Actualités :: Retraités : Ces oubliés de la société

La période de la retraite constitue la dernière séquence de la vie du salarié. Dans quelles conditions vivent ces hommes et ces femmes frappés par la limite d’âge socialement déterminée pour mériter le droit au repos ? C’est ce que nous avons voulu savoir en rencontrant quelques uns d’entre eux mais aussi les institutions qui gèrent cette fin de vie. Pour la plupart, c’est la galère. En cause, la pension qui leur est servie trimestriellement que l’on vient juste de mensualiser. Une misère ! Nombre de salariés ne découvrent cette situation dramatique qu’au moment où ils sont sur le point d’être admis à la retraite. Trop tard quand on n’a rien fait pour préparer ses vieux jours. Situation paradoxale que celle de ces hommes et femmes brutalement plongés dans la précarité, au moment même où ils n’ont plus la force nécessaire pour se prendre en charge.

Et puis, la retraite, c’est aussi la réduction de l’espace social de vie, l’incapacité de s’offrir des loisirs. Une situation qui ne semble pas faire l’objet d’une attention suffisante de la part des pouvoirs publics. Il est temps d’engager un vrai débat public sur la question.

L’enfer aux portes de la sagesse

Jeudi 12 mars 2009. Devant la grande porte de la direction régionale de la Caisse nationale de sécurité sociale de Ouagadougou, des dizaines de retraités affiliés à cette caisse sont déjà là à 6h30. Ils attendent l’ouverture des guichets. C’est le dernier jour de payement de la pension de retraite du mois. Depuis la mensualisation de la retraite en janvier 2008, les pensionnés ont la possibilité de toucher leur pension chaque mois. Quand les guichets s’ouvrent à 7h30, c’est calmement que les uns et les autres s’asseyent sur les bancs devant leur guichet respectif.

Alfred est l’un des premiers à être payé. Avec la mensualisation, il gagne autour de 40 000f le mois. Avec ses 4 billets de 10 000f, Alfred nous demande de le suivre quand nous lui posons la question s’il arrive à vivre avec sa pension. Dehors, devant le parking, un jeune l’attend. "C’est mon créancier. Je lui dois 40 000f. C’est le boutiquier chez qui je m’approvisionne. C’est lui qui m’a amené." Il lui tend les 40 000f. Il ne lui reste même pas 5000f en mains. Le jeune lui remet 10 000f. "Je ne peux pas tout vous prendre. Qu’est- ce que vous irez dire à la maison ?", lui demande-t-il. "C’est notre vieux. Ce n’est pas parce qu’il me doit que je l’ai amené. C’est un service que je lui rends.", tente de nous convaincre le jeune homme. Le cas de Alfred Ouédraogo n’est pas unique.

Des milliers d’autres retraités vivent dans des conditions difficiles en cette période de vie chère. La plupart n’ont pas d’autres sources de revenu que leur pension. Beaucoup qui espéraient jouir paisiblement de la retraite ont vu subitement leur pouvoir d’achat chuter et leurs charges augmenter. Certains qui voulaient compter sur leurs enfants sont aujourd’hui déçus. Le chômage frappe une grande partie de la jeunesse. C’est le cas de Issaka. Parmi ses 12 fils, sur qui ils voulaient compter, personne ne peut lui venir en aide financièrement. Aucun ne mène une activité. Pire, certains ont même enceinté des filles qui sont aujourd’hui à sa charge. Les maux les plus durs s’appellent stress, maladies, solitude.

La dette comme moyen de survie

La plupart des retraités n’arrivent pas à nourrir convenablement leur famille. "Je gagne avec la mensualisation une pension de 37 000f. Cela me permet juste d’acheter du mais et du riz pour un mois. Pas plus, pas autre chose. Pourtant, les charges sont énormes", confesse Harouna. Ce calvaire, il le vit depuis son départ à la retraite il y a 10 ans. Depuis 1999, la dette est son principal moyen de survie. Boutiquiers, amis, voisins et parents sont ses principaux recours. Aujourd’hui, il ne sait plus combien il doit à ses créanciers. Devant la maladie, c’est Dieu qui sauve. "Ma femme souffre de diabète.

