Actualités :: Roger S. Bonkoungou, chef de projet City Development Strategy : “Ouagadougou (...)
Roger S. Bonkoungou

La ville de Ouagadougou, dans un souci d’aménagement de l’espace selon les normes qui respectent l’environnement a mis en place son projet pour le développement urbain. Ce projet, Stratégie de développement urbain (CDS) a été confié a Roger S. Bonkoungou, urbaniste de formation. De retour de la France en 1993 après des études, il a travaillé en milieu rural avec le projet d’aménagement et de gestion des terrains au projet Ouaga-2000 puis au projet ZACA. C’est donc un urbaniste averti, avec 18 ans d’expérience qui aborde librement les questions sur le projet d’aménagement de la ville de Ouagadougou.

Sidwaya (S). : Présentez-nous la “City Development Strategy” (CDS)

Roger S. Bonkoungou (R.S.B). : C’est le sigle anglais de Stratégie de développement urbain des villes. Le CDS est une nouvelle approche qui est basée sur une vision partagée par tous les acteurs de développement. Ce sont les acteurs institutionnels, formels et informels qui posent des actes en rapport avec l’aménagement de la ville sur le long terme. Ils définissent ensemble des visions liées à l’espace, aux finances et identifient les entraves au développement d’une ville pour mieux projeter son développement à long terme. C’est l’objectif poursuivi par le CDS.

S. : Quel peut être l’apport de CDS pour le développement d’une ville comme Ouagadougou ?

R.S.B. : La ville de Ouagadougou s’étend de façon fulgurante, et il faut maîtriser cette croissance spatiale. C’est ce défi que nous voulons relever, en développant une stratégie. Car, il ne faut pas passer son temps à courir derrière la ville, mais à la devancer par la réflexion. Ainsi, en tant que responsable de la planification, ont doit poser des actions pour le bien-être des populations.

S. : A ce jour, qu’avez-vous initié pour l’aménagement de la ville de Ouagadougou ?

R.S.B. : Pour le moment nous avons un document préliminaire de stratégie et un programme communal d’amélioration des infrastructures. Nous sommes en train de le consolider par des rencontres avec les conseillers et tous les autres acteurs de la ville. Ce document est le fruit d’une réflexion entamée depuis 2006. Il sera validé par un atelier national.

S. : Rencontrez-vous des difficultés dans la mise en œuvre de vos activités ?

R.S.B. : Toute œuvre humaine comporte des difficultés. C’est un nouvel outil qui arrive dans un univers où on a l’impression que tout est organisé. Nous devons montrer le bien-fondé de cet outil en convaincant ceux qui sont en face de nous. La première difficulté à surmonter consiste à faire comprendre que nous ne voulons pas concurrencer les outils traditionnels, mais les compléter. La deuxième difficulté est que les populations pensent que nous sommes venu faire de la politique. Ainsi elles ne nous livre pas leurs préoccupations pour qu’on en tienne compte dans la planification. Seulement ces difficultés ne sont pas insurmontables et n’enlèvent en rien l’intérêt du projet pour la ville de Ouagadougou.

S. : Quels sont les acquis du projet ?

R.S.B. : Nous travaillons pour le compte des produits attendus. Nous avons donc un document de diagnostic qui a été validé en juin 2007. Aussi beaucoup d’études schématiques relatives à l’insécurité dans la ville de Ouagadougou qui ont été réalisées. Nous avons également mené une étude sur les capacités financières de la ville de Ouagadougou, la vision 2025 de l’agglomération et son plan d’action. Je peux affirmer que nous sommes à 90% des objectifs atteints. Mais la concertation se poursuit pour parfaire le document. Toute chose qui permettra aux bailleurs de fonds d’intervenir à un niveau organisé.

S. : Le Schéma d’aménagement Grand Ouaga (SDAGO) fait-il partie de la vision communale 2025 ?

R.S.B. : Non, le Grand Ouaga est un projet du gouvernement. Il est composé de la ville de Ouagadougou et des communes limitrophes. Il y a une interaction entre la ville de Ouagadougou et ses communes rurales comme Pabré, Koubri, Komsilga etc. Le SDAGO est un document de planification supérieur, et les objectifs du CDS entrent en droite ligne avec ce document. La différence est que notre plan d’action se base sur les moyens des habitants à travers les contributions et les potentialités financières de la ville.

