé les grilles et fermé les accès avant que les éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) appuyés plus tard par des gendarmes ne viennent repousser à l’aide de gaz lacrymogène les jeunes gens.

Les casseurs opèrent par moment un repli tactique en se réfugiant dans les stations d’essence alentours, convaincus que les forces de sécurité et de défense n’oseront pas venir jusque-là sous peine de provoquer un incendie autrement plus grave. Pendant ce temps, le corps du jeune gisait dans un bain de sang, sous le camion, au beau milieu de la voie, à la merci des badauds puisqu’il n’était sommairement couvert que par un morceau de carton.

Face à face tendu

Les sapeurs-pompiers sont arrivés sur les lieux, mais ils ne pouvaient extirper le cadavre qu’après les constats d’usage. L’exposition de la victime aux passants ne faisait que raviver la tension et de grossir le rang des manifestants. Il a fallu d’autres renforts pour maîtriser quelque peu la foule enragée afin d’éviter le pire.

Le chef d’état-major de la Gendarmerie, le colonel Martin Zongo, était sur place. Téléphone collé à l’oreille, il appelait sans cesse pour rétablir l’ordre et rendre la circulation, perturbée, plus fluide. Entre-temps, les commerçants étaient nez à nez avec les personnels de sécurité. Les gradés essayaient de calmer les esprits surchauffés afin d’éviter tout débordement qui nécessiterait l’usage exclusif de la force.

Et là, la zone commerciale, qui présentait déjà les séquelles d’une scène de bataille, se transformerait en bande de Gaza avec d’un côté des éléments armés et de l’autre des jeunes munis de cailloux. Quand bien même on déplore de nombreux dégâts matériels, l’essentiel a pu être sauvé. L’intérieur du marché, avant que nous quittions le théâtre des opérations, était intact.

Espérons que les commerçants sauront mettre balle à terre et laisser l’affaire entre les mains des autorités. D’ailleurs, on pouvait lire sur la moto du jeune homme écrasé un autocollant qui dit ceci en mooré : “Sougré Soaba, y a Wennam zoa”, c’est-à-dire celui qui sait pardonner est l’ami de Dieu. Sans doute a-t-il déjà pardonné dans son repos éternel ceux qui sont responsables de sa mort.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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