La route a encore tué et elle continuera de tuer tant que les autorités politiques burkinabé fermeront les yeux sur ces véhicules en piteux état qui pullulent sur nos routes. Des cercueils roulants conduits par des chauffeurs qui ont toujours fait fi des règles les plus élémentaires en matière de circulation. Mauvais état des véhicules, surcharges, non-respect du code de la route sont autant de facteurs qui sont à l’origine des nombreux accidents.
Encore une fois un car de transport en provenance de la Côte d’Ivoire avec une cinquantaine de passagers à son bord s’est retrouvé les quatre fers en l’air. Au moins deux morts sur le champ et de nombreux blessés. Le drame est survenu samedi en fin d’après-midi sur la RN 7 à quelque deux cents mètres du poste de péage de Bobo. Au moment où nous arrivions sur les lieux, les services de secours appuyés par des volontaires s’affairaient encore à extirper des décombres des blessés dont certains dans un état extrêmement grave. Tout autour du véhicule accidenté, des bagages jetés pêle-mêle et des passagers aux regards effarés.
Ces derniers, malgré quelques contusions, étaient visiblement sous le choc. Surtout que de nombreux compagnons de voyage demeuraient encore introuvables, coincés pour la plupart sous le véhicule. Grâce à l’effort conjugué des uns et des autres, certains ont pu être ramenés à la surface dans des conditions souvent insupportables. Pendant ce temps, les sapeurs-pompiers avaient déjà entamé leur va-et-vient incessant vers le Centre hospitalier universitaire Souro Sanou avec des blessés. Mais un enfant de quelques mois sorti de cet amas de ferraille avait déjà rendu l’âme. Il était couché à même le sol aux cotés de sa maman qui était, elle, entre la vie et la mort. Des scènes insoutenables et devant lesquelles des âmes sensibles n’ont pu retenir leurs larmes.
En attendant d’avoir le bilan définitif de cet accident, on dénombre pour l’instant au moins deux morts et une quinzaine de blessés dont certains dans un état grave. A l’origine de cet accident, une défaillance technique. « C’est le volant qui s’est subitement bloqué. Je n’avais pas d’autre choix que d’aller contre un arbre. Et c’est après l’avoir percuté violemment que le véhicule a culbuté ». Tels sont les propos du chauffeur que nous a rapportés un des passagers. Toujours est-il que l’état du véhicule que nous avons pu approcher sur les lieux du drame, laissait véritablement à désirer. Un car de seconde main acquis après plusieurs années de service auprès d’une des compagnies de transport en commun de la place.
Il est évident que dans ces conditions, la mise en circulation d’un tel véhicule exige de son nouveau propriétaire d’importants investissements afin de se conformer aux normes sécuritaires. Ce qui malheureusement n’est toujours pas le cas avec ces transporteurs mercantiles. Eux qui sont toujours portés vers la recherche du gain facile même au prix de vies humaines. Et tout cela, avec la complicité des autorités qui ont toujours fermé les yeux sur ces cercueils roulants, lesquels traversent quotidiennement nos villes et nos campagnes au vu et au su de tout le monde sans être inquiétés.
Le tragique accident de Boromo, qui a fait 69 morts et qui reste encore vivace dans les mémoires, n’a toujours pas servi de leçon. Les propos du ministre de la Sécurité et de celui des Transports dans les médias après ce drame n’étaient en réalité que des bla-bla- bla. Rien n’a changé sur nos routes qui continuent d’enregistrer des morts. Et il en sera ainsi tant que les autorités politiques se refuseront à prendre leurs responsabilités et à assainir le secteur des transports en commun.
Jonas Apollinaire Kaboré
L’Observateur Paalga
