Etole faite de laine de brebis, le Pallium est un attribut pastoral dont se pare l’archevêque. Il le reçoit des mains du pape au cours d’une célébration eucharistique dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican. Ainsi, le nouvel archevêque métropolitain de Ouagadougou, Mgr Philippe Ouédraogo, a reçu le sien le 29 juin 2009 en la solennité patronale de saint Pierre et saint Paul. Comme lui, 33 autres archevêques du reste du monde ont sacrifié au rite de la remise du Pallium.
Ce matin-là, comme tous les ans, une multitude de fidèles catholiques est montée en procession vers le Vatican, cœur de la chrétienté, pour célébrer saint Pierre et saint Paul, fondateurs de l’Eglise de Rome et colonnes de l’Eglise universelle. Bien sûr, pour accéder au Vatican, il faut toujours passer le contrôle de sécurité. Mais c’est dans la ferveur que même cette formalité a été faite.
La délégation sud-africaine a accompagné, par ses chants, les pas de tous ces chrétiens, venus pour la plupart des quatre coins du monde, pour soutenir chacun le nouveau métropolitain de son archidiocèse et l’acclamer en ce jour d’honneur et de responsabilité. La basilique Saint-Pierre était pleine comme un œuf.
La célébration eucharistique a débuté à 9h30 (heure de Rome) avec une procession solennelle des 34 nouveaux archevêques et du Pape accompagné de deux cardinaux diacres. Le chœur, qui avait déjà préparé les esprits à la prière, s’est chargé de donner une note de fête à cette célébration à travers une majestueuse exécution de chants en latin. Saint Augustin n’a-t-il pas dit que bien chanter c’est prier deux fois ?
Dans son homélie, Benoît XVI a insisté sur le rôle de l’archevêque, ce pasteur qui doit paître les brebis du Seigneur. Le pape a également précisé que « le Pallium est une étole faite de laine de brebis et bénie le jour de la sainte Agnès. Il rappelle donc les brebis qu’il faut conduire au pâturage. Il rappelle aussi le Christ, l’Agneau pasteur qui nous guéri de l’intérieur ». Justement, cette phrase conclusive de l’homélie du Saint-Père résume bien le sens et l’importance de l’événement du jour pour les 34 nouveaux archevêques.
Après ce sermon du Saint-Père, la cérémonie à proprement parler de remise du Pallium a commencé par la présentation des 34 élus du jour. Ils ont tous professé leur serment de fidélité au Pape et à ses successeurs. Après quoi, le Saint-Père a remis un Pallium à chacun d’eux. Comme les autres, c’est sous des applaudissements bien nourris que l’archevêque de Ouagadougou a reçu son Pallium.
En ce grand jour, Mgr Philippe Ouédraogo était loin d’être seul. En effet, en plus du délégué de la Conférence épiscopale Burkina-Niger, Mgr Joachim Ouédraogo, évêque de Dori, la fraternité burkinabè à Rome s’est mobilisée en grand style pour être à ses côtés. En outre, beaucoup d’amis venus surtout de l’intérieur de l’Italie et de la France ont été témoins de cet événement important. Les représentants de l’ambassade du Burkina en Italie étaient aussi de la partie.
Après une longue séance de félicitations et d’effusion de joie dans la Basilique même, le groupe s’est rendu à l’Eau vive (Rome) où les Travailleuses Missionnaires ont su mettre les petits plats dans les grands. Le tout dans une ambiance bon enfant où Gourmatché, Samo et Bissa ont fait les frais de la parenté à plaisanterie.
Naturellement à pareille occasion, les discours n’ont pas manqué. Tous les orateurs ont félicité l’archevêque pour le grand honneur qui lui est fait et l’ont assuré de leurs encouragements et prières dans la lourde et noble mission qui lui est confiée.
A Mgr Philippe on a répété de très nombreuses fois le fameux « Duc in altum » (avance au large) qu’il affectionne tant. Et justement à ce propos, le Métropolitain de Ouaga a, dans son mot de remerciements, cité une anecdote par rapport à ce slogan. Il a confié que le jour de son au revoir à la famille diocésaine de Ouahigouya, une femme, se référant à la nouvelle « promotion » de Mgr Philippe, lui a déclaré que : « Le proverbe a mangé son auteur ».
Le nouvel archevêque a, avec des mots bien simples et émouvants, signifié combien, avec humilité et sens d’acceptation de la volonté de Dieu, il assume cette nouvelle mission d’Eglise. Il a invoqué les prières et les bénédictions de tous. L’archevêque a quitté l’Eau vive aux environs de 17h avec l’assurance de nos prières. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la communauté burkinabè présente à Rome a célébré le nouveau métropolitain avec la même ferveur que les fidèles de Ouagadougou le 13 juin 2009 lors de son intronisation.
