Actualités :: Korotoumou Ouattara, DG du CHU Sourô Sanou de Bobo-Dioulasso : “Nous avons le (...)
Korotoumou Ouattara

Dans Sidwaya n° 6241 du jeudi 16 avril, nous faisions échos d’un arrêt de travail dans le service “Chirurgie et réanimation” du Centre hospitalier universitaire Sourô Sanou (CHUSS) de Bobo-Dioulasso. Une information que récuse la direction de l’hôpital. Dans l’interview qu’elle a bien voulu nous accorder, la directrice générale du CHUSS, Korotoumou Ouattara, explique ce qui s’est réellement passé dans la semaine du 13 au 19 avril 2009.

Sidwaya (S.) : Vous dites qu’il n y a pas eu d’arrêt de travail pour réclamer de meilleures conditions. Que s’est-il donc passé dans ce service ?

Korotoumou Ouattara (K.O.) : Qui vous a dit qu’il y a arrêt de travail dans le service chirurgie et réanimation de l’hôpital ? Avez-vous trouvé les portes fermées ?

S. : Le principe veut que ce soit nous qui posions les questions et que vous, vous y apportiez les réponses appropriées.

K.O. : Depuis ma prise de service, j’ai fait un programme de tournée dans les différents services. J’ai donc été au département de la chirurgie. C’est très grand là-bas. Il regroupe tous les services médico-techniques, c’est-à-dire la chirurgie ordinaire, l’ORL (NDLR oto-rhino- laryngologie), l’odontostomatologie, l’ophtalmologie. Je suis allée donc visiter les services pour voir l’état des infrastructures, comment ils sont tenus, car chez nous, il y a la question de préventions des infections, d’asepsie au niveau des blocs opératoires. Ce qui nous a amenée à inspecter le système de stérilisation et jusqu’à la buanderie. Après la visite, nous étions face à face avec l’équipe technique pour discuter de leurs préoccupations, les problèmes de matériels, de maintenance, d’effectifs et même d’organisation.

Il est ressorti qu’il y avait des problèmes de maintenance qui nécessitaient la réduction de l’activité. C’est pourquoi, nous avons décidé de prendre uniquement, durant une semaine, les urgences et permettre aux équipes techniques de travailler sur les aspects de la maintenance, la fonctionnalité des appareils. C’est ainsi que nous avons vu que l’autoclave avait un problème et nous avons décidé d’arrêter une partie de l’activité là-bas et nous limiter aux urgences et mobiliser l’équipe de maintenance sur tous les aspects. J’ai donc demandé de mettre le service à point, c’est-à-dire régler tous les problèmes de plomberie, tuyauterie, d’électricité. Donc nécessairement, ce beau monde ne peut pas défiler au bloc et que le service continue à fonctionner à plein temps ! Donc il n’y a pas eu arrêt de travail. Les équipes, les gardes, les urgences ont fonctionné. Vous n’avez pas eu d’interlocuteur le 15 avril parce qu’ils étaient en dépouillement d’appels d’offres et ne pouvaient donc pas prendre des appels.

S. : Est-ce que l’arrêt du programme opératoire n’a pas perturbé le rythme normal de travail ?

K.O. : C’est ainsi dans tous les hôpitaux. Tout appareil qui fonctionne a besoin d’une maintenance de base. C’est ce qu’on a fait. Cela fait partie du quotidien des services. Nous appelons arrêt de travail lorsqu’il y a un ras-le-bol des équipes qui ne sont pas contentes et qui décident de fermer ou de ne pas travailler. Mais ce n’est pas cela.

S : Il n’y a donc pas eu arrêt de travail au CHUSS, selon vous. De façon générale, nous avons des difficultés pour avoir la moindre information dans ce service. Même le syndicat est muet. Comment expliquez-vous cette situation ?