Nous avons fait des examens médicaux, mais malheureusement, on n’arrive pas à honorer les ordonnances. C’est grâce à Dieu qu’elle vit toujours". Nombre de ces retraités avouent leur incapacité à s’occuper de leur famille. Issaka a perdu son honneur et son autorité parentale. "A midi, je n’ai pas envie de rentrer à la maison. Quand j’arrive, les enfants, surtout les plus petits, m’assaillent devant la porte. Quand je travaillais, je donnais au moins 75f CFA par jour à chaque enfant pour payer du haricot parce qu’on ne prépare pas à midi. Aujourd’hui, je ne peux plus faire cela. Je suis angoissé à chaque fois que je prends la route de ma maison. J’ai honte.

Ça ne m’honore pas. Mais je n’y peux rien. Mes enfants n’ont même plus peur de moi, surtout les filles", avoue-t-il. En plus de ces problèmes d’alimentation, ces personnes du 3e âge doivent faire face à une autre adversité, la maladie. Diminués physiquement, certains sont devenus vulnérables à certaines maladies. Hyper tension artérielle, paludisme, asthme, diabète, maux d’yeux, attaques rénales et cardiaques sont des maladies très courantes dans leur milieu. Les tradipraticiens et autres vendeurs à la sauvette ont compris cela. Devant la grande porte de la caisse populaire, plusieurs produits sont proposés par ces tradipraticiens aux personnes âgées qui viennent toucher leur pension. Issaka, après sa retraite, s’est converti en tradipraticien par la force des choses. Cela lui permet de ne pas rester tout le temps à la maison, mais aussi de gagner quelques francs CFA pour régler ses petits soucis d’argent. "Je vends des médicaments traditionnels contre la tension artérielle avec mes co-retraités. Cela me permet de gagner au moins 500F CFA par jour et de m’acheter de la cola.", dit-il.

Impossible de vivre de la pension

Les retraités n’ont pas une protection sociale spéciale en cas de maladie. Seule la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a initié depuis 2007 une visite médicale gratuite annuelle de ses pensionnés. Les premiers kits sont souvent pris en charge par la Caisse. Mais l’appui s’arrête là pour le moment. Cela permet aux retraités de mieux connaître leur état de santé. C’est le cas de Sina. L’an passé, grâce à cette visite médicale, il a découvert qu’il souffre d’une hypertension artérielle. Il se savait malade depuis quelques années sans pour autant connaître de quelle maladie exactement il souffre. Pendant le mois de janvier, son état se santé s’est dégradé et il a dû être hospitalisé grâce à la solidarité de sa grande famille. Aujourd’hui, il se porte mieux.

Mais pour combien de temps ? Il ne le sait pas. Surtout que les moyens lui manquent pour se soigner convenablement. "Je me sens mieux maintenant, mais je n’ai pas les moyens pour aller me faire suivre régulièrement. Je me contente de la pharmacopée pour le moment". Si au niveau de la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO), les augmentations des salaires et des pensions de 4% annoncées par le gouvernement le 24 décembre dernier sont effectives, ce n’est pas le cas pour le moment à la CNSS. Les retraités n’ont pas encore ressenti cette augmentation. Depuis 2007, la CNSS a décidé d’accorder un mois de pension gratuite pour soulager ses pensionnés face à la vie chère qui frappe surtout ces responsables de familles. Une sorte de 13e mois. Cette année, les pensionnés attendent toujours et commencent à perdre patience.

Mais là visiblement, il s’agit d’un problème de communication. La direction générale compte tenir ses promesses cette année. "C’est juste une question de procédure. Nous attendons que les comptes soient adoptés pour donner la pension gratuite si c’est accepté. Pour ce qui concerne les augmentions, là aussi, nous attendons le décret d’application. Les pensionnés auront cette augmentation avec rappel", rassure, Innocent Couldiati, directeur général de la CNSS. Mais pour les responsables de l’Association nationale des retraités du Burkina (ANRB), cette augmentation de 4% est dérisoire par rapport à leurs conditions de vie actuelle. Pour eux, il faut nécessairement que le gouvernement prenne des mesures pour revaloriser la pension des retraités en fonction du coût de la vie actuelle pour soulager ces gens faibles aux charges énormes.

