Actualités :: AFFAIRE ADOR – BAGAYOGO : Qui a peur que Foussény soit extradé et jugé à (...)

A travers ce plaidoyer, P. Bayala, ex-codétenu de Fousséni Bagayogo, un Burkinabè vivant en Suisse et dont la femme a été retrouvée morte, attire l’attention sur le drame que vit l’intéressé incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo Dioulasso (MACB).

Souvenez-vous, il y a presque 2 ans courant juillet-aout 2007, une histoire de meurtre a défrayé la chronique à Genève et à Bobo au Burkina Faso… avant de sombrer dans l’oubli et le calvaire du principal accusé. Foussény Bagayogo un jeune Burkinabé résidant à Genève avec sa femme genevoise. Celle-ci disparaît. Après des jours d’investigations, on retrouve le corps de cette dernière ligoté et enterré dans le jardin de la maison paternel de Mme Bagayogo, née Ador. La famille Ador est une grande et influente famille genevoise. Gustav Ador, un des leurs, a été un homme d’Etat suisse de 1er plan. Foussény et le père de sa femme ne sont pas en bons termes.

Et pour des non-dits ou secrets familiaux, la fille ne serait également pas en très bon terme avec son père au point que Foussény et sa femme iront chercher un appartement à l’écart de la belle famille. Ainsi donc à l’écart avec sa femme et leurs 2 enfants, Foussény vit de son job dans le bâtiment et essaie d’économiser pour acquérir plus tard sa propre maison, tant au Burkina Faso dont il est originaire qu’à Genève où il est résident. Jusqu’à ce jour d’août 2007 où Foussény, en vacances au Faso, est interpellé par la police qui l’empêche de retourner à Genève. On lui dira d’abord que c’est la Suisse qui a demandé de l’arrêter.

Et quand il demanda où le mandat délivré par les autorités suisses, les policiers n’en avaient pas. Mais la police semblait avoir reçu un ordre officieux de l’arrêter et de l’écrouer. De qui venait donc cet ordre ? Mystère jusqu’à présent. Quand la découverte macabre du corps de la femme de Foussény fut rendue publique, il était évident que ce dernier devait s’expliquer. Et dans un cadre juridique clair, devant un tribunal genevois. Suspect numéro un, il était à Bobo au moment de la découverte du meurtre de sa femme. N’y a-t-il pas des procédures usuelles qui permettent le transfert rapide d’un tel suspect pour élucider ce crime. Et s’il est reconnu coupable, c’est à la justice genevoise de le condamner et de l’écrouer en Suisse. Mais curieusement, la justice burkinabé s’est emparée de cette affaire et Foussény Bagayogo croupit en prison depuis 20 mois sans savoir quand on va l’extrader et le juger.

Il clame son innocence et demande seulement à donner sa version des faits et dire haut et fort qu’il n’a pas tué sa femme. Et quand bien même il l’aurait fait, on en connaîtrait peut-être le mobile. Loin de moi l’idée de vouloir innocenter ce pauvre Foussény. Peut-être qu’il a tué sa femme. Peut-être pas… Et ce doute exige un procès à la lumière duquel on pourra peut-être lever le doute. Seulement, il y a des forces qui semblent faire des pieds et des mains pour qu’il ne soit pas extradé et jugé à Genève. Dans ce cas, qui a peur que Foussény parle à Genève, qu’il puisse semer un seul instant le doute sur sa culpabilité vite trouvée ? Car par-dessus tout, on ne saura condamné ce mari, désormais veuf, que si l’on apporte les preuves, le mobile et la démonstration probante que c’est bel et bien lui seul l’assassin de sa propre femme. Pourquoi donc le détenir aussi longtemps dans cette sordide prison de la Maison d’arrêt et de correction de Bobo ?

Qu’est-ce qui empêche la justice suisse de faire venir Foussény et de le juger à Genève ? Et pourquoi ce zèle inhabituel de la justice burkinabé à incarcérer ce présumé coupable pendant 20 mois et qui ne demande qu’à passer devant un tribunal genevois pour s’expliquer ? A la découverte du meurtre de Mme Bagayogo/Ador, la police et la justice genevoises ont-elles seulement envisagé d’autres pistes que celle de Foussény, le mari ? Si oui, lesquelles ? Sinon, pourquoi ? Toutes ces interrogations, amènent à croire que cette situation unilatérale profite à quelqu’un. Mais à qui et pourquoi ? Une chose est sûre, après avoir passé quelques jours et beaucoup discuté avec Foussény dans cette prison, je pense que c’est un homme à bout. Connaissant la richesse et l’influence du père Ador, il est persuadé qu’il peut engager des forces qui se liguent pour qu’il ne sorte jamais de cette prison… Mais pourquoi donc ? Il me dit que, sauf miracle, il y a de fortes chances que son cas traîne encore des mois ou même des années.

Tant on lui a promis plus d’une fois qu’il allait bientôt être extradé et jugé à Genève… et cela depuis maintenant vingt mois. Son avocat genevois est passé assister à des prélèvements de sa salive pour les tests ADN, mais apparemment son ADN n’est pas en cause. Son avocat burkinabé tente de le rassurer mais ne parvient manifestement pas à obtenir qu’il soit extradé et jugé à Genève. A ce qu’on dit, il y aurait toutes les autorisations d’extradition… sauf celle du ministère des Droits humains. Mais quel est ce ministère des droits qui se mêle de ce genre d’affaire ?

Car dans ce cache-cache judiciaire et officieux, il y a des victimes réelles : les enfants Bagayogo qui ont déjà perdu leur maman et ne savent pas ce qui adviendra de leur père qu’on accuse ; l’accusé lui-même qui se voit tout simplement refusé un procès, mais et surtout la vérité qu’on risque de ne jamais connaître si cette situation perdure. Car, quand Foussény sera à bout, on ne sait pas de quoi un désespéré est capable. Malgré son physique de travailleur du bâtiment, c’est un homme fragilisé et profondément ébranlé par cette histoire. Il n’a que les photos de ses enfants pour lui remonter de temps à autre le moral dans cette sordide prison. Un autre drame est peut-être en cours si sa détention perdure, car Foussény risque de se suicider.

Et quand il se sera suicidé à force d’attendre que la justice le permette au moins d’avoir un procès équitable, alors on pourra dire tout ce qu’on veut de lui. On pourra dire que c’est lui l’assassin de sa femme, et ses enfants se demanderont certainement pourquoi ? Pourquoi aurait-il tué sa femme ? Comment ? Pourquoi la justice genevoise n’a-t-elle pas tout fait qu’il soit jugé conformément au droit suisse où il est résident et où a été commis le crime ? Pourquoi… ? Et si le but de tout ce silence et ces manœuvres est d’acculer l’accusé Foussény au suicide, afin que l’on puisse classer le dossier ? Autant de questions que je me pose après avoir laissé ce jour 29 mai 2009 Foussény Bagayogo dans le désespoir et la misère de la prison de Bobo Dioulasso… Que les médias et le justice, à Genève comme au Burkina, prennent leurs responsabilités.

Bobo Dioulasso, le 30 mai 2009 : P. Bayala Un ex-codétenu de Foussény Bagayogo

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