Actualités :: Habitat : Finie l’illusion des logements sociaux

Les cas sociaux devront, désormais, aller voir ailleurs. C’en est désormais fini de ces bienfaisants logements sociaux ou à loyers modérés, qui ont permis à bon nombre de fonctionnaires et de salariés du secteur privé de bénéficier d’un toit décent, à la portée de leurs bourses et de vivre sans trop d’angoisse. C’est même grâce aux conditions particulièrement avantageuses qui étaient celles des cités du 4-Août, An II, III, IV et autres, que la plupart de ces locataires sociaux d’antan sont devenus aujourd’hui propriétaires de leurs maisons. Des nantis ont même amélioré leurs cadres de vie au point de les transformer en véritables bunkers ou en immeubles.

Avec l’apparition du phénomène de sous-location, les loyers initiaux ont été multipliés par 2 deux, voire par 4 ; certains proprios sociaux d’hier sont devenus aujourd’hui des marchands de sommeil au point qu’il n’est plus permis à n’importe qui d’habiter dans ces cités autrefois réservées aux travailleurs de la classe moyenne. Les temps ont vite changé.
Le besoin de logements véritablement à loyers supportables par la plus grande majorité est toujours aussi fort.

L’engouement suscité par le projet des « 10 000 logements sociaux » lancé en 2008 par le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme a été sans pareil. L’appel à inscription ouvert entre le 18 janvier et le 24 avril 2008 a enregistré 28 189 demandes. C’est à partir de cette base de données que seulement 144 heureux attributaires ont été tirés au sort par un logiciel conçu à cet effet. L’opération a eu l’avantage de montrer l’abondance de besoin en matière de logements sociaux. Mais seulement une infime partie a été satisfaite. Et là encore...

En effet, si le nom « Cité de l’Espérance » donné à ce nouveau type de logements porte une charge symbolique certaine, sa réalisation a été largement en deçà des attentes des bénéficiaires. Tous - ou presque - s’attendaient probablement à des villas clés en main et habitables avec des commodités minimales telles que l’eau, l’électricité, le téléphone,... Mais plus d’un a été désagréablement surpris de constater qu’il n’y avait même pas une bonne voie d’accès à leur habitation. Comme on devrait s’y attendre, ils ont logiquement levé les boucliers et ont protesté contre ce qu’ils considèrent comme de l’« arnaque » du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. Une réaction somme toute légitime, quand on sait que certains ont dû contracter un crédit à la Banque de l’habitat sur une période de 20 ans - à un taux préférentiel certes -, mais qu’ils ont dû caracoler d’autres crédits à gauche et à droite pour faire face aux frais de constitution de dossier d’assurance et des frais d’actes notariés.

Tout cela a dû être salé et très salé pour des travailleurs qui tiraient déjà le diable par la queue, surtout par ces temps où la « vie chère » s’en est terriblement mêlée. Qu’à cela ne tienne. Les « citadins de l’Espérance » ont tout donné pour réaliser, enfin, le rêve d’avoir un chez-soi à Simonville. Mais le rêve s’est vite transformé en cauchemar pour plus d’un. Ils ont hypothéqué pratiquement deux décennies d’économie pour aller finalement habiter dans une zone non viabilisée, pour ne pas dire “non-lotie”, au secteur 19 (Nonsin).
Blessés dans leur amour-propre, ils ont cru nécessaire d’inonder les colonnes des journaux pour ameuter l’opinion. Mais cela n’a visiblement pas plu au ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme qui, dans une colère noire, n’est pas allé par quatre chemins pour taper du poing sur la table comme l’a relevé un de nos confrères qui a rapporté le contenu de la rencontre entre lui et les représentants de l’Amicale des résidants de la Cité de l’Espérance le 23 mars dernier. Le discours était franchement hautain, pour des gens qu’on a embarqués dans une galère :

« Vous n’êtes pas plus Burkinabè que ceux que vous avez trouvés dans le quartier », avait martelé Vincent Dabilgou, comme pour signifier à ses interlocuteurs que s’ils n’étaient pas contents de ce qui leur a été fait, ils pouvaient aller voir ailleurs. Le sinistre de l’Habitat estimait ainsi que la plainte des « espérantistes » n’était nullement justifiée et qu’ils devraient plutôt se contenter de logements jugés « inachevés ». C’était à prendre en l’état ou à laisser. Sans blague !

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce discours musclé semble avoir eu des effets. Du moins, le délégué des attributaires avait apparemment encaissé le coup. Il est apparu très fair-play dans ses propos. « Il (le ministre) nous a expliqué la philosophie du programme (des 10 000 logements). Nous avons noté que des efforts sont faits dans le sens des préoccupations que nous avons posées. C’est maintenant une question de délai », avait indiqué Madou Zaré.

Comme on peut le voir, le pauvre coordonnateur des résidants a dû se rendre compte que leurs complaintes ne changeront pas grand-chose à leur sort. Ils n’avaient qu’à se fier à l’agenda du ministère et laisser les choses se faire comme elles doivent se faire.
Ce qui est au moins clair, c’est que les nouveaux logements sociaux ne sont pas des habitats clés en main comme on pouvait le croire au départ. Les acquéreurs devront même faire bon cœur contre mauvaise fortune. Inutile de dire que certains ont dû regretter de s’être embarqués dans une galère pareille.

Plusieurs années après la Révolution, les logements sociaux ont bien eu le temps de changer de philosophie et aussi de coût. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que des anciens bailleurs tels que la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) ont tenté, entre-temps, de revoir leurs loyers à la hausse. Il y a quelques jours, c’est la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (Sonatur) qui est entrée dans la danse, en informant ses locataires que les loyers vont passer de 75 000 à 150 000 F à compter du 1er avril. À ce rythme où « tout augmente sauf le salaire des travailleurs », on se demande si, finalement, les seuls logements sociaux dignes de ce nom ne sont pas ceux qu’offrent les quartiers non lotis au grand dam d’une extension sauvage de Simonville ?!

F. Quophy

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