Actualités :: SITUATION A L’HOPITAL SOURO SANOU DE BOBO-DIOULASSO : La directrice générale (...)
Korotoumou Ouattara

Dans notre édition du mercredi 3 mai 2009, nous nous faisions l’écho d’un mouvement d’humeur de travailleurs de l’hôpital Souro Sanou de Bobo Dioulasso. Sous la houlette de la section locale du SYNTSHA, ceux-ci ont observé un arrêt de travail, le lundi 1er juin dans la matinée, pour remettre une lettre de protestation à la directrice générale de cette structure hospitalière, Korotoumou Ouattara.

A travers ladite lettre, les protestataires décrivaient une situation désastreuse dans laquelle se trouverait cet hôpital, caractérisé par des dysfonctionnements graves. Suite à cette manifestation, les choses semblent avoir beaucoup bougé de ce côté-là. Le PCA (Président du conseil d’administration) de l’hôpital est descendu lui-même dans l’arène et des rencontres tous azimuts ont eu lieu avec les différents acteurs. Pour donner sa lecture de la situation, la directrice générale nous a reçus dans son bureau le jour même de la parution de notre article c’est-à-dire le 3 juin.

En arrivant au bureau de la directrice générale de l’hôpital ce mercredi 3 mai 2009, en fin de matinée, pour répondre à son appel, c’est une femme à l’air bien préoccupée que nous avions rencontrée. Tout en reconnaissant une certaine légitimité aux revendications des travailleurs, Korotoumou Ouattara dit tenir à apporter sa lecture de la situation à l’opinion. Selon elle, c’est une réalité que la plupart des équipements sont amortis au niveau de l’hôpital puisqu’il n’existe pas un plan de renouvellement de ces derniers. En plus, depuis un certain temps, dans le budget des structures hospitalières, il n’y a pas une inscription pour dotations d’amortissements. Or, ce sont ces genres de dotations qui permettent le renouvellement des équipements. L’hôpital Souro Sanou, qui est vieux de plusieurs décennies, a des équipements sans toutefois qu’un système de renouvellement ne soit mis en place. Ce qui fait qu’aujourd’hui, tous les équipements essentiels qui coûtent très cher et qu’on ne peut avoir facilement sont dépassés et vétustes. Ce qui crée beaucoup de problèmes en ce moment.

Un budget de fonctionnement largement insuffisant

A cela s’ajoutent de graves problèmes de maintenance, explique-t-elle. Ce d’autant plus qu’étant dépassées, les firmes n’en fabriquent plus et les pièces de rechange ne sont pas disponibles. Souvent, certains même ont des origines inconnues. En plus, comme en matière de santé la technologie évolue très vite, dira-t-elle, ce qui est acheté il y a 3 ans peut se révéler vite dépassé. Par ailleurs, étant donné que les techniciens ne sont pas disponibles sur place, elle dit être obligée, chaque fois, de faire appel à des techniciens venant de l’extérieur, parfois de pays très lointains. « C’est dans cette dynamique que nous nous trouvons aujourd’hui au niveau de cet hôpital. Ce sont des choses qui coûtent excessivement cher, le minimum étant entre 50 et 300 millions de F CFA. Nos hôpitaux n’arrivent pas à les planifier dans leur budget. A moins d’un programme de mise à niveau pour les hôpitaux publics, ce sera très difficile si les hôpitaux doivent renouveler leurs plateaux techniques à travers leurs budgets propres », a-t-elle laissé entendre. Toutefois, comme pour mettre un bémol à une certaine description apocalyptique, Mme Ouattara remarquera qu’au niveau du laboratoire tous les appareils qui étaient en panne ont été réparés. Au niveau de la radio, notera-t-elle, c’est un agent qui est à la base de son dysfonctionnement.

« C’est le lieu d’en appeler au sens de la responsabilité de chacun en ce qui concerne le matériel de travail. Si l’on ne prend pas soin de ce matériel, il est évident qu’il ne peut pas avoir une longue durée de vie ». Quant au cas de l’imagerie, Il y a, selon elle, 2 appareils dont l’un a été acquis à 300 millions de F CFA, qui n’a fonctionné que durant 6 mois ; sa durée de garantie est dépassée depuis 2007. Ce sont des équipements dont la réparation nécessite de grands moyens puisqu’il nous faut faire venir les techniciens de Paris, sans compter que ce sont des gens qui ont un calendrier très chargé et qu’on ne peut avoir promptement. « Pire, déplore-t-elle, je me suis laissée dire que cet équipement est présentement déclassé parce qu’il n’est plus dans les normes. Donc, voilà un équipement pour lequel nous avons dû débourser près de 400 millions de F CFA pour l’acquérir, qui n’a servi que 6 mois seulement et dont il va falloir se passer. C’est dire que la situation de Sanou Souro est assez complexe ; c’est même un vieux problème qui traîne ».

Les tourments d’un héritage

« J’ai hérité d’une situation que je m’attèle d’ailleurs à résoudre, parce qu’on ne peut pas dire qu’on a hérité des problèmes et qu’on ne va pas les régler. Seulement, je demande un peu de patience, surtout que déjà le laboratoire a pu être dépanné, tout comme la radio en partie », a fait savoir la directrice. S’agissant du bloc opératoire, elle dira que ce cas est assez sérieux dans la mesure où l’hôpital Souro Sanou couvre toute la partie ouest du Burkina et mérite une attention particulière. « Le CHR de Gaoua évacue sur Bobo, celui de Banfora fait autant, parfois même celui de Dédougou, sans compter que nous recevons aussi un important flot de malades venant des frontières. Cela veut dire que le plateau technique de Souro Sanou doit être un plateau bien élaboré pour pouvoir répondre efficacement à tant de sollicitations. Il faut une volonté politique affichée, pour regarder un peu plus vers cet hôpital qui a plus de 50 ans. », a-t-elle justifié. En tout état de cause, poursuivra-t-elle, une volonté nationale devrait pouvoir s’afficher par rapport à l’orientation des différents plateaux techniques de nos hôpitaux ; il faut nécessairement un appui spécial pour pouvoir les mettre à niveau.

A son avis, ce sont des réflexions d’ensemble qui doivent être menées pour faire face à ces problèmes. « Il est sans doute impératif aussi de relire nos contrats de maintenance. Peut-être que ces contrats sont inefficaces parce qu’il y a quand même beaucoup d’argent qu’on met dans la maintenance et cela s’avère sans résultats satisfaisants. Il faudra aussi orienter les formations pour que notre pays aussi puisse disposer d’une expertise dans ces domaines afin de nous éviter de recourir à une expertise extérieure parfois difficile à avoir et qui revient excessivement cher ». Appréciant le mouvement d’humeur des travailleurs du lundi 1er juin 2009, Mme Ouattara affirmera que cela est juste. « Je crois que cela constitue pour moi une force, du moins, c’est ainsi que je l’ai pris. Une force pour nous faire entendre au niveau national, pour qu’il y ait plus de regard sur les préoccupations qui sont soulevées. Les problèmes qu’ils posent, eux-mêmes sont conscients que cela ne relève pas de la compétence de la directrice que je suis. Ils savent que la capacité financière de l’hôpital ne peut pas les résoudre. Il faut un appui spécial venant du niveau central. Ils sont conscients que c’est un vieux problème. Leur lettre, du reste le dit. Le PCA les a rassurés, il a pris l’engagement de rendre compte à l’autorité supérieure, à la hiérarchie.

Il a également pris l’engagement de tourner au niveau des structures sanitaires à Ouagadougou pour voir dans quelle mesure trouver un autoclave à redéployer sur Bobo pour que le bloc puisse fonctionner normalement. C’est la priorité car si le bloc ne fonctionne pas, ce n’est plus un hôpital. Dans tous les cas, nous avons déjà lancé le processus pour l’acquisition d’un autoclave ». Une autre revendication des syndicats lors des discussions avec le PCA jugée légitime par Mme Ouattara, concerne les états généraux des hôpitaux. « Nous appelons vivement ces états généraux pour que nous puissions passer en revue les problèmes qu’il y a à l’intérieur de ces hôpitaux. Ce serait une belle tribune pour aborder des sujets comme la maintenance, les équipements, le problème d’agréments techniques afin de baliser le terrain pour que n’importe qui ne se retrouve, comme c’est le cas actuellement, à livrer des choses dans un domaine aussi sensible que la santé."

Quid des revendications pécuniaires

Autre aspect qui pourrait y être débattu, toujours la directrice c’est la réglementation des marchés publics. « Cette procédure, telle qu’elle est, regrette Korotoumou Ouattara, n’est pas adaptée au cas spécifique des hôpitaux. Parce que là, ce sont toujours des questions d’urgence, des questions de vie ou de mort, des questions à résoudre impérativement, faute de quoi les conséquences sont énormes. La question qui se pose ici, est celle de savoir si nos hôpitaux doivent entrer dans la procédure normale des marchés publics. C’est une question qui mérite d’être posée parce que nous étions conscients des problèmes qui devraient arriver et nous avons demandé l’autorisation pour passer des marchés de gré à gré, mais cela nous a été refusé. Alors que sans ces équipements, les hôpitaux ne peuvent pas travailler ».

Outre les problèmes de matériel de travail, les protestataires avaient aussi posé des préoccupations d’ordre pécuniaire, liés notamment aux retards dans le traitment de leurs salaires et à l’absence de primes de rendement. A ce niveau, la directrice se veut catégorique : « Les primes de rendements sont fonction du taux d’autofinancement c’est-à-dire que lorsque ce taux est en deçà de 20%, il n’y a pas de prime de rendement. Il se trouve que durant l’exercice 2008, le taux d’autofinancement au niveau cet hôpital a été de l’ordre de 19 %. La conclusion va de soi je pense. En ce qui concerne les prétendus retards dans les traitements des salaires, dans les normes, on parle de retard au niveau des salaires lorsque le seuil du 5 du mois suivant est franchi. A ce que je sache, cela n’a jamais été le cas ici. Les salaires ont toujours été versés au plus tard le 25 du mois. Le problème, c’est que par le passé, ils avaient l’habitude d’être servi entre le 19 et le 20. La grogne tire son origine du fait que l’agent qui s’occupait du traitement des salaires a été affecté et le nouveau qui vient d’arriver met du temps pour être dans les dossiers.

Il vient d’arriver et il lui faut du temps pour bien maîtriser les choses ». Pour finir, la directrice générale a lancé un appel à la communauté qui, reconnait-elle, est affectée par cette situation. A celle-ci, elle dit que le laboratoire fonctionne normalement, la radio aussi en partie. « Le problème se trouve au niveau du bloc qui ne prend en charge que les urgences, c’est-à-dire que si un malade est référé au bloc en urgence, il sera pris en charge. Donc, la situation n’est pas désespérée, car nous avons un ministère qui n’est pas sourd. J’espère que dans un délai assez bref, des solutions définitives pourront être apportées ».

Le Pays

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