Tous les acteurs reconnaissent une chose. On ne peut pas vivre de la pension au Burkina. Si certains retraités continuent de rêver, d’autres se voient "condamnés à perpétuité". "Actuellement, je compte seulement sur Dieu et ma fille. Parmi mes 12 enfants, c’est elle seule qui a eu le BEPC (brevet d’études du premier cycle). Elle a fait une formation d’infirmière mais jusqu’à présent, elle n’a pas encore eu du travail", lâche Issaka, un retraité de la CARFO. Le vieux Kaboré a perdu tout espoir. Face à la situation de précarité et de misère, ce sage de 71 ans, s’est résigné. "Je n’espère plus rien. Moi, j’attends seulement ma mort.".

Les cabarets, lieux de socialisation pour les retraités

Les conditions de vie difficiles et la solitude ont conduit de nombreux retraités à chercher un endroit où ils peuvent trouver des gens de leur génération et partager leur quotidien. Beaucoup se rabattent aujourd’hui sur les cabarets où ils retrouvent souvent le réconfort. Au cabaret de Hélène, situé au secteur 28 de Ouagadougou, ils sont déjà une quinzaine de personnes âgées pour la plupart autour de la vendeuse de dolo ce mardi 17 mars à 11h. Le cabaret de ce quartier est un des lieux où les personnes âgées en général se retrouvent pour boire la bière locale et discuter de tout.

Parmi eux, de nombreux retraités. Sur le mûr du cabaret à l’intérieur, 3 photos sont collées. Le Mogho Naba Baongo, les présidents Blaise Compaoré et Thomas Sankara sont les personnages affichés. Le cabaret n’est pas seulement un lieu où on vient boire le dolo. Il représente pour ces nombreux retraités un endroit où chacun vient partager ses problèmes quotidiens avec les autres. "Nous sommes une famille. Je ne viens pas ici nécessairement pour boire le dolo. Moi je suis Samo, quand j’arrive, je retrouve mes esclaves mossé et on discute dans la parenté à plaisanterie de problèmes de société. Cela me permet de tuer ma solitude. Je ne peux pas rester tout le temps avec madame à la maison. C’est pourquoi je viens souvent ici.", explique ce militaire retraité. Ici on discute aussi de politique et de société. Ce matin, le sujet qui passionne ces personnes du 3e âge, c’est la récente libération de Nana Tibo. Le groupe est divisé.

Condamné en 2008 suite aux manifestions contre la vie chère et libéré en janvier par grâce présidentielle, Nana Tibo a ses partisans dans le groupe. Pour les uns, Nana Tibo est un homme politique très engagé pour la cause des faibles et il faut le soutenir. Pour les autres, cet homme est manipulé par le régime en place pour saper la lutte des citoyens. Autre sujet du jour, c’est l’arrivée du PUM,B. "Le coup sûr" de Maurice n’est pas dans le quarté. Il a pourtant joué pour 1200f, en misant sur le n°7. Son voisin dit, lui, avoir pourtant prévenu de se méfier de ce numéro. Ici, c’est un monde de partage. "Même si tu n’as pas d’argent, ce n’est pas un problème. Chaque jour, ceux qui en ont payent pour ceux qui n’en ont pas", explique un retraité de la soixantaine.

Si pour de nombreux retraités, le cabaret constitue un lieu de socialisation, pour certains, c’est par contrainte financière qu’ils fréquentent ces lieux. "Moi, je ne venais pas au cabaret. Depuis ma retraite. Je n’ai plus les moyens pour boire la bière, donc je suis obligé de venir ici. Avec 50f CFA, j’ai une " calébassée" et ça me remonte", dit un vieux retraité. Mais pour son voisin, c’est plutôt son âge avancé qui l’amène à venir boire le dolo. "Je ne bois pas la bière. Je suis devenu faible. Je préfère le dolo parce que c’est moins alcoolisé. Mais il faut surtout reconnaître que quand on vient ici, on oublie un temps soit peu ses soucis et on se sent humain et l’ambiance est bonne.", explique-t-il.

M Z


Que fait l’Etat pour les retraités ?

