Actualités :: LOTISSEMENTS AU BURKINA : Un business qui rapporte gros

Quel est le premier programme d’un maire qui vient d’être élu au Burkina ? La réponse ne souffre pas de débat. Elle tombe toute seule, au vu des expériences déjà vécues. C’est initier une opération de lotissement si cela est possible. Pour les maires des communes urbaines et rurales où les lotissements sont finis, parce que la commune a tout de même des limites, c’est la galère, voire la consternation. Ce sont des occasions de se constituer rapidement des fortunes. Pourtant, les personnes dans cette situation ne cessent pas de dire, à qui veut les entendre, que leur mairie est pauvre, qu’il n’y a que des histoires et des papiers.

Par contre, pour les maires des communes où les possibilités de lotir existent, et elles sont réelles, la demande étant forte, ils se frottent les mains. Prenez patience et observez-les à la fin de leur premier mandat. Ils sont luisants, ont le verbe haut, et sont arrogants à la limite. Ils se sont enrichis, trop même souvent, dans les opérations de lotissements. Souvent aussi, leurs premiers adjoints, du fait qu’ils se trouvent plus impliqués dans ces opérations, sont devenus des "mogo puissants" n’ayant peur que de Dieu. Pour masquer les choses, il y en a qui se sont donné une casquette d’opérateur économique pour justifier leur fortune amassée en un temps record. Pourquoi la terre est-elle devenue en l’espace de deux décennies la marchandise la plus prisée, celle qu’il faut posséder et celle dont il faut contrôler la distribution pour devenir riche ?

La première raison qui nous vient à l’esprit, c’est que les lotissements ne sont plus faits pour donner une parcelle à usage d’habitation aux résidents. Les lotissements sont initiés pour vendre les parcelles aux plus offrants, aux plus riches. Faut-il y voir la source principale des plaintes que l’on enregistre actuellement dans des arrondissements comme Boulmiougou, Bogodogo, ou des communes commes Saaba ? A la fin du lotissement, les résidents authentiques, ceux qui ont été recensés et dont certains ont été dépossédés de leurs champs, de leurs patrimoines ancestraux, sont invités à aller s’implanter plus loin. De véreux affairistes occupent leurs cours et leurs champs. C’est le fruit de la spéculation foncière. Les maires, leurs adjoints et tout le conseil municipal se jettent à corps perdu dans cette spéculation qui a pour conséquences des drames. Par exemple, une vieille veuve s’est retrouvée sans parcelle après le lotissement de la terre sur laquelle elle a vécu des décennies durant avec son défunt mari.

On ne parle pas de lotissement au Burkina aujourd’hui sans faire référence aux lotissements à grande échelle sous la révolution dont le postulat de base était d’offrir à chaque ménage un lot pour qu’il y établisse son foyer. De nos jours, les lotissements qui se font dans les communes urbaines et rurales ne tiennent pas du tout compte de ce postulat de base qui tire sa justification des considérations sociales. N’obtient pas une parcelle qui en a droit, mais a une parcelle le riche qui peut corrompre les membres de la commission d’attribution, le maire et ses adjoints. La question du lotissement est maintenant une affaire de voleurs, de truands, de faussaires, etc. Elle est aussi, il ne faut pas l’oublier, une question éminemment politique avec de gros enjeux financiers et électoraux. Le parti au pouvoir qui est actuellement le seul capable de promettre des parcelles aux populations en use abondamment à l’approche de chaque échéance électorale. Peut-on de nos jours faire un "lotissement sain" dans notre pays ? Mais qui gagne dans "un lotissement sain" ?

D’abord, par "lotissement sain", nous entendons un lotissement à l’issue duquel les vrais bénéficiaires sont les populations concernées, celles qui ont été officiellement et formellement identifiées comme résidents sur les lieux au moment du recensement. "Un lotissement sain" est un lotissement qui se préoccupe en priorité de loger les cas sociaux : vieux, vieilles et veuves sans enfants et sans ressources, personnes nécessiteuses, tous les citoyens qui sont des laissés- pour-compte. Ensuite, il faut tenir à l’écart des lotissements futurs, si toutefois on veut qu’ils soient "sains", toute femme et tout homme qui serait déjà compromis dans une ou des affaires de parcelles. Ils risquent de reproduire leurs expériences "virussées", leurs mauvaises façons de faire qui ont pour noms affairisme, spéculation. Enfin, dans un "lotissement sain", les hauts cadres de l’Administration publique et privée ne sont pas concernés.

Ils ne doivent pas être concernés. Il s’agit, la plupart du temps, de personnes qui possèdent déjà une ou deux, voire davantage de parcelles. Ces personnes résident à la Zone du bois, à Ouaga 2000 ou à la Cité de l’impunité à Somgandé. Mais les usages jusque-là montrent que ce sont les premiers servis. Pour finir, il faut assigner à chaque nouveau maire des missions précises qui ne se limitent pas seulement au lotissement. Il y a aussi des tâches d’assainissement, donner l’eau potable aux populations, lutter contre les épidémies, les problèmes d’éducation, etc. Certes, on répliquera que ce sont les lotissements qui permettent de faire rentrer de l’argent dans les caisses des mairies. Mais il se trouve aujourd’hui que les lotissements, au lieu de faire rentrer l’argent dans les caisses des mairies, enrichissent les maires, leur entourage et des affairistes sans vergogne.

Le Fou

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