Actualités :: Enlèvement d’une fille à Ridri : Quand l’amour “finit” à la MACO

Dans la nuit du 10 mars dernier, une jeune fille de 18 ans du nom de Awa Honorine Sawadogo a été enlevée dans le village de Ridri à 25 km de Koubri. La fille est retrouvée quelques jours plus tard dans un village de Kaya, chez l’oncle de son ancien amoureux, Moussa Sawadogo. Cette affaire apparemment banale a pourtant donné des soucis au commissariat de police de Koubri accusé de complicité avec les enleveurs. Retour sur une idylle amoureuse qui a mal tourné.

Tout a commencé le 11 mars quand Kuilga Olivier Kiemtoré, catéchiste de la paroisse de Koubri domicilié à Ridri a saisi le commissariat de police de Koubri de l’enlèvement à son domicile, d’une jeune fille du nom de Awa Honorine Sawadogo par quatre hommes. En effet, Awa Honorine qui a quitté son village, Nafbah pour préparer son baptême prévu pour Pâques, dormait dans une maison du catéchiste avec deux autres filles, une femme et son bébé. Selon les témoignages de ces dernières, les agresseurs de Awa Honorine seraient venus avec des armes à feu.

Et c’est ce qui a semé la peur dans le village. A première vue, l’on croirait à un enlèvement de femme, car les agresseurs seraient venus dans le but précis d’enlever Awa Honorine. Assèta qui a la charge de surveiller les filles a confié à la police que les agresseurs n’ont pas porté attention aux autres occupantes de la maison. Mais vient-on enlevé l’élue de son cœur avec une arme ?

Toujours est-il que 6 jours après, les témoignages se précisent au commissariat de Koubri. L’un des agresseurs de Awa Honorine s’appellerait Moussa. Cette dernière aurait crié son nom la nuit de l’enlèvement. Elle connaissait donc son agresseur. Qui donc peut-il être si ce n’est son ancien amoureux qu’elle a abandonné pour se fiancer à quelqu’un d’autre ? Cette hypothèse s’est vite confirmée. Après avoir nié l’évidence, Moussa Sawadogo qui à 25 ans, reconnaît, sous la pression, avoir enlevé Awa Honorine et l’avoir conduite chez son oncle Amidou Sawadogo, dans le village de Kaya.

Toutefois, il nie avoir fait usage d’une arme à feu lors de l’opération. Ses complices campent sur la même position et affirment n’avoir eu à leur possession au moment des faits que des bâtons. Quant au cerveau de l’enlèvement, Moussa, il avoue au commissaire n’avoir d’autres objectifs en posant cet acte que de prendre ce qui lui revenait de droit, à savoir Awa Honorine, sa bien aimée.
Selon les informations reçues, Moussa soutient que le père de sa dulcinée a pris avec lui et son père, beaucoup de présents avant de faire une Volte-face.

Une fille, deux prétendants

La fille a finalement été promise à un autre homme qu’elle n’aimait guère. De plus, il n’est point question d’enlèvement puisque selon ses dires, il s’agissait d’un coup monté par lui et Awa. Sous la pression de la police, Awa Honorine est ramenée au commissariat de Koubri après 6 jours passés à Baasnéré chez l’oncle de Moussa. Lors de son interrogatoire, elle n’hésite pas à vider son sac.
En effet, Awa Honorine confie au commissaire qu’elle aime Moussa de tout son cœur. Pour elle celui-ci est plus beau et "civilisé". Mieux, Moussa, ouvrier de son état aurait un père assez nanti. Awa Honorine qui aurait, du temps de leur flirt, passé quelques jours chez les parents de Moussa se rappelle encore combien

elle avait été choyée. Avec toutes ces confidences, l’affaire serait sans doute close s’il n’avait pas été question d’usage d’armes à feu. Selon le commissaire de police de Koubri, Jean Baptiste Kabré, il fallait lever le doute. C’est alors que Moussa, ses complices et Awa Honorine ont été relâchés. En fin stratège, le commissaire a laissé croire que l’affaire est close. Et pourtant a donné l’ordre à ses agents de suivre discrètement les suspects pour retrouver les éventuelles armes.

Retournement de situation

Contre toute attente, des habitants de Ridri, avec en tête le catéchiste Olivier, ainsi que le curé de la paroisse de Koubri et sa délégation viennent au commissariat pour réclamer justice pour Awa Honorine.

Ces derniers avouent ne pas comprendre que des jeunes (armés) qui ont agressé des femmes et enlevé une jeune fille soient purement et simplement relâxés. Et de crier à une complicité, voire un arrangement entre la police et les enleveurs. Selon dame rumeur, le commissaire aurait pris de l’argent avec des parents de Moussa haut placés. A la grande surprise, Awa Honorine se rétracte et affirme ne rien avoir à faire avec Moussa. Bien au contraire, elle a prétendu qu’elle a été maltraitée et battue par Moussa et ses complices.