Si en Occident, les travailleurs aimeraient partir à la retraite plus tôt, c’est l’inverse dans de nombreux pays africains. Au Burkina, l’augmentation de l’âge du départ à la retraite a été bien accueillie par de nombreux travailleurs. En 2004, l’âge de départ à la retraite a été relevé de 1 à 5 ans selon les catégories. Le départ à la retraite constitue une angoisse pour bon nombre de travailleurs. Pour le directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale, Innocent Couldiati et celui de la Caisse autonome de retraite de la fonction publique, Olivier Sawadogo, la raison de cette peur est simple : la pauvreté. Tout travailleur rêve de jouir d’une retraite paisible, mais la baisse sensible du revenu pendant la retraite constitue une véritable peine. "Le travailleur peut se retrouver à la retraite avec un revenu qui ne dépasse pas souvent 40% du salaire. Il est évident qu’en ce moment, si vous n’êtes pas bien préparé, c

ela constitue pour vous une angoisse", explique Innocent Couldiati. C’est pour cela que le directeur général de la CNSS pense que pour mieux réussir sa retraite, tout travailleur devrait s’organiser dès le premier jour de l’embauche. Pour l’Association nationale des retraités du Burkina, c’est le souhait de tout travailleur. Se préparer, investir pour mieux vivre ses vieux jours. Mais la réalité est tout autre. "Chaque travailleur est conscient qu’il doit préparer sa retraite dès son premier salaire. Mais ce que tu gagnes comme salaire ne suffit même pas pour couvrir les besoins de la famille. Comment dans ces conditions peut-on économiser et investir encore ?", s’interroge un membre de l’ANRB.

Peu d’études sur les retraités

Il existe peu d’études sur la situation des retraités au Burkina Faso. La dernière a été réalisée par le ministère de l’Action sociale en 1995. La situation se présentait mieux qu’aujourd’hui. "Il est heureux de constater qu’une forte proportion d’enquêtés (38%) tombent rarement malade, et qu’une proportion semblable déclare être malade, mais de temps en temps", indique ce rapport. Mais les résultats des études n’étaient basés que sur ce que pensent les personnes âgées elles-mêmes et non sur des fondements biologiques et médico-sanitaires. Sur les 27 000 retraités couverts par la Caisse nationale de sécurité sociale et la caisse autonome de retraite des fonctionnaires, une minorité dispose d’une assurance maladie. Seulement 2% des personnes âgées avaient une assurance maladie en 1997. Il n’existe pas pour le moment un système de prise en charge des personnes âgées en cas de maladie.

En dehors de la CNSS qui prend en charge depuis 2007 la visite médicale de ses pensionnés, il n’ y a pas de système de prise en charge pour les retraités et surtout pour ceux de la Fonction publique. De plus en plus, des études sont menées dans les ministères concernés par les personnes âgées pour comprendre et cibler les problèmes de ces gens du 3e âge. Mais jusqu’à présent, pas d’actions concrètes sur le terrain. Le ministère de la Santé n’a pas non plus de programme particulier de prise en charge adressé aux retraités. La politique sanitaire est définie pour la population dans son ensemble et ne fait pas de distinction en fonction de l’âge. Malgré les multiples cris de coeur de l’association des retraités du Burkina, le pays ne compte qu’un seul centre de gériatrie privé basé à Bobo Dioulasso. Ces vieilles personnes doivent très souvent compter sur eux-mêmes en cas de maladie. L’étude de 1997 révélait que près de 84% des ces personnes se prenaient en charge. Seulement 8% de personnes pouvaient compter sur leurs enfants. Dans la plupart des cas, la dépense en alimentation constitue la dépense prioritaire de ces personnes. Aujourd’hui, des initiatives existent pour améliorer la situation des personnes du 3e âge. Mais elles restent faibles.

Bientôt un fonds pour les retraités

Certains retraités ne pouvant plus tenir le coup ont tout simplement choisi de se replier au village. Mais ce n’est pas toujours la solution. Maurice en a tenté. Il a choisi, après sa retraite, de repartir au village pour pratiquer l’agriculture. Mais la famille a refusé d’embarquer avec lui : "C’est mon garçon seul qui est parti avec moi. Chaque trimestre, je viens prendre ma pension et leur donne la grande part. Mais cela ne suffit pas. Je cultive et je leur envoie les céréales." Malheureusement, à 68 ans, Maurice n’a plus la force nécessaire pour bien appuyer sur la daba et nourrir les 8 bouches à sa charge. Son absence également a eu des conséquences sur sa famille. Les deux filles restées à Ouagadougou avec leur maman sont tombées enceintes et ont abandonné l’école.

