Les stations-service Total ont rouvert depuis hier à 6 h, après une dizaine de jours de fermeture suite à la grève du personnel. Mais le bras de fer continue entre la direction générale et les salariés que nous avons rencontrés à la Bourse du travail.
L’Association burkinabè des gérants de stations-service Total a décidé, au terme d’une assemblée générale extraordinaire tenue dimanche, de reprendre la vente du carburant, après une dizaine de jours de fermeture des pompes, suite à la grève du personnel de Total-Burkina. Mais cela n’a influencé en rien la détermination de la centaine de salariés de la société pétrolière qui poursuivent leur grève illimitée entamée depuis le 24 avril dernier, après le licenciement du délégué principal, Yacouba Ouédraogo. Ce dernier que nous avons rencontré hier matin à la Bourse du travail, dit regretter le fait que la direction générale de Total-Burkina boude les négociations depuis le lundi 27 avril 2009, malgré l’invite à la table des négociations qui lui aurait été faite par la direction générale du Travail.
Les choses n’ont donc véritablement pas évolué depuis le 24 avril. Les deux parties ne sont pas encore parvenues à un compromis. En tout cas, les travailleurs campent sur leur position. La reprise du travail est toujours subordonnée à la signature d’un protocole d’accord en deux points : la réintégration du délégué syndical Yacouba Ouédraogo, et la levée du mot d’ordre de grève. Les salariés en grève pensent aussi qu’avec la réouverture des stations-service, il va se poser un sérieux problème d’approvisionnement et de gestion administrative, étant donné que ce sont des commerciaux, des informaticiens, des gestionnaires de compte, etc. qui sont en grève.
C’est d’ailleurs tout le personnel, excepté les deux secrétaires du directeur général et du directeur des ressources humaines, et le chef du service personnel, à en croire Yacouba Ouédraogo. A l’horizon donc, poursuit-il, se profile un risque de rupture complète de carburant dans les stations-service et de catastrophe dans la gestion, si la grève se poursuit. Notre interlocuteur pour qui la moyenne des salaires mensuels des travailleurs burkinabè de Total ne vaut pas les 450 000 F CFA comme indiqué par le directeur commercial, pense que ce montant est plutôt proche du loyer mensuel du directeur commercial et du directeur financier de la société.
Aussi, précise-t-il, le directeur général de Total-Burkina paie près d’un million trois cent mille F CFA de loyer mensuel et se permet, entre autres dépenses somptueuses, une dotation-vin de 300 000 F CFA par semaine. A la direction générale de Total-Burkina, hier en fin de matinée, il nous a été, une fois de plus, impossible d’avoir la version du patronat. Nous nous sommes fait dire que le directeur intérimaire et son staff étaient en réunion. Nous y avons en effet aperçu le ministre Jérôme Bougouma du Travail et de la Sécurité sociale accueilli par le directeur commercial et le DRH de Total. L’ordre du jour de l’entrevue avec le ministre porte certainement sur la crise des travailleurs de Total. Mais jusqu’au moment où nous mettions sous presse ces lignes, rien n’en avait filtré.
Par Paul-Miki ROAMBA
Le Pays