Et lorsque nous l’avons rencontrée plus tard à Ridri, Awa Honorine a confirmé cette thèse. Ce revirement n’est pas sans conséquence sur la suite de l’affaire et soulève beaucoup de zones d’ombre et de non-dits. Pourquoi la victime est-elle restée 6 jours chez l’oncle de Moussa sans avoir cherché à s’enfuir ? Pourquoi encore des propos contradictoires ? A-t-elle été contraints de revenir sur ses propos ? L’affaire qui semblait banale, prend alors une tournure inattendue.
Le commissariat de Koubri se trouve entre le marteau et l’enclume.

D’un côté, la pression des populations de Ridri, des catéchistes et du curé de la paroisse pour réclamer justice et de l’autre les parents de Moussa demandant qu’il ne soit pas déféré. Face à cette situation, le commissariat surseoit à sa volonté d’élucider l’affaire des armes. Moussa et ses complices sont finalement déférés à la MACO.
Leur sort est désormais dans les mains de la justice. Pourtant jusqu’à ce que Moussa soit déféré, aucune arme n’a été trouvée sur lui et chez lui. De plus, accompagné de sa famille, ce dernier se serait rendu à l’église pour demander pardon pour son geste irresponsable. Cela n’a aucunement empêché le curé et sa suite de réclamer son défèremment à la MACO.

Un conflit de religions ?

Le changement d’attitude de Awa est plutôt suspect. Quelqu’un l’aurait-il monté contre Moussa ? A-t-elle simplement peur de désobéir à ses parents ? Cela est fort probable. Car selon un habitant du village de Ridri qui a voulu garder l’anonymat, le fiancé de Awa Honorine serait un fidèle chrétien de la paroisse de Koubri.

Ce dernier attend qu’elle soit baptisée avant de convoler en justes noces avec elles. Moussa qui est issue d’une famille musulmane serait donc un indésiré. Que la jeune fille épouse un fidèle de la paroisse préserverait les intérêts inavoués de certaines personnes. Mais de là à pousser la pauvre fille à faire de faux témoignages contre l’élu de son cœur, il ya un pas à ne pas franchir. Si cela s’avérait, ce serait un mariage forcé déguisé toute chose condamnable par la loi. Le catéchiste Olivier Kiemtoré qui nous a reçue à son domicile s’est montré de bonne foi, mais est resté très vague dans ses réponses, comme s’il voulait cacher des détails de l’affaire.

Le curé lui aurait conseillé de ne plus rien dire de l’affaire puisqu’elle était close et les suspects déférés à la MACO. A propos de l’accusation contre le commissaire, il soutient qu’il s’agissait d’une petite incompréhension.
Tout est donc rentré dans l’ordre, a confirmé le catéchiste. Le sort de Moussa sera fixé par la justice. Quant à Awa Honorine, elle pourrait, après la fête de Pâques, épouser son fiancé. Mais si ces "deux amoureux" étaient victimes d’un conflit de religions, ça serait dommage.

Fatouma Sophie OUATTARA

Sidwaya

Gestion des bassins transfrontaliers : 150 jeunes (...)
Ouagadougou : Les habitants de Silmiougou dénoncent (...)
Burkina : Le gouvernement rejette le rapport de Human (...)
Burkina Faso : Vers l’autonomie vestimentaire des Forces (...)
Construction du pont à poutre à Banakélédaga : Le ministre (...)
SNC 2024 : L’UNFPA renforce les capacités de 50 femmes en (...)
Burkina : La pose de hénné, un business qui marche pour (...)
Lutte contre le terrorisme : « Il y a certaines (...)
Burkina / Concours de la magistrature : La maîtrise ou (...)
Bobo-Dioulasso : Un an de silence depuis la disparition (...)
Burkina/Coupures d’eau : Au quartier Sin-yiri de (...)
Burkina/Lutte contre l’insécurité : La direction générale (...)
Burkina/CHU Souro Sanou : La CNSS offre une automate de (...)
Burkina/Santé : Médecins Sans Frontières offre de nouveaux (...)
57e session de la Commission population et développement (...)
Burkina/Action sociale : L’association Go Paga devient « (...)
Bobo-Dioulasso : Les chefs coutumiers traditionnels (...)
Burkina Faso : Le secrétaire général de la CGT-B, Moussa (...)
Burkina : La Côte d’Ivoire va accompagner le retour (...)
Burkina/Enseignement supérieur : L’université Joseph (...)
Burkina : « Nous demandons à notre ministre de tutelle de (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36519


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés