En foulant le sol bobolais vendredi dernier, la ministre de la Promotion de la femme savait déjà qu’elle s’engageait dans une mission difficile et même périlleuse pour certains : réunir les deux tendances féminines rivales de la ville autour d’une même table de négociations afin de parvenir à un consensus quant à la mise en place de la structure provinciale.
Après quatre jours et quatre nuits de tractations et de conciliabules, il ne serait pas exagéré de dire que les efforts de Céline Yoda sont demeurés vains. Car, le bureau issu des résultats des différentes concertations est resté au travers de la gorge du chef de file d’une des deux tendances, Assita Ouattara, et de ses fidèles compagnons. Des protestataires qui ont tout simplement décliné l’offre par leur refus catégorique d’être pris en compte dans cette nouvelle structure.
Le nouveau bureau de la coordination provinciale des femmes du Houet est le résultat d’une série de démarches entreprises par la délégation ministérielle afin de parvenir à un consensus. Arrivée en effet vendredi dernier à Bobo-Dioulasso, Céline Yoda a multiplié les contacts durant le week-end auprès des personnes-ressources (chef coutumier bobo, archevêque, président de la communauté musulmane, église protestante, autorités politiques et administratives) pour solliciter leur implication dans la résolution de cette crise qui n’a que trop duré.
Cette démarche se poursuivra avec les principales concernées que sont les deux tendances féminines en conflit dans le Houet. Des protagonistes qui seront d’ailleurs invitées par la ministre à faire des propositions de sortie de crise. Et cela, pour baliser le terrain en attendant la grande rencontre pour la mise en place du bureau de consensus de la coordination provinciale des femmes.
Des initiatives certes louables, mais qui n’ont pas permis de rapprocher les deux clans rivaux pour la rencontre finale de mardi dernier à la salle de conférences du gouvernorat. Céline Yoda qui semblait par moments troquer son costume de ministre contre celui de médiatrice dira à l’ouverture des travaux que « l’objectif de cette rencontre n’est pas de jeter l’anathème sur qui que ce soit, mais de vous exhorter et de vous inviter au pardon mutuel, à l’unité et à la cohésion… ».
Mais elle sera déçue par des propos régionalistes et incendiaires de certaines intervenantes proches d’Assita Ouattara ; elle qui, d’ailleurs, avait balayé du revers de la main toute idée de participation au bureau de la coordination. Elle sera suivie en cela par certaines de ses proches. Lesquelles reprocheraient à Céline Yoda d’avoir fait la part belle à l’autre groupe quant à la constitution des membres du bureau.
Des accusations infondées selon Céline Yoda qui affirme avoir coopté toutes les sensibilités et toutes les compétences indispensables et susceptibles de contribuer à l’épanouissement réel de la femme et au développement de la province du Houet.
Parlant du choix de la présidente, elle dira : « Rosalie Ouoba est mon aînée et elle aussi une femme d’expérience. Elle est bien connue à Bobo puisqu’elle a dirigé une grande institution comme le CESAO. C’est une femme qui est professionnellement reconnue aux plans national, sous-régional et international. Et c’est à cause de ses capacités intrinsèques et aussi de sa neutralité dans cette crise que nous lui avons fait appel ».
La nouvelle présidente, Rosalie Ouoba, a donc en charge la coordination des femmes du Houet. Elle a été désignée à la tête d’un bureau de 25 membres avec des commissions spécialisées. Cette nouvelle équipe dirigeante mise en place dans la douleur est déjà consciente de l’immense tâche qui l’attend.
Mais son succès dépendra surtout de sa volonté à œuvrer pour un véritable rapprochement de toutes les femmes de la province. Y compris celles qui n’ont pas trouvé leur compte dans le nouveau bureau et qui étaient sur le point de claquer la porte de la salle de conférences du gouvernorat des Hauts-Bassins.
Jonas Apollinaire Kaboré
L’Observateur Paalga