K.O. : Nous n’aimons pas trop vous voir sillonner nos services. C’est comme un domicile où vous ne pouvez pas entrer sans voir le chef de famille. Quand vous violez nos structures avec vos caméras et micros sans chercher à voir le premier responsable, c’est interdit. Nous avons le devoir de protéger le droit du malade. Une charte du patient hospitalisé existe à cet effet qui permet de préserver le droit, la dignité, l’intimité et l’intégrité des malades. Nous n’aimons pas quand les gens viennent sans notre autorisation, sillonner les services pour voir les malades. Les visiteurs doivent préserver la quiétude du malade.

S. : Que devons-nous faire pour obtenir des informations au sein de l’hôpital ?

K.O. : Sans autorisation, personne ne vous donnera des informations. Il y a aussi l’éthique professionnelle en vertu de laquelle les médecins ne peuvent pas donner un certain nombre d’informations. Moi-même en tant que DG, il y a des informations que je ne peux pas obtenir d’eux. Il y a un pouvoir médical. Si vous voulez des renseignements, on vous met en contact avec le service d’information et on vous donnera ce qui peut l’être. Autrement dit, rendez-vous sur le lieu de l’accident pour recueillir les informations. Personne ne vous en voudra là-bas. Une fois que le malade est dans nos lits, on ne peut pas l’abandonner. C’est pour cela que vous n’avez pas un bon accueil dans nos services quand vous venez, parce que nous avons l’obligation de protéger le malade. Mais s’il y a une autorisation, on vous dira ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas.

S : Le nombre de blessés n’est quand même pas confidentiel…

K.O. : Vous venez de dire que vous voulez le nombre de blessés ! Le rôle des médecins ce n’est pas de compter le nombre de blessés. C’est empêcher de mourir ! Ce n’est pas vous donner le nombre de ceux qui sont blessés ou décédés. Si je les vois compter des blessés au lieu de les soigner, ils pourront être licenciés. On n’a pas les mêmes objectifs. Le nombre de blessés et de décès n’est pas confidentiel, mais vous pouvez mal interpréter les comas et annoncer des morts. Ce qui va affecter l’entourage du malade. Il faut que vous nous compreniez, le milieu est très spécifique.

S. : L’hôpital s’est récemment doté d’un scanner, un des meilleurs de la sous-région, disait-on. Est-ce qu’il vous donne satisfaction ?

K.O. : Si on n’avait pas ce scanner-là, il fallait le chercher. Avant, les gens se déplaçaient à Ouagadougou pour le scanner. Auparavant, c’était à Abidjan ou en Europe. Aujourd’hui, nous n’avons pas ce problème, car le scanner permet de préciser les différents diagnostics, de prendre des décisions par rapport aux malades. Cependant, le fonctionnement d’un scanner coûte très cher et souvent nos maintenanciers viennent de la France. C’est un peu cela notre problème. Aussi la plupart des malades n’arrivent pas à payer les examens de scanner qui coûtent entre 30 000 et 100 000 F CFA, selon les cas. Mais cela ne veut pas dire que les nécessiteux n’ont pas droit au scanner. En fonction de la situation socio économique du malade, nous le faisons gratuitement. Il n’y a pas de rentabilité à l’hôpital, c’est un domaine hautement social et sensible compte tenu de la nature des prestations qui sont rendues.

S. : Lors de votre installation en août dernier, le personnel a évoqué le manque de spécialistes et de plateau technique digne de l’hôpital. Y a-t-il aujourd’hui un début de solutions à ces problèmes ?

K.O. : Nous sommes tout le temps en concertation pour voir les priorités. Dans un système de rareté, on fait priorité dans priorité. On est obligé de faire des choix budgétaires pour pouvoir acquérir les équipements. C’est ce que nous sommes en train de faire et bientôt nous pourrons remplacer un certain nombre d’équipements. Les spécialistes viennent au compte-gouttes. Ça ne court pas les rues, les spécialistes ! La formation coûte cher. Il y a aussi la question de la motivation. Quand ils comparent le salaire à ce qu’ils peuvent gagner dans les pays développés, il y en a qui ne veulent pas rentrer. On a quand même le minimum pour faire fonctionner un centre hospitalier universitaire.

Propos recueillis par Mahamadi TIEGNA (camerlingue78@yahoo.fr)

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