Actualités :: Mort d’un taximan à Ouaga 2000 : Enquête sur le premier cadavre de (...)
Mamadou Bakayoko

En principe, c’est aux forces de défense et de sécurité de veiller à la sécurité des biens et des personnes. Malheureusement, ces derniers temps, elle sont citées dans des homicides et assassinats. La mort du chauffeur de taxi Mamadou Bakayoko entre les mains des hommes de tenue en mars dernier vient s’ajouter à une liste déjà longue. Comme dans beaucoup de ces affaires, c’est un silence du côté de la gendarmerie. La famille Bakayoko qui n’a pas fini de pleurer leur fils attend la vérité. C’est le premier mort du palais de Kossyam.

Cela fait maintenant plus de deux mois que le jeune chauffeur de taxi, Mamadou Bakayoko, a été abattu par la gendarmerie, selon sa propre version. Deux mois passés sans que la famille ne soit située sur cette triste affaire qui a plongé toute la famille dans la tristesse. Las d’attendre, le frère du défunt est allé aux nouvelles. C’est en ce moment que la gendarmerie de Bogodogo est sortie de son silence pour se prononcer sur l’évolution de l’enquête. Le silence, c’est l’attitude que la gendarmerie observe sur cette affaire. Lorsque nous avons voulu avoir la version officielle de la gendarmerie, c’est un mur qui s’est dressé devant nous.

La gendarmerie de Bogodogo, la brigade d’intervention routière, ainsi que le cabinet du chef d’Etat major de la gendarmerie n’ont pas voulu communiquer. Le ministère de la Défense ne communique pas non plus sur l’affaire. Nous l’avons relancé pendant un mois en vain. C’est dire que l’affaire dérange.
Le commandant de brigade de gendarmerie de Bogodogo, Souleymane Kouanda, a confié à la famille que l’enquête est bouclée et le dossier transmis à la justice. Oumar Bakayoko, frère de la victime, affirme que la justice n’a pas encore entendu, ni contacté la famille.

Le jeu trouble de la gendarmerie

L’assassinat de Mamadou Bakayoko remonte en mars 2009 en pleine fête du Fespaco.
Ce jeudi 05 mars, lorsque le jeune chauffeur de taxi de 38 ans quittait sa maison, il ne s’imaginait pas que c’est la dernière fois qu’il y met les pieds. Les parents affirment que c’est un garçon sans histoire qui, contrairement à certains de ses camarades, ne travaille pas la nuit. Ce 05 mars donc, après une journée de travail bien remplie, Bakayogo décide d’aller voir ses amis. Selon son frère, il n’a pas l’habitude de conduire la nuit. C’est un moment qu’il a choisi pour passer du temps avec ses amis. C’est ainsi qu’en cette soirée du 05 mars, il s’est retrouvé dans une buvette du quartier. Un lieu habituel de détente et de rencontre.

Lorsqu’il décide de quitter la buvette pour rejoindre le bar kundé, il était 22h. Il ne réussit pas à convaincre son compagnon et beau frère pour l’accompagner dans ce bar. Il s’y rendra seul. Un de ses amis affirme que Mamadou a tenté de le joindre aux environ de 22h. Les choses vont aller très vite. Du bar kundé, on ne sait pas comment le taximan qui ne travaille pas la nuit s’est retrouvé au palais de Blaise Compaoré, à mille lieux du bar. C’est à partir de cet instant que vont commencer les déboires du taximan. Il ne sortira pas vivant du palais de Kosyam. Le commandant de brigade de prévention routière qui est allé cueillir le taximan fait à la famille le récit des événements.

