Actualités :: Au coin du palais : Quand la danse des masques tourne au vinaigre

Domiciliées à Kouentou (village de la province du Houet), 14 personnes, toutes portant le nom de famille Sanou et étant la plupart cultivateurs, risquent d’être condamnées à 6 mois de prison avec sursis pour dégradation volontaire de biens appartenant au sieur L.S. et à son fils D.S, si la réquisition du ministère public à l’encontre de ces 14 prévenus était respectée par le tribunal correctionnel de Bobo-Dioulasso. Que s’est-il passé pour qu’on en arrive là.

Le 5 avril 2009, il y a eu un rite coutumier à Kouentou. Une manifestation qui était accompagnée de danse de masques bobo. C’est ainsi qu’après le rituel, les masques se sont invités en ville pour danser au vu et au su de tout le monde. Ainsi, un masque s’est présenté devant la concession de L.S. Celui-ci absent, il ne trouva qu’un de ses fils devant la porte. Sans raison apparente, ce masque porta des coups de fouet au fils de L.S, absent à l’audience. Ce dernier, en réaction a brandi une machette que le masque a tenté de retirer, non sans se blesser aux doigts de la main gauche.

Il n’en fallait pas plus pour que le porteur du masque ameute ses amis en vue d’une représaille en bonne et due forme. Ces amis, parmi lesquels les 14 prévenus, saccagent dans un premier temps les concessions de L.S. et de son fils D.S. (ce n’est pas celui que le masque a agressé). Remontés à bloc, les intéressés incendient ensuite les hangars et les concessions des deux individus à l’aide de gasoil et d’essence. Même les vivres et les articles de commerce de D.S sont mis à feu. Devant les juges, les prévenus reconnaissent les faits tout en tentant d’expliquer leur geste.

Pour le responsable des masques de Kouentou, S.S., l’un des prévenus, le fait de s’en prendre à un masque même s’il vous donne des coups de fouet est une transgression de la tradition. « Mais quand on transgresse la loi en agressant un masque, c’est de cette façon que vous réglez le problème ? », a demandé un juge. « Non ! Nous avons agi sous l’effet de la colère. Sinon en de pareilles circonstances, les gens du village se réunissent dans une atmosphère de notes de tam-tam pour aller chez le fautif et lui demander de faire des sacrifices », a répondu le chef des masques de Kouentou. Et le procureur de rappeler aux prévenus : « Il fut un temps où la coutume avait force de loi, mais cette époque est révolue. Nous sommes dans un Etat de droit qui ne permet pas qu’on se rende justice ».

Excepté les différentes interventions, le ministère public a reconnu les 14 prévenus coupables de dégradation volontaire de biens, même si les responsabilités n’ont pu être clairement situées individuellement. Par conséquent, une peine d’emprisonnement de 6 mois avec sursis a été requise à l’encontre des prévenus. Les deux victimes réclament chacune la somme de 10 000 000 FCFA au titre des dommages et intérêts et 1 500 000 FCFA pour les frais non compris dans les dépens.


Il vole un vélo et en fait sa propriété

Pour avoir volé un vélo et tenté d’en faire sa propriété, début avril 2009, K.S., gérant de buvette, a été condamné à 2 mois de prison ferme. Selon les explications du prévenu, c’est nuitamment qu’il a vu le vélo déposé sur un terrain de football alors qu’il n’y avait personne. Il s’en est donc emparé et l’a caché à son domicile. Une fois l’acte commis, le prévenu se décide d’utiliser le vélo à des fins personnelles. Pour ce faire, il approche un commerçant, lui fait croire qu’il a acheté la bicyclette chez lui et qu’il avait besoin de duplicata car ayant perdu le reçu. En usant de subterfuges, il réussit donc à amener le commerçant à établir un « faux » reçu moyennement la somme de 1 000 FCFA. Même s’il est parvenu à se faire « propriétaire » du vélo, K.S. avait oublié que le vrai propriétaire était à la recherche de son bien. Habitant la même localité que le prévenu, il a finalement su que son vélo était entre les mains de ce dernier. Ce qui a permis de retrouver son bien et de mettre K.S. dans le pétrin.


Deux conducteurs de train à la barre

M. H. et T.K., tous deux conducteurs de train à la Société internationale du transport africain sur rail (SITARAIL), sont poursuivis pour homicide involontaire due à une collision entre deux trains qui a provoqué la mort de deux aiguilleurs, L.K. et Y.N. Ces deux prévenus ne sont pas les seuls à être impliqués dans cette affaire. Il y a aussi leur collègue B.B., celui-là même qui a ordonné le départ des deux trains à partir de Bobo-Dioulasso. En effet, le 19 août 2008, aux environs de 22 heures, sous la pluie, T.K. reçoit l’autorisation de B.B. de démarrer son train en partance pour la Côte d’Ivoire. Une fois la machine en mouvement et non loin de la gare d’où il est parti, T.K. constate que le train patine, ce qui va l’amener à réduire considérablement sa vitesse, passant de la normale (50km/h) à 5 ou 6 km/h.

Alors que T.K. est dans des difficultés, B.B. autorise, une vingtaine de minutes plus tard, un second conducteur, M.H., à prendre la même voie avec un autre train pour aller livrer des conteneurs à la représentation de la Société nationale burkinabé des hydrocarbures (SONABHY) à Bobo-Dioulasso. M.H manœuvre donc une locomotive à laquelle sont attachés trois wagons transportant les conteneurs pour aller servir un client. Seulement, M.H., assisté de trois aiguilleurs, ne pourra pas arriver à destination. Il sera surpris par le premier train qu’il heurtera, parce que celui-ci, en raison de sa faible allure, n’avait pas encore réussi à quitter la zone. Pourtant, avant que l’accident ne se produise, ses aiguilleurs avaient juste eu le temps de l’informer de la proximité d’un autre train. Mais, c’était déjà trop tard… La machine de M.H qui roulait à 42 km/h n’était plus qu’à 40 mètres du train de T.K. si bien qu’on ne pouvait pas, hélas, éviter le choc.

L’accident a eu pour conséquence, la mort des deux aiguilleurs de M.H., L.K. et Y.N, coincés entre les wagons. T.K. ainsi que M.H. et son troisième aiguilleur, O.G., tous présents à l’audience, eurent la vie sauve. A la barre, les deux conducteurs ont reconnu les faits sauf B.B., celui-là même qui avait donné l’ordre de départ des trains. T.K. a expliqué que sur la voie, il ne disposait pas de moyens techniques pour informer le poste de contrôle et espérait plutôt atteindre la première gare, à savoir celle de Péni située à 30 km au Sud de Bobo-Dioulasso pour pouvoir le faire. « Ce d’autant plus qu’il nous est interdit d’immobiliser le train en cours de route, même en cas de panne », a-t-il argué. Pour sa part, le conducteur du second train, M.H, dira aux juges que c’est après l’accident qu’il a appris qu’en situation de « manœuvre spéciale » pour livraison de marchandises, il ne devait pas excéder 20 km/h comme le stipulent les textes de la SITARAIL.

Quant à B.B, il a souligné que le fait que le train de T.K. était en partance pour une longue distance, rien ne l’empêchait d’autoriser une « manoeuvre spéciale » pour livraison de conteneurs. « Moi je n’ai fait que mon boulot. C’est peut-être au niveau des conducteurs que les choses n’ont pas marché », a-t-il lâché. Invité à réagir, l’un des formateurs de la SITARAIL a confirmé que T.K. n’avait que pour obligation d’atteindre la première gare (Péni) pour informer le poste de contrôle de la panne de son engin. Il a aussi fait remarquer aux juges que B.B. a fait son boulot conformément aux textes en vigueur dans la société. Ces propos ont été défendus par les deux avocats de la SITARAIL dans leur plaidoirie. Après avoir entendu les différents témoignages, le ministère public a reconnu que B.B. a effectivement fait son devoir eu égard aux textes. Il a aussi relevé que T.K. a observé les consignes qu’il fallait en de pareilles circonstances. Cependant, le ministère public a noté que le second conducteur, M.H., a violé la réglementation qui veut qu’on roule à 20 Km/h en situation de « manœuvre spéciale ».

Toute chose qui, selon le parquet, a été à l’origine de la mort des deux aiguilleurs. Après coup, le ministère public a invité le tribunal à maintenir les prévenus dans les liens de prévention d’homicide involontaire et requis une peine de 12 mois de prison avec sursis pour chacun d’eux. Commentant cette réquisition, les conseils de la SITARAIL, faisant allusion à la loi spéciale en matière de police des voies ferrées, ont invité les juges à épargner T.K. et B.B et à faire une bienveillante application de la loi à l’endroit de M.H., un délinquant primaire. L’affaire a été mise en délibéré au 4 mai 2009 par le tribunal. Les ayants droit de L.K., représenté par un aiguilleur stagiaire, réclament 2,5 millions à titre de dommages et intérêts. Le père du deuxième défunt aiguilleur, H.M, lui ne réclame rien et compte sur la bonne volonté de la SITARAIL.


Un charretier voleur

Six mois avec sursis. C’est la peine infligée à O.O., charretier de 18 ans, domicilié à Bobo-Dioulasso, qui s’est rendu coupable du vol d’une balle de friperie dans un marché, le 10 février 2009. Après avoir reconnu les faits, le prévenu a confié aux juges qu’il était de passage en bordure du marché lorsqu’il a vu le lot de friperie. Ayant constaté qu’il n’y avait personne dans le coin, il a frauduleusement soustrait une balle. Malheureusement, la chance ne lui a pas souri car il s’est fait rattraper non loin du lieu après son forfait.

Rassemblés par Kader Patrick KARANATAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya

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