Actualités :: EXAMENS ET CONCOURS : Fraudes et corruption, les deux soeurs (...)

D’aucuns se rappellent cette caricature de l’hebdomadaire "Le Journal du Jeudi" plus connu sous le nom "J.J". La caricature met en scène un élu de la Nation en train de sermonner son fils parce qu’il a appris que celui-ci a fraudé à l’examen. Et le garnement de répliquer à son père : " C’est vrai que j’ai fraudé. Mais, vous, vous avez aussi fraudé aux élections pour être élus."

Cette histoire signifie que la fraude est devenue un phénomène avec lequel la société burkinabè doit compter. Elle a pour soeur, une siamoise, la corruption. Fraude et corruption sont inextricablement liées et vivent en symbiose parfaite. Au Burkina Faso, un coup séreux a été porté à la fraude, du moins dans ses parties visibles au cours de la session 2009. Les l’examens du CEP d’abord, celui du BEPC ensuite, enfin celui du baccalauréat se sont déroulés sans que personne ne soit très inondé par des nappes de pétrole en fuite d’on ne sait où ; sans que personne n’ait déclaré avoir été très incommodé par l’odeur de ce carburant devenu cher.

Quant aux concours organisés par le ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’État, la stratégie mise en place cette année a permis qu’ils se soient déroulés sans beaucoup d’accrocs, c’est-à-dire trop de fraudes. Mention honorable donc pour le ministre Soungalo Ouattara et son équipe ! Des efforts louables ont été faits pour endiguer le fléau de la fraude en 2009. Des efforts qu’il convient de reconnaître et qu’il faut encourager. Ce n’est pas toujours que cela arrive au Pays des hommes intègres. On peut citer comme fait de haute portée morale, le démantèlement de ce réseau de faussaires, un réseau spécialisé dans la falsification des pièces d’identité qui permettent à des mercenaires d’aller composer à la place des candidats authentiques. Il faut dire que les ailes de la fraude ont été cassées, mais l’oiseau, même à terre, peut continuer d’attraper des proies et de faire des victimes. C’est dire donc que ce n’est pas le moment, loin de là, de baisser la garde. Il faut toujours traquer le fléau, détruire ses nids que sont les réseaux divers. Mais ce qui a été fait mérite d’être salué, et nous le saluons car c’est un combat de salut public.

Nous disions que les causes visibles de la fraude ont été sérieusement malmenées cette année grâce à l’engagement ferme du gouvernement d’organiser des concours et des examens propres. Apparemment, il semble avoir réussi. Mais le reste ! De la correction au transfert des notes, jusqu’à la publication des résultats, beaucoup de vilaines choses peuvent se passer. Quelle sera l’attitude d’un professeur qui est correcteur s’il reçoit un coup de fil d’un parent de candidat qui lui précise le centre d’examen de son fils ou de sa fille, les signes qu’il pourrait détecter en regardant bien la feuille d’examen, etc. ? L’homme qui se trouve au bout du fil propose cent mille (100 000), deux cent mille (200 000) francs à ce professeur s’il coopère. Il y a aujourd’hui dans ce pays des parents qui ne reculent devant aucune dépense quand il s’agit d’offrir un diplôme à leur enfant. Que pensez-vous que cet enfant deviendra avec un diplôme qui lui a été acheté ? Les fraudeurs vont se regrouper pour développer des initiatives, des initiatives de survie, pensons-nous. C’est le cas de ce père dont il est question dans le précédent paragraphe.

Il existe d’autres formes de fraude comme par exemple le fait pour un responsable de récolter chez lui à domicile les dossiers de candidature pour venir les inscrire à son lieu de travail. Pendant qu’il fait ce travail, d’autres candidats forment une queue depuis la première heure du jour pour l’attendre. Les trafics d’influence sont aussi une forme active de fraude. Jusque-là au Burkina Faso, le diplôme du bac ou de son équivalent est exigé pour entreprendre des études supérieures. Il arrive que l’on rencontre dans les universités étrangères des étudiants burkinabè qui ont pour diplôme de base le BEPC. La bourse a été attribuée à ce fainéant au détriment d’enfants de pauvres qui ont obtenu le bac avec une mention, parfois spéciale. Nous pensons qu’il faut poursuivre, aller au fond, pour couper la racine du mal. La corruption est la principale racine de la fraude.

Elle n’est pas, elle, le fait des enfants, mais de leurs parents. S’agissant de la corruption, nous avons toujours préconisé qu’il faut frapper fort et très fort même au sommet. Ce sont les femmes et les hommes qui se trouvent au sommet de l’appareil d’État qui entretiennent et nourrissent la corruption. L’illustration a été faite par ce père qui propose des sommes fortes à un enseignant. Si par une organisation parfaite, les autorités ont ainsi pu porter un coup sérieux à la fraude lors des examens et concours de cette année, c’est certes le fruit d’une volonté politique. Pourquoi ne mettent-elles pas la même volonté politique dans leur combat contre la corruption ? Le Burkina y gagnerait beaucoup, à l’intérieur ; mais surtout à l’extérieur. Pour finir, une question : Qu’a-t-on fait des membres du réseau qui a été démantelé ? Qui sont-ils ? Leur identité doit être connue.

Le Fou

Le Pays

Lutte contre le terrorisme : « Il y a certaines (...)
Burkina / Concours de la magistrature : La maîtrise ou (...)
Bobo-Dioulasso : Un an de silence depuis la disparition (...)
Burkina/Coupures d’eau : Au quartier Sin-yiri de (...)
Burkina/Lutte contre l’insécurité : La direction générale (...)
Burkina/CHU Souro Sanou : La CNSS offre une automate de (...)
Burkina/Santé : Médecins Sans Frontières offre de nouveaux (...)
57e session de la Commission population et développement (...)
Burkina/Action sociale : L’association Go Paga devient « (...)
Bobo-Dioulasso : Les chefs coutumiers traditionnels (...)
Burkina Faso : Le secrétaire général de la CGT-B, Moussa (...)
Burkina : La Côte d’Ivoire va accompagner le retour (...)
Burkina/Enseignement supérieur : L’université Joseph (...)
Burkina : « Nous demandons à notre ministre de tutelle de (...)
La Poste Burkina Faso : « Malgré la crise sécuritaire, les (...)
Bobo-Dioulasso : Incinération de produits prohibés d’une (...)
Burkina/ Mesures de réponses aux pandémies et crises (...)
Burkina/ Programme OKDD : Validation d’un plan de (...)
Association Beoog-Neeré du Ganzourgou : 320 caprins pour (...)
Burkina/ Rencontre inter-réseaux 2024 : L’élimination des (...)
Burkina : Le Réseau des caisses populaires du Burkina a (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36519


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés