Actualités :: ACCIDENT DE L’AVION PRESIDENTIEL A GARANGO : Après le pacte, le pactole (...)

Le 22 mai dernier, l’Etat burkinabè, les victimes de l’accident de l’avion présidentiel survenu en 1986 et leur conseil, Zacharie Sorgho, signaient à Garango, le lieu de l’accident, un protocole d’accord d’indemnisation. Trois semaines après cet accord , les ayants droit et les blessés ont effectivement été indemnisés. C’était le 11 juin 2009 à Garango dans la province du Boulgou (région du Centre-Est).

Finies les tergiversations entre les protagonistes de l’affaire dite d’accident de l’avion présidentiel intervenu le jeudi 29 mai 1986 à Garango. Accident qui avait coûté la vie à au moins 22 personnes et fait de nombreux blessés. Trois semaines après l’accord conclu entre les trois parties, les intéressés ont en effet reçu leur dû, 10 millions de F CFA par victime décédée et 5 millions de F CFA par blessé. Ils ont été payés en espèces le jeudi 11 juin 2009 à Garango. Coïncidence ou date bien choisie ? En tout cas, le drame de 1986 s’est lui aussi produit un jeudi, à en croire les habitants de Garango. Certains rescapés avancent même qu’il est intervenu aux environs de 10h. C’est également l’heure à laquelle cette affaire a été définitivement close. Qu’à cela ne tienne, tous étaient présents. Seul un blessé manquait à l’appel. Il s’agit de Clément Bambara, parti à l’aventure au Gabon. Selon ses proches, il quitte Libreville le mercredi 17 juin pour le Burkina. Un autre blessé, résidant à Ouagadougou, retardataire, a dû "attraper" le percepteur de l’Etat à Tenkodogo. Quant aux 23 ayants droit, ils sont passés à la caisse. 12 blessés sur 13 étaient présents.

De nouveaux "millionnaires"

La séance de payement qui s’est déroulée à la perception de Garango a débuté aux alentours de 8h30mn. Le "grand argentier" de l’Etat pour la circonstance n’était autre que Bruno Bamouni, arrivé à Garango dans la matinée sous bonne escorte de la gendarmerie. En file indienne, les uns et les autres passaient tranquillement devant le trésorier. Deux gendarmes armés jusqu’aux dents ont pris position à l’entrée de la salle et assuraient la sécurité des "millionnaires". Les visiteurs étaient refoulés sans autre forme de procès. Pendant ce temps, la police faisait la navette entre le commissariat de police et la perception. Pour tout dire, Garango était sous haute surveillance. Seule fausse note : la coupure d’électricité a failli porter un coup dur à la séance. Car, jusqu’au jour J, certains n’avaient pas encore fourni tous les documents exigés. Là-dessus, un compromis semble avoir été trouvé entre Bruno Bamouni et l’agent d’affaires judiciaires Zacharie Sorgho, défenseur des ayants droit. Aussitôt entrés en possession de leurs sous, les uns partaient directement à la caisse populaire et les autres dans certaines banques de la place pour les déposer. Tous, sans exception aucune, ont suivi cette consigne donnée par leur avocat.

Blaise Compaoré peut dormir maintenant

Selon Me Sorgho, c’était la seule façon d’éviter d’éventuelle attaque. Entre-temps, les autorités régionales ont fait une brève apparition afin de s’assurer de l’effectivité de l’accord. Pourquoi avoir attendu 3 semaines pour désintéresser les bénéficiaires alors que l’accord prévoyait une semaine, avons-nous voulu savoir ? "Une affaire administrative n’est pas quelque chose qui s’improvise", a rétorqué un officiel qui s’est empressé d’ajouter : "Elle est non seulement administrative, mais aussi juridique". Cet aboutissement vient ainsi mettre fin à plusieurs années de bras-de-fer entre les autorités et les ayants droit. Les plus pessimistes étaient allés jusqu’à parler d’un dossier classé. Erreur ! La farouche détermination des veuves, veufs et blessés ont finalement payé. Me Zacharie Sorgho s’est lui aussi battu. Durant 6 ans, il a fait de ce dossier son cheval de bataille. Par moment, il n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur certaines autorités impliquées dans le dossier. Du gouvernorat du Centre-Est en passant par le Médiateur du Faso, section Tenkodogo, au ministère en charge de l’Administration, jusqu’à la présidence du Faso, le dossier de l’accident de l’avion présidentiel a préoccupé les esprits.

A 2 reprises, une lettre ouverte a été adressée au président du Faso lui-même. Même celle adressée en début 2006 à Alain Yoda, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, fils de la région, était restée lettre morte. "Maintenant que le dossier est définitivement clos, Blaise Compaoré peut dormir", a susurré un habitant de Garango pour qui ce dossier était devenu encombrant au palais de Kossyam. A Garango, on a salué surtout ce pacte entre le gouvernement et ces paysans dont l’écrasante majorité vit dans la précarité. En ce jeudi 11 juin, le dénouement alimentait les conversations dans le marché de Garango. "Avec ce respect de la parole donnée, l’Etat a montré sa bonne foi" nous a confié T.B, commerçant. Quant à K. L , 53 ans et maçon de son état, il ne cache pas sa satisfaction : "L’image du pouvoir en place était quelque peu ternie par cette affaire de Garango. On nous a jamais dit pourquoi nos frères ont été écartés de la journée de pardon. L’Etat en sort aujourd’hui grandi et je m’en réjouis". Un monsieur nous a dit avoir été témoin oculaire de l’accident alors qu’il avait 30 ans. Selon lui, c’était un jeudi que les habitants de Garango n’oublieront pas de si tôt. Selon ses déclarations, il a fallu de peu pour qu’il soit touché par l’aile gauche de l’avion. "J’ai eu la vie sauve grâce à un voisin qui m’a poussé de force", dit-il avant d’ajouter. "C’était ma première fois de voir Blaise Compaoré et depuis ce jour-là, je ne l’ai plus jamais revu" a-t-il conclu.

Un défenseur tenace

Le vieux Balima (à l’époque à Garango) et aujoud’hui résidant au quartier Goumissi de Tenkodogo dit qu’il n’a pas besoin de garder l’anonymat pour exprimer sa joie. Il a tenu d’abord à remercier Me Sorgho qu’il considère comme un "messie". Ce fonctionnaire à la retraite ne passe pas par 4 chemins pour louer le courage de cet homme de droit. Pour lui, n’eût été sa clairvoyance et sa détermination, ce dossier serait resté dans les tiroirs. En somme, c’est une population de Garango très enthousiaste qui a accueilli l’aboutissement heureux de ce dossier vieux de 23 ans. Parmi les blessés, il y en a qui, depuis 1986, ont cessé de travailler du fait de leur handicap. Est de ceux-là, Souleymane Bila dont une des mains a été amputée. Peu avant 16h ce 11 juin, Zacharie Sorgho et tous ses clients se sont rencontrés pour, dit-on, célébrer la victoire. Pour l’occasion, il a reçu les encouragements et toutes les félicitations de ces derniers. Selon certaines indiscrétions, la séparation a même été difficile. Certains clients ont versé des larmes pour prouver leur attachement au défenseur qui, pendant 2200 jours, était resté à leur côté. Une délégation des clients est même attendue cette semaine à Ouagadougou, au domicile de Zacharie Sorgho, pour lui dire merci une fois de plus.

Par Ben Ahmed NABALOUM (Collaborateur)

Le Pays

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