S. : Quelle est votre vision de l’habitat au Burkina Faso ?

R.S.B. : L’habitat est une problématique majeure d’où la création d’un ministère de tutelle. Il fait aussi partie des Objectifs du millénaire pour le développement et est un enjeu défendu par l’ONU habitat. La difficulté c’est qu’il n’y a pas d’étude véritable sur l’habitat au Burkina Faso. Il y a beaucoup de personnes qui sont dans des situations précaires et qui ont donc besoin d’un logement décent. Ce n’est pas toujours évident de loger tout le monde. Mais avec l’organisation qui est en train de se mettre en place, il est possible que l’on mène des actions en faveur des plus pauvres pour leur assurer des conditions de vie meilleures. Ce que l’on doit savoir, c’est que le droit au logement ne signifie pas posséder forcément sa maison. Penser que l’Etat va pouvoir donner une maison à chaque ménage burkinabè relève de l’illusion. Il faut permettre aux promoteurs immobilider d’aider l’Etat.

S. : Que pensez-vous alors des logements sociaux ?

R.S.B. : C’est une initiative louable. S’il existait une direction chargée des logements sociaux depuis les années 1970, on n’en serait pas là. Mais comme on le dit, il n’est jamais trop tard pour bien faire. C’est une initiative qu’il faut accompagner afin qu’elle crée le maximum d’habitats pour les populations. C’est un besoin qu’elles ont exprimé lors de nos différentes rencontres.

S. : Est-ce pour cela que les zones non loties continuent de s’étendre ?

R.S.B. : L’extension de la ville de Ouagadougou est importante et ne répond pas à un besoin forcément sincère des populations à se loger. Des études ont prouvé que cette extension ne s’explique pas. Car, les grandes villes se caractérisent par la densité à l’hectare. Or cette densité est très faible à Ouagadougou. De ce point de vue, l’extension crée pas mal de désagrément, avec le manque d’eau potable etc.

S. : Pensez-vous pouvoir mettre un frein à ce phénomène ?

R.S.B. : L’extension n’est pas le seul fait des populations pauvres. Il y a des promoteurs qui se taillent des espaces autour de Ouagadougou. Il faudrait encourager le regroupement avec une taille de ville acceptable, pour la réalisation des infrastructures routières etc. Des concertations tous azimuts s’imposent pour limiter l’extension. Ouagadougou est entourée par des communes et nous sommes en train d’atteindre ses limites. J’ai foi que cela va devoir s’arrêter un jour.

S. : Quel commentaire faites-vous alors des lotissements à Ouagadougou et les “deals” autour des parcelles ?

R.S.B. : C’est regrettable. Il faut s’assumer et sanctionner les fraudeurs pour qu’il y ait une certaine justice sociale. Les frustrations que les lotissements entraînent ne sont pas intéressantes pour la quiétude et la stabilité du pays. Nous devons appliquer les textes qui existent. S’il y avait un certain type d’impôts sur les parcelles, cela allait décourager certaines spéculations foncières.

S. : Quelles sont les perspectives de CDS dans la vision 2025 du maire ?

R.S.B . : La vision 2025 veut que Ouagadougou soit une capitale de référence dans la sous-région. Avec des infrastructures et des équipements sociaux de base qui respectent l’environnement urbain. Ouagadougou doit être un pôle économique puissant. Pour ce faire, il faut développer le transport en commun pour relier différents quartiers périphériques. Cela est possible, car il y a 20 ans, parler d’un échangeur à Ouagadougou relevait de l’utopie. Je pense que lorsqu’on a une vision de quelque chose, on se donne les moyens de la réaliser. Le CDS accompagne cette vision pour le développement de la cité afin d’assurer un mieux-être aux populations.

Interview réalisée par Jonathan YAMEOGO

Sidwaya

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