La veuve bakayoko et la maman du taximan, toujours en deuil

Mamadou Bakayoko s’est rendu à Ouaga 2000 à 23h. Il est allé défoncer et endommager les grilles du palais de la présidence. Il fut alors arrêté et conduit à l’intérieur du palais par la garde de sécurité présidentielle. Le commandant affirme que le jeune chauffeur était sous l’effet de l’alcool. Ce dernier tente par la suite de s’échapper. Il est vite maîtrisé et ligoté par les éléments de la sécurité du président. La brigade de gendarmerie d’intervention routière est saisie à 2 heures du matin. Lorsque la gendarmerie débarque, le taximen était toujours ligoté. Il quittera les locaux de sécurité présidentielle pour échoir dans les mains de la gendarmerie de Paspanga. A cet instant, on peut imaginer que c’est un soulagement pour Bakayoko. Mais c’est un transfert de charybde en syllabes. Il est aussitôt embarqué dans une Peugeot par la gendarmerie de Paspanga.

Deux gendarmes veillent sur lui derrière la cabine. Le commandant de brigade poursuit que malgré le dispositif, Mamadou tentera une nouvelle fois de s’échapper. Cette fois, il bondit sur le conducteur et le déséquilibre. C’est en ce moment précis qu’il est atteint d’une balle mortelle de la part de ses éléments.
La famille est dubitative sur cette version. "Une personne qui est ligotée et surveillée par deux gendarmes ne peut pas se jeter sur le conducteur, même s’il est pris par la démence", soutient son frère. C’est une version difficile à accepter pour les parents de la victime.
La gendarmerie fait appel à Burkina Sépulture pour enlever le corps la même nuit. Burkina Sepulture confie à la famille que le corps a été retrouvé près du véhicule de la gendarmerie, à proximité du rond-point des martyrs, loin de Kosyam. Le corps est ensuite déposé à la morgue. Tous ces événements se sont déroulés sans la famille.

Les parents attendent toujours la vérité

C’est au lendemain de l’homicide que la gendarmerie de Paspanga contacte un cousin du défunt. Pendant ce temps, la famille se posait déjà des questions sur la disparition de leur fils. " Il lui arrive de rentrer très tard, mais il n’est pas dans ses habitudes de découcher ", déclare son frère. C’est le commandant de la brigade de prévention routière de Paspanga qui annonce à la famille la triste nouvelle, après avoir conté le film des événements. "Il a dit que la gendarmerie assume ses responsabilité", affirme Omar Bakayoko.
La famille se rendra par la suite à l’hôpital Yalgado pour enlever le corps.

La gendarmerie leur fait comprendre que l’autopsie a été déjà faite. Les parents paieront 30.000 f à la morgue de l’hôpital Yalgado. Le lendemain, la gendarmerie se précipite pour demander l’heure de l’enterrement au moment où tous les parents étaient toujours sous le choc.
Le corps du chauffeur montre que celui-ci a été torturé. On observe des impacts de balle sur sa nuque, le visage tuméfié et du sang sur son corps. Il a été probablement torturé avant de recevoir des balles par derrière.

Le chauffeur a été enterré, mais la famille n’a pas encore fait le deuil. Elle attend la lumière sur cet assassinat. Aly Bakayoko, père de la victime et militaire à la retraite, estime qu’on n’a pas besoin d’enquête pour arrêter l’auteur du tir mortel, si la gendarmerie est sincère. Une enquête a été effectivement ouverte sur cet homicide. Au niveau de la gendarmerie, personne n’est encore inquiétée. Ceux qui ont tué Mamadou Bakayoko circulent librement. Il est mort laissant une veuve, deux enfants qui ne connaîtront jamais l’affection d’un père.

Le taxi de la victime est toujours retenu à la gendarmerie de Paspanga. La gendarmerie affirme qu’elle n’a pas trouvé de papier sur lui. Sa femme déclare cependant qu’il n’est jamais sorti sans ses papiers et celui du véhicule.
La famille n’a pas encore porté plainte. Elle est désarmée au regard des nombreux dossiers similaires qui traînent à la justice. Elle espère néanmoins qu’un jour justice sera rendue.

Par Abdoul Razac Napon

L’Evénement

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