De nombreux retraités sont conscients qu’ils ne peuvent pas vivre de leur pension et qu’il leur faut des initiatives pour avoir d’autres sources de revenu. Malheureusement, les établissements bancaires ne sont pas nombreux qui acceptent prendre des risques d’accorder des prêts à des vieilles personnes. Le ministère du Travail et de la sécurité sociale a compris cela et a intégré depuis 2008 les retraités dans son fonds d’appui aux travailleurs déflatés devenu Fonds d’appui aux travailleurs déflatés et aux retraités (FONA-DR). Ce Fonds a pour ambition d’accompagner les retraités et les travailleurs déflatés dans la mise en œuvre de projets de création d’emploi pour combattre la pauvreté des retraités et lutter contre le chômage. Mais ce Fonds ne changera pas fondamentalement la situation des retraités. Aux ressources limitées, il ne pourra financer, pour le moment, qu’une cinquantaine de projets de retraités par an, selon son directeur, Jean Paul Nitiema.

Moussa Zongo


Gabriel Yerbanga, un retraité épanoui

Gabriel Yerbanga

Gabriel Yerbanga est l’un des rares retraités à s’épanouir malgré sa faible pension. A 63 ans, Gabriel Yerbanga "pète toujours la forme". Il fait la navette entre Manga où il mène ses activités économiques et Ouagadougou où réside sa famille. Il détient aujourd’hui la plus grande Cave dans la ville de Manga au Centre-sud. Une activité qui lui permet de jouir tranquillement de sa retraite. Il n’a pas senti son passage à la retraite. Ancien gendarme comptable, il connaissait déjà sa pension avant de partir à la retraite. Il a compris très vite qu’il ne pouvait assurer ses vieux jours avec cette broutille. En bon militaire, Yerbanga s’est instauré une discipline intérieure dans sa vie active personnelle et trouvait que la réussite du foyer passe par la transparence dans le couple. Avec 6 gosses, le couple était conscient que la réussite de la famille passe nécessairement par celle des enfants.

Ensemble, le couple fait le choix d’investir dans l’éducation de la progéniture malgré leur modeste revenu. Aujourd’hui, Yerbanga ne regrette pas d’avoir convaincu son épouse sur ce choix. Tous ont un niveau universitaire. Yerbanga refuse l’oisiveté. Dès sa retraite, il se retire dans sa Manga natale et commence ses activités de vente de boissons grâce à un prêt bancaire. Cet ancien militaire fait de la rigueur son mode de gestion. Aujourd’hui, il a pu rembourser le prêt. Celui que ses amis appellent "TGV" pour sa fougue, malgré son âge, refuse le vieillissement de son esprit. "La richesse de l’homme, c’est d’abord son cerveau ". L’homme a multiplié les activités pour montrer que l’âge ne tue pas les initiatives, que les personnes du 3e âge peuvent toujours contribuer au développement de la nation. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à investir à Manga. "Je pouvais mieux réussir si j’étais resté à Ouagadougou où j’ai beaucoup de relations." Mais en 1997, les ruptures de boissons étaient fréquentes dans sa ville natale. Inadmissibles pour un chef-lieu de province. Il fallait changer cet état de fait.

Qui d’autre pouvait le faire que les fils de Manga ? L’homme qui a appris depuis son enfance à servir décide de rentrer pour apporter sa pierre avec l’ouverture de sa cave qui ravitaille les bars et buvettes et rester auprès de ses deux parents toujours vivants. Son activité ne marche pas comme il souhaite, mais l’homme ne se plaint pas. Il s’épanouit et s’occupe mieux de ses deux parents. Aujourd’hui, chacun de ses fils peut se prendre en charge. Ce "jeune" de 63 ans est un homme actif le jour, mais qui respecte le repos du soir. Il ne mène pas seulement des activités commerciales. L’homme au chapeau d’ouvrier est aussi très engagé dans le monde associatif. Il tire sa force dans la foi. Depuis son enfance, l’église constitue son second domicile. Chaque matin, l’homme commence sa journée à l’église avec la messe de 6h30.