Les archevêques, faut-il le rappeler, sont une des plus anciennes traditions de l’Eglise. Ils sont les « doyens » des provinces ecclésiastiques. Celles-ci naissent et se développent avec l’intention de regrouper, dans un esprit d’unité et de communion, les diocèses voisins qui, souvent, ont une certaines homogénéité culturelle et linguistique. L’évêque du chef-lieu de la province ecclésiastique est appelé archevêque métropolitain.
Au Burkina Faso, l’Eglise catholique compte actuellement 13 diocèses, répartis dans trois provinces ecclésiastiques :
la province ecclésiastique de Ouagadougou, dirigée par Mgr Philippe Ouédraogo, compte 4 diocèses : Ouagadougou, Koudougou, Ouahigouya, Manga ;
la province ecclésiastique de Bobo-Dioulasso, avec Mgr Anselme Titiama Sanon, est composée de 5 diocèses : Bobo-Dioulasso, Diébougou, Dédougou, Banfora et Nouna.
la province ecclésiastique de Koupéla, avec à la tête Mgr Séraphin Rouamba, est formée de 4 diocèses : Koupéla, Kaya, Fada, Dori.
Abbé Jean Paul Barro
Etudiant à Rome
Encadré N°1
Mgr Philippe Ouédraogo
« Sans mérite, me voici choisi pour un service d’amour »
Alors qu’il venait de recevoir le Pallium des mains du pape Benoît XVI, nous avons pu arracher quelques mots à Mgr Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou, qui nous fait part de ses impressions et du sens que revêt le Pallium. Il fait aussi un clin d’œil aux fidèles catholiques de Ouahigouya (son ancien diocèse) et de Ouagadougou.
Mgr l’Archevêque, nous sommes tous très fiers de l’honneur qui vous est fait et nous vous présentons nos vives félicitations. Tout en vous demandant vos impressions en ce jour, nous aimerions bien que vous nous disiez le sens que le Pallium revêt pour nos Eglises.
Les sentiments qui m’habitent en ce jour, sont : l’émerveillement et l’action de grâce. Tout est grâce. Sans mérite, me voici choisi pour un service d’amour. Je suis émerveillé et je dis mon action de grâce pour l’universalité de l’Eglise autour du Saint-Père, autour de saint pierre et de saint Paul, autour du Maître.
Nous étions des évêques, venus du monde entier, réunis dans la même communion. Emerveillement et action de grâce pour l’unité et la communion. Dans l’exhortation post Synodale Ecclesia in Africa, le Pape Jean Paul II a affirmé que l’Eglise était renforcée par la communion : avoir la même prière, la même joie, la même espérance.
Le Pallium est signe de communion et d’unité des évêques avec le successeur de Pierre, donc communion des évêques avec l’Eglise. Nous y retrouvons le même binôme : unité et communion. Le Pallium est aussi le symbole du Bon Pasteur.
Il est une invitation à se donner totalement à l’image du Bon Pasteur [qui est Jésus], dans un service d’amour de Dieu et des hommes. Le Pape a rappelé que le Pallium est en laine de brebis. C’est un appel fort pour être à l’image du Bon Pasteur : servir et donner sa vie.
Avec quel esprit accueillez-vous votre charge d’archevêque de Ouagadougou et quelle pensée avez-vous pour cette Eglise en ce jour ?
Je suis arrivé à Ouaga sans mérite pour servir et donner ma vie à cause de Jésus et de l’Evangile, à l’instar du Bon Pasteur. Voici l’esprit qui m’anime. Les défis sont multiformes, mais je compte sur le Maître du champ et de la moisson. Je désire vraiment être au service de Dieu et des hommes et femmes de ce diocèse au prix même de ma vie.
Quelle pensée également pour la communauté chrétienne du diocèse de Ouahigouya ?
J’ai été arraché à ce diocèse qui m’avait pourtant bien adopté et intégré. Je garde un grand souvenir de bonne collaboration avec les prêtres et avec tous. Nous avons réalisé de bonnes choses ensemble. Deux exemples pour tous : le séminaire pour accueillir les jeunes en discernement vocationnel et le monastère où la vie contemplative, selon le modèle des saints Charles de Foucault et Benoît mais réalisés par des autochtones, soutiennent toute la voûte de l’action ecclésiale.
Moi j’ai été beaucoup marqué par la spiritualité missionnaire de Charles de Foucault et aussi par ma responsabilité au niveau des OPM (Œuvres Pontificales Missionnaires) qui a été pour moi une expérience forte. Je souhaite donc que l’église de Ouahigouya continue sur sa lancée. C’est une église d’avenir, même si elle est encore une minorité dans son milieu.
Propos recueillis à Rome par L’abbé Jean Paul Barro
L’Observateur Paalga