MZ


Modes de calculs de la pension de retraite

De nombreux travailleurs ne se préoccupent pas de la pension quand ils sont en activité. Les modes de calculs de la pension dépendent du statut du travailleur. Pour les fonctionnaires, la pension est calculée sur la base du salaire, du nombre d’années cotisé et du taux de la pension.
La pension annuelle = salaire indiciaire (indice x point indiciaire) X nombre d’années cotisé X taux de la pension. Le point indiciaire est de 2220 et le taux de la pension 2% La pension évolue en fonction de la catégorie et du nombre d’années cotisé. Un cadre moyen peut avoir une pension plus élevée qu’un cadre supérieur en fonction du nombre d’année cotisé.

Exemple : un cadre moyen de la catégorie B1 qui aura avancé et cotisé normalement pendant 30 ans aura comme pension annuelle de (945 x 2220) X 30 X 2% =1 258 740 soit 104 895f par mois. Pourtant, un cadre supérieur de la catégorie A1 qui aura cotisé pendant 20 ans aura comme pension annuelle de (1175 X 2220) X 20 X 2% =1 043 400 soit une pension mensuelle de 86 950f.
Pour les contractuels de l’Etat, la pension est calculée en fonction du salaire de base et du nombre d’années cotisé.

La pension=salaire de base X nombre d’années cotisé X 2%. Un contractuel de l’Etat qui a un salaire de base de 125 000f et qui aura cotisé pendant 30 ans aura comme pension mensuelle = 125.000 X 30 X2% = 75 000f. La pension est fortement tributaire du nombre d’années cotisé. Il semble qu’au niveau de la fonction publique ceux qui ont les pensions les plus élevées sont généralement les instituteurs, les infirmiers d’Etat, les formateurs des jeunes agriculteurs…..qui travaillent durant de longues années parce qu’ayant commencé tôt et ayant bénéficié de promotions internes. Certains peuvent se retrouver avec 80% de leur salaire comme pension. Ce qui est le plafond. Selon les textes en vigueur la pension ne devrait pas dépasser 80% du salaire quelque soit le nombre d’années cotisé.

Pour les assurés de la Caisse nationale de la sécurité sociale, le calcul est beaucoup plus complexe. Sous la loi de 1972, le montant mensuel était fixé à 1,33% du salaire pour chaque période de 12 mois d’assurance. Sous la nouvelle loi en vigueur depuis juin 2006, ce taux est désormais fixé à 2% pour harmoniser avec le taux de la Fonction publique. Pour un assuré qui a cotisé sous les deux lois, la pension est calculée en deux étapes.

Cas pratique pour un assuré qui a travaillé du 1er janvier 1984 au 31 juillet 2008, le mode de calcul est le suivant. Cet assuré sous l’ancienne loi d’abord aura totalisé entre janvier 1984 et juin 2006, 22 ans 6 mois de cotisation soit au total 270 mois. Pour 15 ans de cotisation soit 180 mois le taux est de 20% du salaire. Et chaque 12 mois qui suit, un taux 1,33% s’ajoute. Son taux de pension pour cette période de 270 mois = 20% des 15 ans soit 180 mois + 1,33% X 7,5 = 29, 97%. 7,5 représentent les 7 ans 6 mois qui restent des 22 ans 6mois. 12 mois X 7 + 6 mois : 12 = 7,5).

Les 29,97% représentent son taux de pension sous l’ancienne loi. Sous la nouvelle loi l’intéressé aura cotisé de juillet 2006 à juillet 2008 soit 2 ans 1 mois ou 25 mois au total. Le taux sous la nouvelle loi est de 2 % . Son taux de pension = 25 mois : 12 X 2% = 4,17%. Le taux total de pension de cet assuré sera égal alors de 29,97% +4,17% = 34, 14% de son salaire soumis à cotisation. Pour le salaire soumis à cotisation, on fait la moyenne mensuelle des 5 meilleures années d’assurance. Si notre assuré totalise 31.261.468f comme salaire total de ses 5 meilleures années, son salaire mensuel moyen = 31.261.468 F : 60 mois = 521.024 F. Sa pension mensuelle = 521.024 X 34,14% = 177.900F.

Moussa Zongo

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